Le Super Tuesday, du mardi 6 mars – qui a vu se dérouler dix primaires du Parti Républicain –, ne fut pas du tout “super” pour Mitt Romney, et ce jour ordinairement fatidique pour déterminer le prétendant le plus probable à l’investiture Républicaine, n’a pas, cette année, résonné du son éclatant des trompettes de la victoire pour le candidat mormon : les trompettes étaient bouchées… Quasiment, un Super Tuesday pour rien. C’est à se demander si le véritable Super Tuesday de cette année, ne serait pas la journée d’hier, mardi 13 mars. Certes, Mitt Romney a remporté les deux petites primaires d’hier, Hawaï et Samoa, mais cela ne lui a rapporté qu’une poignée de délégués : neuf au total. Un lot de consolation. Les deux grosses affaires de cette journée étaient le Mississippi et l’Alabama, deux primaires remportées haut la main par Rick Santorum : un « triomphe » selon le New York Times, de quoi « renforcer sa prétention d’être l’alternative conservatrice (…) à Mitt Romney » écrit le Washington Post – deux quotidiens dont on ne saurait dire qu’ils sont des soutiens fervents de Santorum… Au Mississipi, le catholique conservateur l’emporte de 2,6 points sur le mormon, et en Alabama l’avance est encore plus considérable : 5,5 points ! L’autre candidat catholique conservateur, Newt Gingrich, est en troisième position dans ces deux primaires. Pratiquement pour lui, ce devrait être la fin du parcours : remporter une ou deux de ces primaires dans le Sud, était crucial pour la crédibilité politique de sa candidature mais aussi pour sa capacité de levée de fonds afin de poursuivre sa campagne. La “messe est dite” semble-t-il pour Gingrich. Va-t-il tout prochainement sortir de la course ? Il n’en a pas encore manifesté la décision, mais autour de lui, et parmi ses plus proches et plus puissants soutiens, on souhaite qu’il jette l’éponge. Une décision qui aurait pour premier effet de rassembler l’électorat conservateur sur la candidature Santorum, la division de ce segment important de l’électorat Républicain ayant eu, paradoxalement, pour effet de renforcer Romney… Pour l’ancien sénateur de Pennsylvanie, la décision est désormais claire : « Le temps est venu pour les conservateurs de se serrer les coudes (…) La meilleure chance de gagner l’élection [présidentielle] c’est de désigner un conservateur pour affronter Barack Obama et l’attaquer sur tous les thèmes », a-t-il déclaré à Lafayette (Louisiane ; primaire le 24 mars) au soir de sa double victoire. Mais Santorum en a-t-il les capacités ? Face au “Goliath” Romney, avec son gros trésor de guerre et sa considérable équipe de campagne, le “David” Santorum, sans gros moyens en hommes et en argent, attire, assurément, de la sympathie, mais teintée de commisération. Mais, en politique, cela ne suffit pas pour gagner. À ce jour, Romney a déjà gagné 476 délégués (le tiers de ce qui est requis – 1 440 – pour l’emporter à la Convention de Tempa (Floride) en août. Santorum n’en compte que 246. Son handicap semble bien difficile à surmonter.