La cathédrale St. James de Seattle (État de Washington) et d’autres bâtiments catholiques de la ville, notamment l’école catholique O’Dea High School, ont été souillés, dans la nuit du 1er au 2 mars, d’inscriptions anticatholiques. La ou les personnes qui ont commis ces déprédations, se sont données beaucoup de mal pour réaliser les deux grands pochoirs ayant servi à inscrire les slogans : L’Église catholique n’est pas née aux U.S.A. et L’État du Pape n’est pas les États-Unis… Il est à craindre que ces pochoirs serviront de nouveau et ailleurs… Pas besoin d’être Sherlock Holmes ou Father Brown pour identifier les responsables. Ce ne sont pas des agnostiques ou des athées. Il faudrait plutôt aller voir du côté de certains protestants rescapés du « nativisme ». Ce dernier courant politique s’est exprimé aux États-Unis, à partir du milieu du XIXe siècle, par les mouvements Know Nothing ou l’American Republican Party (devenu rapidement le Native American Party), des groupes xénophobes et violemment hostiles aux immigrants catholiques – comme ce fut aussi la marque d’origine du Ku Klux Klan… – qui disparurent pratiquement au début du XXe siècle.
Cela étant dit, de telles bêtises peintes sur les murs d’édifices catholiques, auront sans doute été motivées par la grande publicité médiatique accordée à l’Église catholique en raison de son combat présent contre le gouvernement américain (voir le HHS Mandate et l’ObamaCare) ou à certaines déclarations de Rick Santorum, candidat catholique à l’investiture du Parti Républicain, dénonçant récemment – en termes peut-être un peu forts – le seul Président “catholique” des États-Unis, John F. Kennedy, pour avoir mis son “catholicisme” dans la poche avec son mouchoir par dessus…, et faisant ainsi renaître un léger sentiment “anti-papiste” dans certains secteurs protestants américains.
À y bien réfléchir, le slogan « L’Église catholique n’est pas née aux États-Unis » ne saurait être contesté : c’est une évidence historique. L’Église est née à Jérusalem voici près de 2 000 ans. Celui qui a peint ce slogan n’a donc pas tort, mais peut-il se réclamer d’une généalogie « nativiste » remontant à 2 000 ans sur le territoire des États-Unis ? Évidemment non : le tagueur est sans doute lui-même le petit-fils ou l’arrière-petit-fils d’un immigré… S’il connaissait un tout petit peu l’histoire de l’institution dont il conteste la légitimité aux États-Unis – et qui n’a aucune envie de se substituer aux institutions américaines, comme l’insinue le slogan idiot « L’État du Pape n’est pas les États-Unis » –, il saurait que le catholicisme s’est implanté sur l’actuel territoire des États-Unis au tout début du XVIe siècle – à l’Ouest avec les Espagnols, à l’Est avec les Français –, c’est-à-dire plus de 150 ans avant la Déclaration d’Indépendance des États-Unis du 4 juillet 1776, Déclaration d’Indépendance signée au nom du Maryland, notre peintre amateur l’a oublié, par un catholique pratiquant, Charles Caroll of Carrolton… Il oublie également que la reconnaissance internationale de ce nouveau pays souverain date du 3 septembre 1783 (Traité de Paris), et que l’érection par Rome de la Préfecture Apostolique aux États-Unis (Foederatarum Civitatum Americae Septemtrionalis) la suit de peu, quand fut mis à sa tête, le 9 juin 1784, le Père John Caroll, né le 8 janvier 1735 à… Upper Marlboro dans la colonie du Maryland, donc un “natif de chez natif”, et qui deviendra en 1789 le premier évêque américain avec l’érection du diocèse de Baltimore le 6 novembre 1789.
J’avoue que devant une telle bêtise à front bas, j’ai hésité pour classer cet article entre « cathophobie » et « humour ». N’ayant pu me résoudre au choix, j’ai coché les deux catégories…
Si le type qui a tagué ces inepties n’a pas d’humour, ce qui fait plaisir, c’est que vous, vous ne vous départissez jamais du vôtre…