C’est au nom de la « santé maternelle » que le lobby de l’avortement prône la légalisation de « l’IVG ». Mais l’un des pays qui peut se vanter des meilleurs chiffres en ce domaine est précisément l’Irlande, où l’avortement est et demeure interdit. L’étude qui permet de contredire ainsi les idées reçues porte sur 42 ans de statistiques relevées en Irlande et Irlande du Nord d’une part, en Grande-Bretagne de l’autre – et elle a été réalisée, chose intéressante, par l’Institut de recherche sur les pensions et la population (PAPRI).
Voici les faits positifs relevés par son rapporteur, Patrick Carroll, pour l’Irlande et l’Irlande du Nord :
— Un bien meilleur taux de natalité que dans l’ensemble de l’Europe, près d’assurer le remplacement des générations.
— Sur la durée, l’Irlande présente un profile démographique plus jeune qui lui permet d’être moins dépendante de l’immigration que les autres nations européennes.
— Moins de fausses couches, de petits poids de naissance, de naissances prématurées, de paralysies cérébrales, de morts maternelles, toutes choses dont le risque est aggravé chez les femmes ayant subi un avortement.
— Moins de cancers du sein.
— Une santé mentale relativement meilleure, à juger d’après les prescriptions d’antidépresseurs.
— Certaines maladies du système immunitaire sont nettement moins fréquentes.
Si l’Irlande connaît quand même un certain nombre d’avortements, ils sont systématiquement pratiqués à l’étranger, la plupart du temps en Angleterre. Le taux de fertilité est passé sous la barre de remplacement (à 2,07 enfant par femme en Irlande) en 1992 mais reste au-dessus de 1,9 et, chose intéressante, si l’on totalise ces chiffres avec son taux d’avortement, l’Irlande atteint voire dépasse systématiquement cette barre des 2,07 depuis 1992.
Cela est vrai aussi pour l’Angleterre et le Pays de Galles où les taux de fertilité sont tombés nettement plus bas et où le taux d’avortement est nettement plus important ; la fertilité remonte après être tombée à moins d’1,8 en 2002 mais l’étude observe que cela est lié à la plus grande fertilité des familles immigrées qui forment une proportion de la population nettement plus grande en Grande-Bretagne qu’en Irlande.
L’étude présente un chapitre important de projection démographique pour évaluer ce que pourrait être l’Irlande avec une loi d’avortement comparable à celle en vigueur en Grande-Bretagne, en se fondant sur l’exemple écossais. Dans ce cas de figure, la proportion des moins de 15 ans tomberait dès 2031 à moins de 15 % de la population contre près de 22 % actuellement.
Sur la période étudiée, le rapport note une amélioration de la santé maternelle et néonatale nettement plus importante et rapide que chez les voisins britanniques, un facteur qui s’explique aussi par le fait que les naissances hors mariage sont moins fréquentes : ainsi le faible poids de naissance est il plus fréquent chez les mères seules. Le nombre de morts maternelles, nettement plus élevé en Irlande en 1968, a baissé de manière spectaculaire et reste voisin de zéro alors que dans les autres pays étudiés il tourne aujourd’hui autour des 10 à 12 morts par 100.000 naissances vivantes.
On notera un graphique intéressant sur la corrélation entre les taux d’avortement et le taux de cancer du sein découvert à 50-54 ans, au point qu’on a pu s’en servir comme outil de prédiction pour prévoir le nombre de nouveaux cancers entre 2005 et 2009.