Je ne sais pas pourquoi – monition de l’Esprit Saint ? –, mais j’ai toujours été “en retrait de la main” sur les dépêches et communiqués du service de communication officiel de la Conférence des
évêques américains : le Catholic News Service.
Dans le blogue de ce service a paru avant-hier un article assez surprenant ayant pour titre « Le cardinal Martino applaudit l’initiative [d’Obama] pour l’accès universel à la santé
». L’article est signé Carol Glatz, la correspondante de CNS au Vatican.
En le regrettant, semble-t-il, Carol Glatz écrit que « le Vatican n’a pas beaucoup mis son poids jusqu’à présent dans la violente controverse que les États-Unis connaissent quant à la
réforme du système de santé. » Dit de cette manière, la journaliste ne nous informe pas beaucoup sur les raisons de cette « violente controverse » : le fait que cette réforme, dans
sa rédaction actuelle, autoriserait le financement sur les impôts des contribuables de l’avortement ! Sinon qu’elle y voit essentiellement une opposition « au rôle dominant que le
gouvernement devrait avoir dans l’accès à des soins à bon marché pour tous les Américains ». Je me pince. Des soins gratuits pour tous ? Pourquoi pas, mais qui paye ? Et les soins médicaux
sont-ils un “droit naturel” ? Certains ne le pensent pas, même des évêques américains (voir ici)… Mais je ne suis pas sûr que
Carol Glatz le sache.
Qu’importe. Ce qui compte pour elle, c’est de trouver à Rome et dans les hautes sphères de la Curie quelqu’un qui aille dans son sens ou plutôt dans sa reptation devant l’usine à gaz que veut
construire Obama. Et elle l’a trouvé !
Elle a pu en effet obtenir un bref entretien du cardinal Renato Martino, présentement président du Conseil pontifical Justice et Paix – habituellement la serre chaude de tous les
progros –, le 15 septembre à l’issue d’une conférence de presse que tenait l’Éminence. Et voici les paroles qu’elle en a obtenues et qu’elle retranscrit “religieusement”.
« La santé des citoyens relève des autorités, du gouvernement central. J’ai donc passé 16 ans aux États-Unis [il fut l’observateur permanent du Saint Siège à l’ONU de 1986 à 2002] et je me
suis toujours demandé pourquoi une grande partie du peuple américain était privée [d’accès aux soins], n’avait aucune couverture santé. Et je n’ai jamais pu m’expliquer cela… Et vous savez que
partout dans le monde on trouve que c’est une préoccupation principale des gouvernements, mais il y a aussi des possibilités [offertes] par le secteur privé, mais pour ceux qui n’ont rien […],
c’est au gouvernement central à y pourvoir. C’est pourquoi je ne peux qu’applaudir cette initiative [d’Obama]. »
Je traduits toutes les remarques – assez confuses – du cardinal : peut-être a-t-il émis des réserves, mais CNS ne les reproduit pas. Aucune réserve donc, de la part du président du
Conseil pontifical Justice et Paix, des graves dangers de l’actuel projet législatif quant au financement de l’avortement sur fonds fédéraux, quant aux menaces sur la clause de conscience,
quant à l’étatisation des soins – ce qui n’est jamais équivalent à la “qualité” des soins. Le cardinal passe tout cela par pertes et profits et Carol Glatz en semble très satisfaite.
Voilà un cardinal qui a encore perdu une bonne occasion de se taire sur un sujet où visiblement il a des lacunes, mais qui, causant, plante une nouvelle banderille romaine sur le dos des évêques
américains qui se battent. ¡Olé !
Je n’ai ni le temps ni l’envie de polémiquer ici avec un collaborateur du Saint Père mais, si j’en juge par les commentaires publiés à la suite de l’article de ce blogue, le cardinal
Martino a candidement – du moins je veux le croire – mais gravement contribué à élargir le fossé entre catholiques américains. Beau travail en vérité.