Héli Trottincas, qui écrit dans le journal d’un prêtre diocésain, résume le discours épiscopal face à la christianophobie et aux réactions de catholiques indignés :
Le Code pénal et le Code de Procédure Pénale ont tout simplement fait l’objet d’une suppression spéciale pour ces catholiques. Mais les ordres, comme l’ont avoué les agents de la Loi, venaient de très très haut.
Dans le même temps, l’évêque de Paris, avouant tout d’un coup tout ignorer de la pièce, s’est quand même mis à condamner la foule comme fondamentalistes manipulés par l’extrême-droite et celui de Rennes, 6 jours plus tard au milieu de la réunion bisannuelle des évêques à Lourdes, a déclaré voir dans cette pièce scatologique une parabole chrétienne illustrant la kénose paulinienne. Pendant ladite conférence de Lourdes, en revanche, Mgr de Moulins-Beaufort (Paris), homme de terrain informé et non de bureau, a rappelé que les manifestants étaient quasiment tous de simples chrétiens de base et pas du tout des groupes manipulés politiquement, marginaux ou intégristes – comme feint de le croire Mgr Vingt-Trois, ni violents (il n’y a eu qu’un ou deux jets d’œufs un soir) comme feint de le croire Mgr Barbarin et Ulrich, lesquels, ignorant la différence entre un chapelet et une épée, osent citer qui prend l’épée périra par l’épée, en oubliant qu’une autre fois Jésus au temple a sorti⁄ le fouet ! Voici quelques questions et réflexions de bases pour aider à y voir plus clair. les évêques français, selon ce que rapporte le journal, « se démarquent » de la manifestation. Et aussi, il me semble que cette position est faible, et révélatrice d’on ne sait quel complexe d’infériorité . Et je ne dis pas cela pour une défense a priori du sacré, de l’image sacrée. Je crois que dès lors que je couvre avec des excréments le visage de quelqu’un qui est important pour beaucoup de gens, je réalise un acte violent. Non seulement envers l’image, mais envers les gens eux mêmes. […]
On ne peut que ressentir une grande pitié pour la misérable corruption de l’esprit où gît une certaine classe épiscopale dont Mgr D’Ornellas est un des archétypes, qui conclut ainsi son communiqué : « Ne nous trompons donc pas de combat en luttant contre une christianophobie à laquelle on veut nous faire croire. Manifester contre Castelluci est une erreur de perspective. Nous, chrétiens, nous croyons au Christ, Fils de Dieu. Vivre selon notre foi est notre vrai combat quotidien, dans l’amour qui écoute vraiment
Une erreur de perspective ! Saluer le caca d’un artiste pendant 55mn, c’est sans doute être dans la bonne perspective !? […] Il est ahurissant de voir combien des évêques ont perdu le minimum de jugement, contrairement à de simples étudiants comme ce spectateur qui remarque : « Cette pièce est une négation du véritable humanisme, qui est la lutte contre tout ce qui rend bestial l’être humain à l’intérieur comme à l’extérieur de lui. C’est d’ailleurs en tant que négation de l’homme que cette pièce devient une négation de Dieu. A s’attaquer à l’homme, on finit par se retourner contre le Créateur de l’homme : on offense un peintre en lacérant son chef d’oeuvre (c’est d’ailleurs réversible : à s’attaquer à Dieu lui-même, on s’attaque presque nécessairement à ses créatures). » […]
Il est surtout ahurissant de voir combien certains évêques sont outre le déni de réalité, dans l’inconscience des enjeux. Voir de la culture dans l’expression anale de cerveaux malades ou pervers, c’est faire la preuve qu’on est en complet naufrage humain non seulement au sens le plus élémentaire du mot, intellectuel et moral, mais aussi spirituel et pastoral. Car, c’est, de fait, se faire les propagateurs de la scatologie puisque promue au rang d’interlocuteur avec l’Église. C’est, de fait, rentrer dans l’engrenage décrit par saint Augustin : « A force de tout voir l’on finit par tout supporter…A force de tout supporter l’on finit par tout tolérer… A force de tout tolérer l’on finit par tout accepter… A force de tout accepter l’on finit par tout approuver ! » C’est, de fait, collaborer à faire passer, au nom du droit au blasphème considéré comme un acquis par les médias, l’intelligentsia et le pouvoir (de droite comme de gauche), un droit à l’insulte et à l’immondice envers certains citoyens et ce sans restriction. C’est préparer le retour de l’étoile jaune. […]
Au lieu de foncer aveuglément dans la solution magique du “dialogue” à tout prix, Mgr D’Ornellas et ses séides auraient peut-être gagné à relire ce que disait le futur Benoît XVI interrogé par TSR en 1988 lors de la sortie du film de Scorsese : « Non, je ne l’ai pas vu, et je ne veux pas donner un jugement sur une chose que je ne connais pas, seulement peut-être des observations plus générales. La première, c’est de transmettre un roman dans un film. Kazantzaki était un grand chercheur de l’absolu avec un profond désir de Dieu, et dans un roman on peut profondément exprimer une réflexion avec toutes les nuances de l’âme. Dans le film, il y a une dominance de l’image qui peut détruire l’essentiel de cette chose. Deuxième point, il me semble que le respect de la conscience des hommes, des hommes religieux, et du sacré, est aussi une des conditions de la liberté. Je ne sais pas si on a violé cette liberté, mais il me semble que ce n’est pas une atteinte contre la liberté de l’art de parler du respect nécessaire du sacré aussi dans l’art d’aujourd’hui. » […]
Justement, dans ‘Porta Fidei’ que Benoît XVI vient d’écrire, on lit : « Le renouveau de l’Église passe aussi à travers le témoignage offert par la vie des croyants … Nous désirons que cette Année suscite en chaque croyant l’aspiration à confesser la foi en plénitude et avec une conviction renouvelée, avec confiance et espérance …. la foi implique un témoignage et un engagement publics. Le chrétien ne peut jamais penser que croire est un fait privé. »