Le sermon de surenchère prononcé à Winona, le 2 février, par Mgr Fellay étonne grandement par ses omissions. Mgr Fellay rend public un refus, qu’il avait pratiquement exprimé depuis le début du mois dernier, d’accepter le Préambule doctrinal remis le 14 septembre par le cardinal Levada – plus exactement d’accepter de considérer la démarche d’un Préambule doctrinal –, et son refus, par voie de conséquence, du décret portant érection d’une prélature personnelle exempte de l’autorité des évêques, dont il aurait été le prélat à vie.
« Si vous nous acceptez, répond-il, c’est sans changement, sans obligation d’accepter ces choses ; alors nous sommes prêts ; mais si vous voulez nous les faire accepter, alors c’est non ». Mais pourquoi Mgr Fellay omet-il de préciser qu’on lui a remis ce Préambule, le 14 septembre, comme un texte modifiable ? qu’il a été informé dans les jours qui ont suivi que les points qu’il estimait inacceptables pouvaient être écartés ? qu’il lui a été indiqué à plusieurs reprises que toutes ses requêtes seraient entendues ? autrement dit que Rome acceptait en effet la FSSPX « sans changement », ce dont aucun observateur sérieux n’a jamais douté depuis la levée des excommunications ? Autant de questions que l’on se pose et que nous posons après avoir contacté plusieurs sources proches du dossier.
Si Mgr Fellay avait pris la peine de retravailler le texte qu’on lui présentait, comme tentait jadis de le faire Mgr Lefebvre avec les textes conciliaires (mais les temps ont bien changés : c’est Rome aujourd’hui qui invite les fils de Mgr Lefebvre à insérer leurs modi), il pouvait devenir, joint à la reconnaissance de la FFSSPX, une étape aussi importante que le Motu Proprio dans l’évolution de l’après-Concile. Alors, pourquoi, comme l’ont révélé les blogues italiens, a-t-il, à deux reprises depuis le 14 septembre, botté en touche, sans jamais donner un commencement de réponse à la question qu’on lui posait : « Que désirez-vous modifier dans cette déclaration préalable » ?
Il est vrai que le Préambule du cardinal Levada était marqué par la « confusion » dénoncée par Mgr Fellay : il contenait et la possibilité de critiquer Vatican II et l’affirmation qu’il fallait le recevoir selon « l’interprétation de continuité » donné par le Catéchisme de l’Église catholique. Mais pourquoi Mgr Fellay n’a-t-il pas saisi la possibilité qu’on lui laissait de le modifier ? Si de la part de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, présenter le Préambule à la FSSPX tel qu’il avait été rédigé était une erreur, de la part de la FSSPX, refuser d’en rectifier la rédaction est une faute.
S’agit-il pour Mgr Fellay de gagner encore un peu de temps dans son « splendide isolement », au risque de plus en plus grand d’y rester pour toujours ? Et sans plus de justification. Car si le refus de Mgr Fellay se donne les apparences d’un refus de Vatican II, il est en réalité un refus de prendre les moyens d’une critique « à l’air libre » de Vatican II : Mgr Fellay refuse le contenu du Préambule, mais… il refuse de modifier le contenu du Préambule. Si ce refus pour le moins confus se confirmait, et si le Saint-Siège en prenait acte, ce qui heureusement pour l’heure n’est pas assuré, la FSSPX s’engagerait certes dans une impasse institutionnelle, ce qui après tout la regarde, mais plus gravement pour le bien de l’Église, 50 ans après l’ouverture du Concile, elle achèverait d’enterrer son talent en s’abstenant de peser « de l’intérieur » sur la vie de l’Église à un moment décisif.
Avons nous lu le même sermon ???
Je m’égare peut être complétement mais ce sermon m’a semblé être le signe qu’un accord n’avait jamais été aussi proche.
D’une part, c’est une excellente nouvelle de savoir que les discussions, à l’inverse de qui a pu être annoncé à droite et à gauche, ne se terminent pas. Le sermon dit bien le contraire et strictment le contaire. Ce que ne manque pas de relevé vos collègue de la Stampa, sur Vatican Insider: “monsignor Bernard Fellay afferma che il colloquio con il Vaticano prosegue nonostante le divergenze”.
Vous le rappelez avec justesse, Rome a indiqué le 14 septembre dernier: “le préambule est suscpetible de modification”. Mais Mgr Fellay ne répond pas non, il répond ni oui, ni non. C’est d’ailleurs la lecture qu’en fait le blog le “le suisse romain”. Mgr Fellay, quand je lis ce sermon me semble précisément discuter du préambule, dire ce avec quoi il est d’accord et ce qui l’y gêne. Je cite :
“Ils nous disent : « vous devez accepter que dans les cas où il y a des difficultés dans les documents du Concile – tels points ambigus qui font débat – ces points, comme l’œcuménisme, la liberté religieuse, doivent être interprétés en cohérence avec l’enseignement de toujours de l’Eglise ». Et ils ajoutent : « ainsi lorsqu’il y a une ambiguïté dans le Concile, vous devez la comprendre comme l’Eglise a enseigné depuis toujours ».
