Alors là, pour une fois, je ne suis pas d’accord avec benoît-et-moi ! C’est assez rare pour que je le relève…
L’histoire commence lors de des vœux de Benoît XVI au corps diplomatique ; il annonce que « les politiques qui portent atteinte à la famille menacent la dignité humaine et l’avenir même de l’humanité ». Comme il venait d’affirmer qu’il évoquait la famille « fondée sur le mariage d’un homme avec une femme », la presse internationale a affirmé qu’il condamnait le mariage homosexuel, voire qu’il le condamnait de manière virulente, partant d’une dépêche de Reuters.
C’est le Guardian de Londres qui le premier a dénoncé une « mystification », assurant que Benoît XVI n’avait jamais prononcé les mots « mariage homosexuel ».
L’Osservatore Romano a repris l’article dans sa version anglaise. On y lit que Benoît XVI a bien parlé du « mariage entre un homme et une femme » et qu’il affirme que « les politiques qui portent atteinte à la famille menacent la dignité humaine et l’avenir même de l’humanité ». Cela ne revient pas à dire, assure l’article signé Andrew Brown, que le mariage gay est la plus importante d’entre elles, et il souligne que le pape dénonce aussi l’avortement dans ce contexte : « Plus généralement, en regardant surtout le monde occidental, je suis convaincu que s’opposent à l’éducation des jeunes et par conséquent à l’avenir de l’humanité, les mesures législatives qui non seulement permettent, mais parfois même favorisent l’avortement… », dit-il.
Radio Vaticana en langue française a repris la même idée, parlant d’une « imposture » qui a fait « le tour de la planète ».
Benoît-et-moi reprend la thèse de la « mystification », ce que je m’apprête à contester, mais non sans souligner combien justes sont ses propos sur les accusations d’« homophobie » à l’égard du Pape sont ineptes.
J’observe cependant que dans les propos du Pape il est deux fois question de l’avenir de l’humanité menacé : une fois il s’agit des lois d’avortement et des mesures favorisant celui-ci, en ce qu’elles « s’opposent à l’éducation des jeunes », et l’autre, chronologiquement la première, vise « les politiques qui portent atteinte à la famille ».
Le pape parlait de la famille comme « lieu d’éducation », l’éducation des jeunes étant présenté comme un « thème crucial » qui engage « l’avenir de la société ».
Puis il disait : « Outre un objectif clair, comme est celui de conduire les jeunes à une connaissance pleine de la réalité et donc de la vérité, l’éducation a besoin de lieux. Parmi ceux-ci figure en premier la famille, fondée sur le mariage d’un homme avec une femme. Il ne s’agit pas d’une simple convention sociale, mais bien de la cellule fondamentale de toute société. Par conséquent, les politiques qui portent atteinte à la famille menacent la dignité humaine et l’avenir même de l’humanité. »
Qu’est-ce qui menace donc l’avenir de l’humanité ? On peut penser au divorce, éventuellement à la polygamie, au refus de la vie, aux politiques fiscales défavorables à la famille, pourquoi pas aux problèmes de logement rencontrés par les familles et à la politique de l’enfant unique… (Un peu plus loin le Pape précisera que la famille à laquelle il pense est le lieu de « l’ouverture à la vie ».) Aucun de ces fléaux n’est pourtant mentionné expressément.
En revanche la définition du mariage comme étant entre un homme et une femme est tout aussi explicite qu’elle devrait, en bonne logique, être superflue, car il ne peut y avoir de mariage réel qu’entre un homme et une femme. Prétendre qu’il puisse en être autrement relève d’une construction intellectuelle si récente que bien des législations ne prennent pas la peine de définir le mariage comme n’existant qu’entre un homme et une femme, tellement cela va de soi.
Donc, Benoît XVI dirige les regards, à quelques bouts de phrase de sa mise en garde sur l’avenir de l’humanité, vers le mariage entre un homme et une femme, par opposition au mariage différent dont tout le monde sait qu’il fait l’objet d’un lobbying acharné et déjà réussi en maints endroits.
Il n’a pas prononcé les mots « mariage gay » ou « mariage homosexuel » ? Certes. Mais vu la logique du texte, il est difficile de prétendre que Benoît XVI ne le visait pas, il le visait au moins autant, et même davantage si l’on analyse simplement la suite des mots, que d’autres formes de politique qui en effet, « portent atteinte à la famille », en tant que lieu d’éducation des jeunes oui, mais encore plus en tant que « cellule fondamentale de toute société »
La nature et la source des démentis me font plutôt penser aux réactions affolées des « communicants » du Vatican lors de l’affaire de Recife ou celle du préservatif, il y a quelques années. Le Pape ou les évêques peuvent dire ce qu’ils veulent, en somme, à condition de ne pas heurter de front tel ou tel tabou moderne ni de passer pour des accusateurs ou des jeteurs d’anathème.
Cela veut-il dire qu’on n’a plus le droit d’affirmer avec force le caractère aberrant et même dangereux de la légalisation d’un « mariage » qui n’en est pas un, sous peine de passer pour un persécuteur des homosexuels ? Pourquoi confondre le respect des personnes et la mise en place de fictions juridiques qui ont pour effet de vider de son sens le mariage légitime avec ses fins, ses objectifs, ses droits et ses devoirs propres auxquels les couples homosexuels n’ont pas le potentiel de se conformer ?
Rappelez-vous, le procès que l’on fit à Christian Vanneste portait sur cette même logique.
Divorce, polygamie, etc, qui sont de grands fléaux, portent atteinte à la dignité humaine et ne créent pas l’environnement idéal pour les jeunes et leur éducation ; mais ils ne menacent pas directement à l’avenir de l’humanité en permettant aux moins à des enfants de voir le jour.
Sans ingénierie ou recours à des tiers donneurs, porteurs et compagnie, le couple homosexuel, lui, ne peut être fécond et il ne le serait que par fiction. Il ne s’inscrit pas dans les lignées humaines, il en sort volontairement. Les Saintes Ecritures emploient à son égard un langage bien plus vert…
J’en viens à me demander si, subtilement, le message du Guardian ne visait pas à l’origine à suggérer que pour le Vatican et pour le Pape, le « mariage » homosexuel n’est pas si grave que ça, et à accréditer l’idée que toute dénonciation forte de son institutionnalisation est en soi non seulement inacceptable, mais encore impardonnable et même impensable.
Il me semble qu’il faut se garder de tomber dans ce panneau.
C’est vous qui tombez dans le piège! La presse s’est jetée sur les propos du Pape pour les déformer en affirmant que Benoît XVI était contre le mariage des homosexuels.
primo: ce n’est pas ce Pape que l’on isolerait ainsi de l’Eglise qui a une opinion sur le sujet.(1° piège)
secundo: son discours était d’une toute autre profondeur: il rappelait les fondements du mariage et de la famille et évitait,ainsi, de tomber dans l’anathème(2° piège)
tertio:c’est l’enseignement bimillénaire de l’Eglise qui ne condamne pas le pécheur mais le péché.
Vos réactions primaires sont contreproductives.