Dans le dernier numéro de la revue Catholica qui vient de paraître, Mgr Gherardini répond à plusieurs questions autour du thème « de la méthodologie de la réforme ». C’est un entretien très intéressant, intellectuellement très riche et qui mérite d’être lu dans son intégralité. On se reportera pour cela à ce numéro 113 de Catholica. Partant du constat que Benoît XVI considérerait, notamment dans son discours du 22 décembre 2005, que la modernité a perdu de son radicalisme initial, conduisant ainsi l’Église a adopté un autre langage pour répondre à une situation historiquement nouvelle, le théologien aborde plusieurs sujets dont celui de la liturgie. Voici ce qu’il dit notamment des formes ordinaires et extraordinaires :
Benoît XVI, en redonnant une légitimité à l’utilisation de l’ordo ancien, a confirmé l’unicité du rite, en distinguant les formes “ordinaire” et “extraordinaire”. Que les choses soient bien claires : il est un peu difficile de considérer comme “extraordinaire” la forme classique dans laquelle, des siècles durant, l’Église a exprimé son culte public. Mais cela n’infirme pas la doctrine sur l’unicité des rites et la duplicité des formes. (…) La personne qui se lancerait dans une analyse rigoureusement critique des deux formes n’aurait normalement pas de difficulté à démontrer que la forme dite “extraordinaire” se distingue substantiellement, au moins en certains passages, de la forme dite “ordinaire ». (…) On sait que l’offertoire est une partie intégrante du sacrifice (…). Et pourtant, sous le prétexte non démontré et historiquement infondé qu’il s’agissait de formules récentes, nouvelles, individualistes et liturgiquement aberrantes, la Messe de “Paul VI” abolit l’offertoire. La science liturgique a essayé de démontrer le contraire ; mais on dispose de manuscrits qui prouvent le caractère erroné de l’analyse : le “Suscipe sancte Pater”, le “Deus, qui humanæ substantiæ”, l’“Offerimus tibi Domine”, le texte “In spiritu humilitatis”, le “Veni sanctificator”, le “Suscipte sancta Trinitas” sont des prières attestées par des manuscrits du IXe siècle. Il n’est pas nécessaire d’écrire des pages, par conséquent, pour démontrer qu’avec le nouvel ordo quelque chose d’intimement lié à l’essentiel et d’enraciné dans la Tradition est diminué.