Dans le dernier numéro de l’Homme Nouveau, Denis Sureau raconte cette anecdote :
J’étais invité à la mi-novembre à Madrid au XIIIe Congrès des catholiques dans la vie publique organisé conjointement par une association de laïcs à l’histoire très riche et par la puissante université San Pablo. Évènement fortuit : il se terminait le dimanche qui vit l’écroulement du zapaterisme et la plus importante victoire électorale de la droite depuis 80 ans. Lors du débat qui suivit ma conférence, une question fort pertinente me fut posée. Un étudiant me demanda : « Nous ne comprenons pas, nous catholiques espagnols, pourquoi vos évêques sont passifs face aux attaques antichrétiennes, comme les spectacles blasphématoires. Pourquoi ? ». De fait, les catholiques espagnols (ou italiens) ne craignent pas de dénoncer vigoureusement le laïcisme. Même des Espagnols se déclarant démocrateschrétiens tiennent des propos qui seraient qualifiés en France de dangereusement « fondamentalistes ». Une communication du congrès madrilène était intitulée : « Orgullosos de ser católicos », ce qui signifie « Fiers d’être catholiques ». J’ai répondu à mon étudiant perplexe qu’il y avait une forte imprégnation laïciste en France, mais que les choses étaient en train de changer, que les jeunes laïcs, les jeunes prêtres et les jeunes évêques étaient plus déterminés que leurs aînés. Et qu’il fallait continuer à « recatholiciser les catholiques ». La formule amusa mon auditoire mais médiocrement mon étudiant, qui m’interrogea à nouveau en aparté. Peut-être y a-t-il chez certains catholiques de France une honte d’être chrétiens…