Le Dr Carmen Rodriguez |
« Qu’on engage quelqu’un pour faire le travail ! »
La présidente du Collège des médecins de la province des Asturies, en Espagne, a déclaré qu’une loi autorisant l’avortement, quelle qu’elle soit, transforme les médecins en bourreaux. Carmen Rodriguez y est allée… franco :
« La société édicte des lois mais nous autres, médecins, nous n’avons pas à être ses bourreaux. Qu’on mette quelqu’un pour faire le travail. Mais qu’on ne fasse pas jouer à ce jeu par le médecin. »
Elle réagissait à des manifestations féministes au projet du gouvernement de Mariano Rajoy de modifier la loi d’avortement entrée en vigueur en Espagne en juillet 2010, pour revenir au régime antérieur : d’un droit absolu à l’avortement au cours des 12 premières semaines de gestation, et des conditions de santé ou de détresse particulières jusqu’à 22 semaines, on devrait passer en Espagne à l’avortement dépénalisé sous conditions, et rétablir l’obligation de consentement parental pour les mineures.
Carmen Rodriguez a souligné fortement que le Collège des médecins qu’elle préside est opposé à l’avortement, et elle a ajouté que tout changement de la loi reste nécessairement en marge de la pratique de la médecine : en clair, légal ou pas, les médecins se sentent étrangers à la question de l’avortement et estiment ne pas avoir à y participer.
Elle a cependant souligné que la réforme légale « est nécessaire », en particulier en ce qui concerne les mineures. « Il n’est pas possible que les parents soient responsables de leurs enfants et qu’ils ne le soient pas quand leur fille avorte. »
Par ailleurs, depuis l’entrée en vigueur de la loi d’avortement du gouvernement Zapatero, c’est en Asturies que l’augmentation des interventions a été la plus forte ; en 2010, le nombre d’avortements y a progressé de 26,8 % par rapport à l’année précédente, contre une moyenne nationale de 2 %, selon des chiffres avancés par La Voz de Asturias.
Nous avons ici l’illustration d’un principe : l’opposition personnelle et totale à l’avortement légal étant parfaitement connue – et ici défendue et revendiquée dans la pratique – n’exclut pas le soutien à une mesure légale insuffisante mais susceptible de faire diminuer le nombre d’avortements en durcissant le cadre.
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