Après la publication dans une revue professionnelle des circonstances d’une attaque cérébrale à la suite de la prise de la pilule du lendemain (ici sur ce blog), plusieurs associations espagnoles ont réagi en dénonçant le grave manque de prudence du gouvernement Zapatero qui en a autorisé la mise en vente libre.
Bibiana Aido et Trinidad Jimenez |
L’Association nationale des avocats chrétiens (Asociacion Estatal de Abogados Cristianos) entend poursuivre les ministres responsables, Trinidad Jimenez et Bibiana Aido, respectivement ministres de la Santé et de l’Egalité au moment de la décision critiquée, pour « négligences graves ». Il leur est reproché d’avoir autorisé la vente de la pilule sans ordonnance malgré les risques graves et même mortels que cette molécule peut faire encourir à la santé. Risques qui sont connus, précise l’association, depuis plus de trente ans.
Dans le cas de la jeune femme qui a souffert d’une attaque cérébrale peu d’heures après avoir pris la pilule du lendemain, il apparaît en effet qu’un examen médical préalable aurait abouti au refus de la lui prescrire.
Le texte publié par Medicina Clinica raconte comment cette jeune femme de 23 ans est arrivé aux urgences de l’Université autonome de Madrid un matin avec une perte de sensibilité et de forces sur le côté droit du corps, après avoir absorbé la veille dans l’après-midi un comprimé de levonorgestrel de 1,5 mg acheté sans ordonnance. Il précise que la notice ne comportait aucune mise en garde quant aux risques cardiovasculaires, qui sont pourtant bien documentés.
Aux urgences, on a pris connaissance, mais trop tard, des antécédents de la jeune femme : elle souffrait de migraines sans aura, elle était mère d’un enfant né vivant mais avait également eu sept fausses couches de premier et de deuxième trimestre, et elle avait des antécédents familiaux, sa mère ayant eu un ictus d’origine indéterminée à 45 ans. A sa sortie de l’hôpital, la victime présentait toujours un déficit de sensibilité sur tout le côté gauche.
Nombre d’examens permirent d’écarter d’autres causes d’ictus (cholestérol, sérologie, autres problèmes sanguins) même d’autres facteurs prédisposant à la thrombose ont pu ne pas être décelés.
De son côté l’Association espagnole pour la défense du droit à l’objection de conscience (ANDOC) s’est exprimée par la voix de sa présidente, Maria Dolores Gomez Armenteros, qui dans une lettre ouverte aux présidents des Collèges de pharmaciens demande à ceux-ci leur soutien pour obtenir le droit pour les pharmaciens de refuser la vente de la pilule du lendemain.
La lettre dénonce « l’irresponsabilité » de la distribution sans ordonnance en soulignant que la mise en vente libre a provoqué à la fois une « augmentation de la demande (et des bénéfices) et l’“émigration” des patients depuis les centres de santé vers les officines de pharmacie, rendant quasi impossible le suivi thérapeutique ».
La chose est d’autant plus grave que « plus de 30 % des utilisatrices sont mineures ».
Le Dr Gomez Armenteros rappelle que le 7 octobre dernier, c’est l’Agence espagnole du médicament et des produits sanitaires qui a mis en garde contre le risque d’accidents cardio-vasculaires liés à la prise de la pilule du lendemain.
ANDOC rappelle aussi que de nombreux pharmaciens se sont déjà plaints d’avoir à remettre anonymement la pilule, souvent à des mineures qu’ils ne peuvent identifier et en l’absence de tout contrôle médical : ils font aussi état de la demande de la pilule par des garçons, tandis que les réponses agressives avec menaces de dénonciation sont fréquentes lorsque les pharmaciens demandent des précisions.