Voici la lettre clairvoyante de Monseigneur Roland aux fidèles du diocèse de Moulins, datée du 23 janvier dernier, que je découvre avec le concours du Forum catholique :
“Les 1er et 2 octobre 2011, aux 92 messes du week-end, vous avez répondu massivement à un questionnaire portant sur les caractéristiques démographiques des fidèles du diocèse.
Les données recueillies ont été exploitées pendant le dernier trimestre 2011, et je voudrais vous communiquer aujourd’hui les grandes lignes des résultats de l’enquête à laquelle vous avez participé.
1) La fréquentation constatée aux différents offices représente 2,2% de la population globale du département, soit 7.500 personnes. Elle est représentative de la fréquentation hebdomadaire habituelle aux messes du diocèse.
2) Les fidèles sont à 71% des femmes et 29% des hommes. La caractéristique la plus notable est l’âge moyen élevé : 60% ont plus de 60 ans.
3) Les projections d’ici à 15 ans montrent une diminution de -40% à -50% du nombre des fidèles. Ceci s’explique notamment par l’absence très marquée des tranches d’âge 20-30 ans et 30-40 ans.
4) Dans 15 à 18 ans, en absence d’ordination, les prêtres diocésains de moins de 75 ans seront au plus une quinzaine.
5) Au plan financier, en l’absence de toute décision d’orientations, par an il manquera 500.000 € au diocèse dès 2015 pour un budget annuel de l’ordre de 4 millions d’euros. Ceci s’explique d’abord par la démographie et la diminution du nombre des personnes donnant aux quêtes, denier de l’église, legs, etc. Ce phénomène s’explique aussi par la fin de la vente de l’immobilier non utilisé.
6) La situation financière présente est saine, nous n’avons pas de dettes. Il y a eu une bonne gestion de la part du Conseil Diocésain pour les Affaires Economiques et des économes. Les comptes sont approuvés par le contrôleur et le commissaire aux comptes, qui ont manifesté leur satisfaction. Mais la gestion du diocèse est déjà très serrée et ne permet pas de parvenir à un équilibre financier durable en gardant nos structures actuelles.
Le 13 janvier 2012, les prêtres, les diacres et plusieurs conseils diocésains ont été informés dans le détail des résultats donnés ici de façon succincte. Ils ont la documentation nécessaire pour approfondir avec vous toutes les questions que ce constat peut poser. Nous manifestons une attitude responsable en regardant de manière précise ce qui serait susceptible d’arriver si nous poursuivions notre route de manière insouciante.
La projection théorique qui a été décrite a pour but de nous faire réagir collectivement et de nous provoquer à un renouveau radical. Aussi, sans attendre, et devant le sérieux et l’urgence de la situation, j’ai décidé de constituer immédiatement une équipe chargée de me présenter le 1er juillet 2012 au plus tard différentes possibilités d’évolution pour le diocèse, en tenant compte des orientations déjà engagées. L’intérêt est de lier cette situation à notre dynamique d’évangélisation : c’est un appel à être inventifs pour renouveler cette dynamique en fonction des réalités présentes. J’ai demandé à cette équipe de consulter sans crainte les différentes forces actives du diocèse et de penser large. Notre avenir n’est pas uniquement lié à des questions démographiques et économiques, mais il convient de les prendre en compte. Il y a maintenant des choix pastoraux à accentuer ou à opérer sans tarder. En fonction de ce que nous révèle l’étude démographique ; en fonction de nos moyens humains ; en fonction de ce qui « marche », où devons-nous porter nos priorités ? Et alors, quels sont les moyens humains et financiers à privilégier pour répondre à ces priorités (à l’inverse, que devons-nous abandonner sans état d’âme ?).
A l’automne, je choisirai et mettrai en œuvre les recommandations qui me seront faites. Je sais que ces réformes seront difficiles et douloureuses. A mes yeux, elles sont la condition indispensable pour donner un avenir à la vie de notre diocèse. Je tenais à vous dire la vérité, compte tenu de ces analyses.
Je garde cependant l’espérance au cœur et je veux compter sur vous dans les moments difficiles qui nous attendent. C’est à une expérience spirituelle que nous sommes appelés pour faire face à cette situation et bien la vivre. Tous ensemble, nous pouvons croire qu’avec l’aide de l’Esprit Saint, notre volonté de réussir les mutations nécessaires obtiendra le résultat escompté et que nous pourrons laisser à nos successeurs un diocèse certes différent mais viable et pérenne.
Merci pour votre réponse lors de la consultation. Merci pour les efforts fournis par tous pour que vivent les paroisses et les différentes communautés chrétiennes Je le constate au cours des visites pastorales qui se succèdent et j’en rends grâce.
Que ce même Esprit Saint nous renouvelle dans l’Espérance et nous entraîne à témoigner avec joie de la Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu pour tous les hommes.”
Il reste à connaître ces recommandations, en espérant que le renouveau soit réellement radical, sans langue de buis, et en s’appuyant sur les forces vives du catholicisme d’aujourd’hui. D’autres diocèses montrent déjà l’exemple…
Il est à espérer que Mgr Roland qui a la chance d’avoir la grande abbaye cistercienne de Sept-Fons dans son diocèse, saura s’inspirer des recommandations clairvoyantes de Don Samuel Lauras, abbé de Novy Dvur en République Tchèque (fondée en 2000 par Sept-Fons) et qui est l’ancien prieur de Sept-Fons.
En effet, Don Samuel, en bon disciple du Père Jérôme, vient de publier aux Editions Ad Solem un livre remarquable, parce que profond et bien écrit(“De tout coeur, Sur l’avenir Chrétien de notre temps”) où, sans langue de bois, il donne, entre autres, des pistes assez radicales de renouveau afin de renforcer l’Eglise de nos pays d’Europe et lui permettre d’affronter les défis de la Nouvelle Evangélisation à la suite du Pape.
Mgr Roland semble se poser les bonnes questions. Mais quelles sont les réformes difficiles et douloureuses dont il parle? Le renouveau ne passerait-il pas par certaines communautés nouvelles et… l’application du Motu Proprio?
Quand les curés de paroisses seront presque tous des “missionnaires” africains chargés de trente clochers, peut-être se demandera-t-on si les prêtres de la Fraternité Saint Pierre sont vraiment indispensables dans le Missouri ou le Nebraska?
Pas de renouveau possible sans remise en cause de la sécularisation du clergé diocésain.
Il n’a pas besoin d’être très nombreux mais doit être de grande qualité en collant parfaitement à sa vocation.
Vie contemplative et communautaire minimale pour l’équilibre et le rayonnement personnels, habit religieux affichant la couleur pour le témoignage dans le monde (et la protection contre les tentations).
Le prêtre est un homme de Dieu avant tout, et doit le montrer. Ceux qui cherchent Dieu viendront à lui naturellement, poussés par la grâce.
Telles sont certaines des recommandations de Don Samuel (évoqué dans mon commentaire plus haut)que Mgr Roland connait très bien.
Alors ?
Reste aux tradis de l’ensemble du diocèse à faire la même statistique et lui adresser la piramyde des ages !!
Cela fera peut-être tilt et cela sera mieux qu’un long discours !