Une étude menée par des chercheurs de l’Université du Michigan d’après les données du National Bureau of Economic Research croit pouvoir affirmer que le recours à la pilule contraceptive et aux autres moyens contraceptifs est un facteur d’enrichissement, et qu’un recours plus précoce assure des « retours » financiers plus importants : 8 % de plus en salaire net pour celles qui ont commencé plus tôt, vers 18 ans, plutôt que pour celles ayant démarré à 21 ans ou plus tard. L’analyse portant sur des femmes âgées de 14 à 24 ans nées entre 1943 et 1954 relève que le « contrôle des naissances » (comme disent les anglophones) a un impact favorable sur la carrière, l’emploi, le niveau de rémunérations et les promotions. Les milliers de femmes en question avaient été suivies dans le cadre d’une enquête longitudinale de 21 ans à partir de 1968.
L’auteur principal de l’étude, Martha Bailey, note que l’attitude des femmes à l’égard du mariage et de la maternité ont changé grâce à l’accès facile à la pilule et que, sans doute, celle-ci a également joué son rôle auprès des employeurs par rapport à leurs décisions d’embauche et d’évolution de carrière. Et ce bénéfice, poursuit l’étude, aura été d’autant plus important que les utilisatrices étaient issues d’un milieu moins privilégié.
Le magazine des hommes d’affaires richissimes et de la réussite économique portée au pinacle, Forbes, fait partie des médias qui se sont jetés sur cette information qui a sollicité sans doute une intérêt supplémentaire du fait du débat actuel aux Etats-Unis sur la couverture obligatoire de la contraception dans les prestations de la nouvelle assurance-maladie obligatoire, l’Obamacare.
Le titre choisi par la revue est racoleur : « Pourquoi vous pouvez attribuer à la pilule 30 % de votre salaire. » : un tiers des gains des femmes liés au travail aurait ainsi été rendu possible grâce à la contraception hormonale depuis les années 1960.
Sans prétendre établir une relation certaine, l’équipe de Martha Bailey estime que les femmes ayant pu bénéficier de la pilule avant l’âge de 18 ans n’ont pas eu à interrompre leurs études, ont pu suivre une formation plus longue et faire irruption dans des carrières traditionnellement plutôt réservées aux hommes : elles ont été « récompensées », selon Forbes, « par des augmentations de gains remarquables tout au long de leur vie ». L’étude a profité du fait qu’à son apparition, la pilule a été réservée aux plus de 21 ans dans certains états, aux plus de 18 ans dans d’autres, permettant ainsi la comparaison.
Mais l’étude va plus loin en met en avant les gains de salaire en moyenne de 30 % des femmes depuis le libre accès à la pilule, estimant que pour les deux tiers, ce gain est lié à une expérience professionnelle plus complète, le tiers restant résultant d’un meilleur accès à la formation entraînant avec elle la possibilité de travailler dans des professions très bien rémunérées qui étaient l’apanage des hommes.
Si l’étude enfonce beaucoup de portes ouvertes – il va de soi que le refus de la maternité, volontaire ou dicté par les circonstances, laisse plus de temps pour le travail rémunéré – elle passe à côté de nombreux autres facteurs. Et avant tout la marginalisation de l’époux et du père dont le salaire permettait pus facilement naguère de faire vivre une famille sans que l’épouse travaille.
Aujourd’hui bien des femmes travaillent par obligation, souvent dans des postes très subalternes au salaire minimum, parce que leur situation économique ne leur en laisse pas le choix. Le nombre de dollars ou d’euros gagnés a peut-être grimpé, mais pour quel résultat concret et réel ?
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