Les “dysfonctionnements” au sein de l’administration du Saint-Siège sont aujourd’hui de véritables secrets de Pulcinella… Un prêtre américain vient de mettre le doigt sur une des “incohérences” des bureaux romains.
L’abbé John Zuhlsdorf, est un “bloggueur” impénitent dont le site, What Does The Prayer Really Say, est particulièrement fréquenté par les catholiques traditionnels et traditionalistes américains ou de langue anglaise. Comme beaucoup d’entre nous, il s’interroge sur une incongruité qui remonte à près de cinq ans. Les lecteurs de SPO savent que le motu proprio Summorum Pontificum fut promulgué le 7 juillet 2007. Or, depuis cette date, et comme nous l’avons souvent fait remarqué nous mêmes, les seules versions de ce texte disponibles sur le site officiel du Vatican sont la latine et la… hongroise. Aucune traduction officielle pour les grandes langues véhiculaires : anglais, espagnol, français…
L’abbé Zuhlsdorf a donc pris sa plus belle plume pour écrire, le 13 janvier, à Monseigneur Guido Pozzo, secrétaire de la Commission pontificale “Ecclesia Dei”, une lettre fort polie mais pressante :
« L’instruction Universæ Ecclesiæ [13 mai 2011] stipule en son n° 8 : “Le Motu Proprio Summorum Pontificum constitue une expression remarquable du magistère du Pontife romain et de son munus propre – régler et ordonner la sainte liturgie de l’Église”.
Pourquoi donc, en notre ère digitale, Summorum Pontificum (…) n’est-t-il disponible sur le site du Saint-Siège qu’en latin et hongrois ?
Je vous prie, Monseigneur, d’insister pour que des traductions de Summorum Pontificum soient disponibles sur le site du Saint-Siège, dans les principales langues contemporaines qui sont reconnues et employées à la Curie romaine quand des documents importants du magistère du Saint Père sont publiés (…) ».
La réponse de la Commission fut particulièrement rapide (elle est datée du 1er février) mais troublante… ne serait-ce que parce qu’elle ne porte pas de numéro de protocole et n’est pas signée d’une personne mais du « Secrétariat », mention recouverte d’un coup de tampon. En voici le texte :
« Cette Commission pontificale a reçu votre lettre datée du 13 janvier 2012, relative aux traductions du motu proprio Summorum Pontificum sur le site Internet principal du Saint-Siège.
Nous avons l’avantage de vous informer que les manières [sic ! on attendait matters (sujets, affaires) et on lit manners] relatives à la publication des documents pontificaux, relèvent de la compétence du Secrétaire d’État ».
Va-t-il falloir pétitionner auprès du cardinal Tarcisio Bertone pour que des traductions en langues vernaculaires soient entreprises et disponibles, disons le 7 juillet 2012 pour les cinq ans de Summorum Pontificum ?
Il aurait peut-être été plus rapide de demander à nos amis hongrois une traduction.
Kesenem!
Tous les documents qui émanent de la Commission ED sont de ce genre : il n’y a pas de signature, ils émanent de “La Commission” avec le sceau de celle-ci.
Cet épisode rappelle celui de deux prêtres de l’IBP à la sacristies de Saint-Pierre, qui se plaignaient parce qu’il n’y avait pas de missel traditionnel pour les prêtre qui désirent célébrer. Lorsque l’un d’eux menaça d’écrire au Cardinal archiprêtre, le prêtre sacristain répliqua : “n’ennuyez pas le Cardinal avec cela, ce sont des instructions qui viennent de la Sacrétarerie d’Etat”. A l’époque c’était le fameux Mgr Filoni qui bloquait tout, mais il est parti!
Effectivement, il faut demander a un hongrois de bien vouloir traduire.
Je crois rêver! Demander à un Hongrois de traduire? Et le latin? Je pensais qu’ici on lisait couramment le latin! (plus que le hongrois en tous cas!). Décevant. Très décevant. Ce n’est pas comme ça que allez convaincre le non-latiniste que je suis que le Latin est LA langue de communication de l’Église!
Eh bien, je constate qu’Yves a parfaitement raison. Sa remarque est d’autant plus triste quelques jours apres un post sur ce blog rappelant avec force “Veterum Sapientia”. Visiblement, il n’y a pas que pour les “modernistes” que la constitution apostoique de Jean XXIII sur le latin soit lettre morte…