Robert Moynihan, le plus romain des journalistes catholiques américains et l’éditeur du remarquable mensuel Inside the Vatican, annonce, dans sa dernière circulaire, une bien triste nouvelle : la fin de l’édition papier du mensuel Catholic World Report (CWR) avec sa dernière livraison de ce mois de décembre. Le directeur de CWR, le Père Joseph Fessio, S.J., d’Ignatius Press de San Francisco, l’a confirmé avec tristesse dans cette dernière édition imprimée : le journal ne paraîtra plus, mais sera remplacé, dès janvier, par une version gratuite et sur Internet. Si Moynihan y consacre sa chronique, et un article dans le dernier CWR, c’est qu’il en fut à la demande du Père Fessio le premier directeur, après que l’éditeur jésuite cessa de s’occuper de l’édition en anglais du magazine 30 Jours au printemps 1991. Moynihan avait, de son côté, quitté l’année précédente la rédaction de 30 Jours anglais après 27 livraisons et deux ans et demi d’efforts, les relations s’étant dégradées entre la rédaction italienne et pilote de 30 Jours et le journaliste américain. De fait, les initiateurs italiens de 30 Jours ne souhaitaient pas des éditions en langues étrangères, tenants compte des cultures et des préoccupations particulières des nouveaux publics étrangers, mais de simples traductions de la version italienne, ce qui n’avait guère de sens à y bien réfléchir. Moynihan s’échappa de Rome pendant un an pour retourner aux États-Unis pour enseigner l’histoire médiévale dans une université américaine. C’est là que le P. Fessio le contacta pour l’intégrer au projet d’un nouveau mensuel qui publia sa première livraison en décembre 1991 : CWR était né avec 20 000 abonnés et le soutien financier déterminant de Vincent Montagne, le patron de Média Participations. Mais de nouvelles tensions survinrent en 1992 entre le nouveau propriétaire français et Moynihan, notamment sur un problème qui semble aujourd’hui dérisoire : une publicité pour la Messe traditionnelle que souhaitait faire paraître Moynihan, qui n’a jamais caché son goût pour ce qu’on nomme aujourd’hui la « forme extraordinaire » de la liturgie romaine, mais que le propriétaire ne voulait pas. En mars 1993, Moynihan abandonna la rédaction de CWR qui fut reprise par un autre talentueux journaliste catholique américain Phil Lawler, et lança, le mois suivant, le n° 0 d’Inside the Vatican qui continue encore de nos jours. CWR devait de son côté poursuivre son exploitation mais avec des finances qui ne cessaient de se dégrader en raison d’une chute progressive du nombre de ses abonnés. Depuis des années CWR, ainsi que Homiletic & Pastoral Review ne survivent que par des transfusions financières d’Ignatius Press, à hauteur de 200 000 $ par an selon le P. Fessio. Une situation qui ne pouvait s’éterniser et qui se résout aujourd’hui, au moins pour CWR par une cessation de parution. Cette triste mésaventure ne se cantonne pas au monde de la presse catholique américaine : la presse catholique, sous les coups qui lui sont notamment portés par l’émergence des nouveaux médias sur l’Internet, est en crise partout. Certains titres résistent mieux que les autres en raisons des renflouements financiers qu’ils reçoivent, mais, dans l’ensemble la situation est préoccupante partout.