La presse internationale (et française !) a beaucoup glosé sur une étude publiée par The Lancet proposant de prescrire systématiquement la pilule aux religieuses au motif que celles-ci, ne bénéficiant pas de la protection contre certains cancers donnée par les grossesse et l’allaitement, devaient pouvoir profiter de ce traitement hormonal pour éviter cancers du col de l’utérus, des ovaires et du sein.
On voyait bien où voulait en venir (ou à tout le moins où pouvait mener) cette étude des chercheurs australiens Kara Britt et Roger Short.
1. Promouvoir l’idée selon laquelle la pilule est bénéfique pour la santé.
2. Laisser croire que la pilule n’a pas d’effets néfastes sur la santé.
3. Présenter la vie de religieuse – dans la chasteté – comme présentant de sérieux risques pour la santé.
4. Faire un pied de nez à l’Eglise catholique qui verrait ainsi la contraception hormonale qu’elle proscrit refaire son entrée par la petite porte comme une vulgaire prescription de prophylactique contre le cancer.
L’Eglise, elle, pouvait répondre que dans la mesure où dans ce contexte, la pilule ne serait pas prise en vue d’empêcher la naissance d’un enfant mais à une tout autre fin, la prophylaxie du cancer, cela ne poserait pas automatiquement un problème moral.
Mais médical, si.
Karen Brauer, présidente de Pharmacists for Life International, a réagi avec force face à ce qu’elle a pris au départ pour une « parodie » d’article scientifique, tellement son argument lui a paru saugrenu et mal soutenu même dans la logique interne du papier.
Britt et Short sont allées jusqu’à écrire que les religieuses « paient leur chasteté d’un prix exorbitant » à travers un risque plus élevé de présenter un cancer.
Karen Brauer s’est d’abord penchée sur l’affirmation de l’existence d’un risque accru : les chiffres mêmes de l’étude publiée par The Lancet, souligne-t-elle, montrent que les religieuses âgées de moins de 70 ans meurent moins du cancer de l’utérus que le groupe témoin ; de 70 à 80 ans, les chiffres sont fluctuants : parfois au-dessus, parfois au-dessous de la moyenne.
Le seul cancer auquel les religieuses sont plus exposés est le cancer du sein – mais Kitt et Brauer soulignent eux-mêmes que la pilule n’a pas d’incidence sur le risque, qu’il ne diminue par et « n’augmente pas ».
Mais il y a plus grave : l’étude passe outre les multiples effets négatifs de la pilule – le risque considérablement accru de thrombose veineuse profonde, par exemple, qu’elle cite – ou encore l’hypertension. Et il y en a d’autres.
De sorte que de manière générale, comme l’a déclaré l’oncologue Luis Raez à Catholic News Agency, eu égard aux effets indésirables que peut présenter tout comprimé, les médecins préfèrent utiliser les médicaments sur prescription pour traiter le cancer et d’autres maladies plutôt que de les prévenir. D’autant que le cancer de l’utérus comme celui des ovaires fait partie des cancers peu fréquents, qui sont en outre assez souvent soignables s’ils sont décelés tôt. Et que le fait d’avaler la pilule contraceptive n’élimine pas le risque.
En France, même les sites de vulgarisation (comme celui-ci) soulignent aujourd’hui les résultats d’études – notamment du Centre international de recherches sur le cancer, basé à Lyon et lié à l’OMS – attestant du caractère cancérogène des contraceptifs hormonaux. Une récente étude au début de 2011 est venue confirmer ces données tirées de méta-analyses : si la pilule est un facteur de protection pour certains cancers, elle augmente le risque de cancer du foie et du sein, assure le CIRC.