Ils vont encore plus loin et disent : « on doit rejeter tout ce qui est opposé à l’enseignement traditionnel de l’Eglise ». Bon, c’est ce que nous avons toujours dit. C’est surprenant, n’est-ce pas, que Rome nous impose ce principe ? Surprenant. Alors vous pourriez demander : « pourquoi n’acceptez-vous pas ? » Eh bien, chers fidèles, c’est qu’il y a encore un problème. Dans le texte de ce Préambule doctrinal, ils donnent deux applications du comment nous devons comprendre ces principes. Ils nous donnent les exemples de l’œcuménisme et de la liberté religieuse, tels qu’ils sont décrits dans le nouveau Catéchisme de l’Eglise catholique, qui reprend exactement les points que nous reprochons au Concile.”
Qu’est ce que Mgr Fellay dit. Il dit je suis d’accord avec les principes énoncés par le préambule, mais pour les points de “litige” soumis à possibles discussions je suis contre l’instrument de référence proposé car à mes yeux il reproduit “le même litige”. Donc je souhaite une modification du préambule sur ce point.
Autrement dit que ressort il de ce sermon:
– que les questions pratiques sont réglées et qu’il y a un accord sur ce point, je cite ” Et je peux affirmer que ce qui nous est présenté aujourd’hui – et qui est différent de ce qui nous a été présenté le 14 septembre 2011 – peut être considéré comme bon. Ils remplissent toutes nos conditions, si je puis dire, au niveau pratique.” Deo Gratias !
– que les principes moteurs du préambule font l’objet d’un concensus. Je cite: “Ils nous disent : « vous devez accepter que dans les cas où il y a des difficultés dans les documents du Concile – tels points ambigus qui font débat – ces points, comme l’œcuménisme, la liberté religieuse, doivent être interprétés en cohérence avec l’enseignement de toujours de l’Eglise ». Et ils ajoutent : « ainsi lorsqu’il y a une ambiguïté dans le Concile, vous devez la comprendre comme l’Eglise a enseigné depuis toujours ». Ils vont encore plus loin et disent : « on doit rejeter tout ce qui est opposé à l’enseignement traditionnel de l’Eglise ». Bon, c’est ce que nous avons toujours dit.” Kyrie Eleison !
– qu’il reste un divergence sur les modalités d’exercice d’interprétation et de débats des questions litigeuses.
Et dans son introduction il parle du sentire cum ecclesia qui doit être une obligation pour tout membre de la FSSPX: “Nous ne sommes pas une entité indépendante. Même si nous nous battons avec Rome, nous sommes encore pour ainsi dire avec Rome.”
Peut être ais je qui lecture résolument trop optimiste, mais quand Mgr Fellay dit que non seulement il y accord sur le plan pratique mais sur les questions doctrinales les choses avancent je cite “très vites”. Je me dis que le bout du tunnel est proche. S’agit il d’une surenchère, ou d’un dernier “coup de pression”, pour que la dernière réponse soumise à Rome est qui continue à être étudiée soit acceptée ? En somme la suite du déroulement d’une négociation (en tant que juriste la manière dont cela se passe me parait très naturelle..)
Bien à vous,
Oui, quel dommage ! Une solution canonique est offerte à la Fraternité de servir utilement au renouvellement authentique de l’Eglise d’Occident par un meilleur enracinement dans la Tradition Apostolique et Patristique, une solution canonique est offerte à la Fraternité de servir utilement au bien commun par une critique constructive des voies d’errances empruntées dans la Latinité depuis Vatican II en reprenant la place qui serait sienne en son Eglise-mère, et il semblerait qu’on veuille s’en détourner ! Une telle attitude ne risquerait-elle pas, pour la Fraternité, d’être suicidaire à moyen ou long terme ?
Prions pour que le Saint et Vivifiant Esprit illumine le chemin des membres de la Fraternité et, après leur avoir montré en toute lumière ce qu’ils doivent faire, Il leur accorde encore la force de dépasser tous orgueils et raidissements pour l’accomplir !…
Étrange, très étrange de constater que le même texte, lu à tête reposée je le crois, soit interprété de façons aussi opposées.
Je suis perplexe, prions encore et toujours pour la bonne fin de ces discussions.
AMDG
Je n’ai pas lu le sermon de Mgr Fellay.
Mais l’interprétation donnée dans le texte ci-dessus me semble contraire à tout ce qui se passe en réalité. A ma connaissance, bien imparfaite, Mgr Fellay a répondu à la lettre du Préambule doctrinale en proposant des modifications sur chaque point controversé.
Nous ne devons pas avoir les mêmes sources d’information.
Je regrette que Riposte Catholique, que j’apprécie généralement beaucoup, se soit laissé aller à un jugement mal vérifié.