J’ai évoqué hier un certain renouveau traditionnel qui se fait jour en Grande-Bretagne, notamment dans le sens de la réforme de la réforme. Bien que l’information date également du mois d’octobre, je voudrais signaler aujourd’hui un fait très encourageant, qui entre lui plus directement dans l’application du motu proprio Summorum Pontificum : l’utilisation de livres liturgiques antiques en dehors du rite romain.
À l’occasion de l’ordination d’un prêtre de l’Oratoire de Londres, j’ai signalé la présence comme sous-diacre d’un prémontré de Chelmsford, communauté qui a repris les antiques usages de leur ordre concernant la liturgie. Le samedi 22 octobre, c’est une autre forme liturgique antique qui a été célébrée lors du pèlerinage de la Latin Mass Society (LMS) à Oxford au couvent des Dominicains de la légendaire ville universitaire, à Blackfriars Hall.
La messe a effectivement été célébrée selon le rite dominicain qui n’est pas en usage habituellement dans les couvents dominicains aujourd’hui, même si, ici ou là, en France ou aux États-Unis par exemple, son usage revient. Il est en revanche en usage exclusif au couvent de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier de Chémeré-le-Roi (Ecclesia Dei) et de la Fraternité Saint-Dominique de la Haye-aux-Bonshommes à Avrillé (dans la mouvance de la Fraternité Saint-Pie X). On trouvera plus d’informations sur le rite dominicain sur le blog « Dominican Liturgy » (en anglais) et notamment plusieurs photographies de la cérémonie du 22 octobre.
Il est encourageant de noter comment le retour grandissant du rite romain traditionnel s’accompagne du retour des autres rites traditionnels de l’Eglise d’Occident: celui de Sarum pour l’Angleterre, le rite ambrosien pour Milan, le rite lyonnais (célébré par les prêtres “tridentins” de l’église St.-Georges) etc. Tout en provoquant un éclatement de la liturgie par la déritualisation, l’aggiornamento bugninien a en aussi provoqué la paupérisation par l’uniformisation. Curieux pour un courant de pensée qui, au nom du complexe anti-romain, ne parle que de “pluralisme” et de “spécificités des Eglises locales”. Il est heureux que l’Eglise latine retrouve maintenant sa traditionnelle diversité de rites. Le retour du rite “tridentin” montre ainsi un autre de ses bienfaits.