La dernière lettre de Paix Liturgique analyse la baisse du nombre de séminaristes diocésains en France.
“L’an passé, la baisse du nombre des candidats au sacerdoce avait été de 3% (732 au 15 novembre 2010 pour 756 au 15 novembre 2009). De même, cette année, la Commission pour les ministres ordonnés constate une baisse identique de 3% (710 au 15 novembre 2011).
Rappelons, pour évaluer ces données sur une plus longue période que les effectifs des séminaires français étaient de 4.536 en 1966, à la fin du Concile ; de 1.297 en 1975, dans les années explosives de la réforme liturgique ; de 1.103 en 1996, au temps des années Jean-Paul II ; de 784 en 2005, lors de l’élection de Benoît XVI ; et, donc, de 710 aujourd’hui. […] Mais si l’on veut obtenir le nombre de ceux qui se destinent à être prêtres dans les diocèses de France (directement ou par l’appartenance à une communauté), il faudrait très sensiblement rectifier ce chiffe de 710 à la baisse, car celui-ci inclut des séminaristes qui ne sont pas destinés aux diocèses de France, à savoir ceux des Missions étrangères de Paris (25), des religieux non « actifs », et des étrangers qui peuvent repartir dans leurs diocèses d’origine après leur formation, ou contractuellement après avoir passé quelques années de ministère en France (il est très optimiste de dire que les 65 candidats de nationalité étrangère formés dans les séminaires français le sont « en vue d’une incardination en France »). En revanche, l’enquête mentionne en annexe mais n’inclut pas dans ses calculs les séminaristes de la Communauté Saint-Martin (60), qui sont pratiquement tous destinés à des ministères dans les diocèses. On peut donc, en tenant compte des remarques ci-dessus, tenir le chiffre de 710 comme globalement indicatif des vocations qui se destinent effectivement aux diocèses, soit le plus bas niveau jamais enregistré depuis la Révolution. […]
– Pour 2010, la Commission de la CEF annonçait 83 ordinations en juin, mais rectifiait à hauteur de 96 en novembre en englobant vraisemblablement 3 ordinations de la Communauté Saint-Martin , 2 ordinations de la Communauté Saint-Thomas-Becket, et 8 ordinations des communautés Ecclesia Dei non religieuses. […]
– Pour 2011, au mois de juin, la CEF disait de manière peu limpide : « Les évaluations de la Conférence des évêques de France pour l’année 2011 donnent 111 ordinations de prêtres diocésains. Soit 103 pour les diocèses de France, dont 5 de la Communauté de l’Emmanuel, et 6 des Missions Étrangères de Paris pour l’Église d’Asie. Ceci sans compter les religieux ordonnés dans le cadre de congrégations ou les membres de sociétés de prêtres. Ce chiffre de 111 est à comparer aux 96 ordinations en 2010, 89 en 2009 ». Il y aurait donc 111 ordinations diocésaines, dont 103 ordinations pour les diocèses de France. Les chiffres donnés aujourd’hui par la Commission sont abaissés à « 106, dont 3 hors cursus ». On peut donc globalement retenir qu’il y a eu une augmentation d’au moins une bonne quinzaine d’ordinations par rapport à l’an passé, à coup sûr si on rajoute 8 ordinations pour la Communauté Saint-Martin.
Mais en 2012, le nombre des diacres n’arrivant pas à 80 (77 diacres ont été ordonnés en 2011 pour devenir prêtres en 2012), on risque de connaître une année d’ordinations particulièrement maigre, sauf une fois encore à rajouter les ordinations de communautés. […]
Dans un paysage toujours plus sinistré (100 ordinations par an environ pour 800 départs en retraite au moins, il faut aussi préciser, avec la Commission de la CEF, que les séminaristes diocésains se réclamant de la Communauté de l’Emmanuel, de loin la plus classique des communautés nouvelles, sont 38, alors qu’ils n’étaient que 27 l’an passé. […] Il faut souligner la présence accrue de la Communauté Saint-Martin – avec port permanent de la soutane, forme ordinaire en latin au séminaire de Candé, chant grégorien, enseignement thomiste, faveur d’une proportion des séminaristes pour la messe extraordinaire –, qui est en augmentation spectaculaire : 60 au lieu de 43 l’an passé […].
Deux séminaires diocésains (et non interdiocésains) sont toujours en tête du « classement » : le séminaire de Toulon et le séminaire de Paris, avec un peu plus de 70 candidats chacun, l’un comme l’autre en croissancs. Bien entendu, chiffre et augmentation sont bien plus remarquables proportionnellement pour le diocèse nettement plus petit de Fréjus-Toulon, et tiennent à la « sensibilité » de son évêque. Le cas du diocèse de Paris n’est cependant pas totalement différent : les séminaristes parisiens sont, grosso modo, passés d’une cinquantaine dans les années Marty, à une bonne centaine dans le pic des années Lustiger, pour retomber en 2007 à 54. Il faut dire que la pénurie commence à se faire sentir dans les paroisses parisiennes et qu’elle est dramatique dans la plupart des diocèses de la couronne parisienne. La remontée actuelle (63 en 2010, dont 52 parisiens ; 74 en 2011, dont 62 parisiens) est-elle à mettre au crédit du réalisme de l’administration diocésaine du cardinal Vingt-Trois et de Mgr de Moulins-Beaufort, qui s’infléchit vers l’accueil de « toutes les sensibilités », autrement dit des quasi-traditionalistes que leurs supérieurs laissaient s’évader jusque-là vers la Communauté Saint-Martin quand ils ne les poussaient pas hors les murs ?
De même, on doit souligner que les candidats au sacerdoce comme ceux du petit diocèse de Vannes sont une trentaine environ, distribués en divers séminaires, ce qui est bien évidemment dû à la personnalité de l’évêque, Mgr Centène. Le nouveau séminaire de Mgr Aillet, à Bayonne, compte déjà une quinzaine de membres. […] Enfin, il n’est pas exagéré de dire que la proportion des candidats que l’on pourrait qualifier d’« esprit Motu Proprio » doit avoisiner 30% des séminaristes diocésains français. En revanche, il est difficile de parler déjà de « frémissement » lorsque l’on constate que les entrées en 1ère année de 1er cycle, dans l’ensemble des séminaires de France, sont passées de 121 à 133, mais avec l’inclusion de 6 Vietnamiens. On peut cependant parler de stabilité dans les entrées (de même que dans l’année préparatoire, dite de propédeutique : entre 130/150, au début de l’année, pour 80/90 qui persévèrent au bout de la période de discernement), stabilité que l’on peut expliquer par les lieux en croissance énumérés plus haut.”
Par ailleurs, Paix Liturgique estime à 140, le nombre de séminaristes français traditionalistes équivalents à des séminaristes diocésains. 18 prêtres français ont été ordonnés pour la forme extraordinaire du rit romain en 2011, dont 11 pour la FSSPX (16 prêtres français l’avaient été en 2010, dont 8 pour la FSSPX). Ainsi, les chiffres des séminaristes « ordinaires » s’effritent tandis que ceux des « extraordinaires » restent stables, ce qui fait que la proportion continue de croître lentement en faveur des « extraordinaires » (un peu plus de 16% pour un peu moins de 84%).