Faut-il l’entendre comme un livre s’inscrivant dans le cadre de la « réforme de la réforme » ? En un sens, oui ! Le Père François Cassingena-Trévedy, moine bénédictin de Ligugé (congrégation de Solesmes) présente dans Chante et Marche, les Introïts I (Ad Solem, 344 pages, 31€) le riche répertoire des Introïts, avec la reproduction des mélodies grégoriennes, dans le cadre de la forme ordinaire. Autant dire un répertoire qui n’est quasiment pas utilisé aujourd’hui, mais dont on peut espérer qu’il se répande de plus en plus.
L’éditeur présente ce livre et la série qu’il inaugure (trois livres au total sont prévus) comme une nouvelle « Année liturgique », en référence à la célèbre série de dom Guéranger. C’est manifestement très exagéré. D’abord parce que les deux ouvrages ne visent absolument pas la même chose. Le travail de dom Guéranger était plus vaste et plus ample ; plus directement spirituel aussi. Ensuite, parce qu’il y avait un soubassement doctrinal chez le premier abbé de Solesmes que l’on ne retrouve pas ici. Il y a certes de l’érudition et une maîtrise scientifique, peut-être plus que chez l’abbé de Solesmes. Mais il y a aussi une sorte de coquetterie à être savant, certainement inconsciente, là où dom Guéranger se voulait simplement traditionnel et fils de l’Église. La comparaison n’est donc pas raison.
L’auteur voudrait que ce livre fut un objet pratique. Mais il s’est alors trompé de maison. Ad Solem réalise de beaux ouvrages et sait ce que le métier d’éditeur implique. Il y a une esthétique de cette maison. Mais il faut bien avouer que personne ne songera à utiliser ce livre comme un manuel pour chanter. Le format ne s’y prête pas, la longue (trop longue) introduction de l’auteur occupe une place trop importante. La reproduction des partitions est presque illisible et les commentaires trop longs eux aussi. Encore une fois, ce livre s’apparente plus à un essai de facture scientifique (et plein d’intérêt de ce point de vue) qu’à un outil pour la « renaissance de la liturgie ». Dommage !