Associé au nom de Benoît XVI, un tel titre fait immédiatement penser à L’Esprit de la liturgie (Ad Solem), ouvrage par lequel le cardinal Joseph Ratzinger lança ses idées en matière de renouveau liturgique quelques années avant son élection au suprême pontificat.
Il ne s’agit pas ici d’un livre directement composé comme tel par le Saint-Père, mais d’un recueil de ses différentes interventions sur le sujet. Un sujet qui lui tient particulièrement à cœur, comme docteur universel, comme liturgiste mais aussi comme musicien. La photo de Benoît XVI, jouant du piano dans ses appartements, a fait le tour du monde. Mais on découvre ici, non pas d’abord le praticien de la musique, mais le penseur de celle-ci envisagée comme art authentique destiné à conduire les fidèles et les pasteurs à la beauté des saints mystères.
L’Esprit de la musique est organisé en trois parties :
I – Les fondements théologiques et bibliques de la musique sacrée
II – Liturgie et musique sacrée
III – Anthologie de textes sur la musique sacrée et profane.
Dans sa préface, le Maître de chapelle Henri Adam de Villiers fait justice à un a priori qui pourrait naître devant un recueil composé forcément de textes divers, aux origines différentes, dans le temps et dans l’espace :
On découvre que la pensée de Benoît XVI va bien au-delà de la simple expression de sentiments mélomanes. Elle révèle une vision théologique profonde et originale de la valeur de la musique dans le plan de la Rédemption.
On note ainsi d’emblée la perspective énorme que se donne le Pape actuel, pour lequel il ne s’agit pas simplement de réintroduire le beau, mais de donner à celui-ci toute sa place dans l’économie du Salut. Une fois de plus, une fois encore, la démarche théologique est au cœur de l’action de Benoît XVI.
Henri Adam de Villiers éclaire d’ailleurs cette ambition quand il écrit dans sa préface :
Au travers de ces textes sur la musique, nous découvrons que Benoît XVI ne cherche pas tant à déplorer la situation actuelle – amplement connue – qu’à proposer une pédagogie profondément positive.
Cette démarche est d’ailleurs celle du Pape en ce qui concerne la liturgie. Il préfère rendre possible la célébration de la liturgie traditionnelle que de poser des interdits dans la célébration de la liturgie nouvelle.
Le Saint-Père parviendra-t-il à ses fins ? On peut l’espérer, même si l’on est tenté de penser parfois, en liturgie comme en musique, qu’il faudrait un peu de mise en acte de l’autorité ou, pour le moins, que le bon exemple soit plus fréquent.
En attendant, grâce à ce livre (Artège, 220 pages, 22 €), la pensée de Benoît XVI est clairement exposée. Il faut maintenant la mettre en œuvre.