Dans le numéro de Présent du 9 novembre, Rémi Fontaine apporte sa pierre à l’affaire Castellucci, qui a divisé le milieu catholique et épiscopal :
Pour une fois, un mouvement suscité par des laïcs (AGRIF, Civitas, Renouveau, Action française, Renaissance catholique…) prend de l’ampleur et oppose une réaction visible et légitime de chrétiens (et même au-delà) face à la christianophobie sournoise du soi-disant art contemporain (grassement rémunéré), qu’elle soit explicite ou subliminale (du Piss-Christ au Golgota Picnic en passant par le Concept du visage du Fils de Dieu)…
Or voici que des clercs, cardinaux (Vingt-Trois), évêques (Di Falco, d’Ornellas…) ou abbés (La Morandais…) viennent cracher — au moment où elle prend — dans la mayonnaise de cette réaction plutôt salutaire du pays réel catholique. Avec des arguments assez minables. Je ne prends pas la peine de les redisputer ici pour me placer seulement du point de vue temporel, que nous les laïcs avons mission de « gérer » de manière autonome ! Et dire simplement à ces donneurs de coups de crosse : — Ne ultra crepidam ! Evêques et curés, mêlez-vous de ce qui vous regarde, à savoir l’ordre spirituel et sa juridiction partielle sur le temporel. Mais, de grâce, n’allez-pas nous dire comment on lace sa sandale. C’est notre affaire. Prêchez la croisade (même pacifique) tant que vous voulez, mais n’allez pas décréter comment la faire, même sur vos blogs !
Plus pitoyable encore que la querelle sur le sexe des anges, cette querelle des cathos sur l’excrémentiel subventionné de Castelluci a quelque chose d’ubuesque. Comme si, aujourd’hui, le laïcat chrétien n’était pas assez écrasé entre deux fronts menaçants, deux totalitarismes destructeurs (le laïcisme et l’islamisme), le voici harcelé, neutralisé par le dérisoire totalitarisme de ses propres clercs ! Accompagnés évidemment par des laïcs que le cardinal de Paris appelle les « idiots sympathiques » (en se méprenant aussi bien sur ces sujets que sur les termes léninistes)…
Car enfin, c’est bien une malsaine dialectique (marxiste) que les membres ô combien défaillants du pouvoir spirituel introduisent ici, inopportunément, contre leur camp et leur propre étendard. Dans un combat qui relève en l’occurrence du prudentiel et dont les maladresses éventuelles sont de la paille par rapport à la funeste poutre maîtresse à laquelle il s’attaque et qui relève de la culture de mort.
A l’inverse de ce que profèrent ces contempteurs cléricalistes (dont certains mitrés se sont encore exprimés à Lourdes par la voie de La Croix du 7 novembre), ce sont bien eux les instruments d’une odieuse manipulation. En tant que pères de familles, fidèles du bout du banc mais premiers éducateurs de nos enfants, nous pouvons en juger, nous qui avons vu cette culture de merde envahir nos propres écoles (dites « catholiques ») quand ce n’est pas nos propres églises, Gros-Jean comme devant après l’ouverture de « l’esprit » conciliaire au monde, dont précisément le monde de l’art contemporain ! Les âmes des enfants en ont suffisamment pâti. C’est même à l’origine de la réaction de légitime défense des catholiques de tradition. C’en est donc assez : sans nous et sans nos sous ! Et qu’on n’aille pas nous dire que sous les jets urinaires ou fécaux d’un auteur se trouve du Fra Angelico ou du Péguy !
Gustave Thibon aimait à citer cette parole de Ionesco : « Entre la grâce et la merde, il n’y a pas de milieu ! » Occupez-vous de la grâce, Messeigneurs, nous nous chargeons de la merde ! A la santé des hommes d’arme qui bataillent pour l’honneur du Christ. Et merde, comme dit la chanson, pour ceux qui leur déclarent une mauvaise guerre !