Retour sur Harry Potter (6)
J’ai commencé la semaine dernière la publication d’une très intéressante interview exclusive de l’auteur catholique bien connu, Michael O’Brien (auteur de Père Elijah) publiée par LifeSite, il y a quelques jours. Elle revient sur le phénomène Harry Potter à l’occasion de la sortie du film qui clôt l’adaptation cinématographique des sept volumes de la série. O’Brien a consacré un livre au phénomène et a réitéré ses critiques ces jours-ci, et s’est trouvé – comme tous ceux qui osent dénoncer les dangers de la série – sous le feu roulant des critiques. Il répond ici aux objections qu’on lui oppose. Je remercie LifeSite pour l’autorisation de traduire et de présenter cette interview au public francophone à travers mon blog. Les propos de Michael O’Brien ont été recueillis par Steve Jalsevac.
Le quatrième est là.
Le cinquième et avant-dernier est ici.
L’interview originale en anglais est sur LifeSite.
S. J. — Certains de nos lecteurs se sont demandé pourquoi un service d’informations à propos des questions de la vie et de la famille, intéressé en priorité par l’avortement et d’autres questions morales, fait des articles sur le phénomène Harry Potter. Qu’en pensez-vous ?
M. O’B. — Pourquoi LifesiteNews a-t-il fait de fréquents articles sur le phénomène d’une série fantastique ? Je crois, pour commencer, que la série des Harry Potter et ses produits cinématographiques et son marketing industriel de produits dérivés, nous met en présence d’un environnement mental de la mort : on pourrait dire une culture de mort. Le monde de Harry Potter est le royaume de la mort, où la mort n’est vaincue que par la mort. Ce message est martelé sans cesse en direction des lecteurs tout au long des sept volumes, et le dernier d’entre eux est une véritable orgie de la mort. Plus important encore, la mort est sans cesse présentée comme la solution face au mal, pas seulement au problème ultime du mal tel que l’incarne Voldemort, mais à bien des moindres maux.
Les lecteurs sont imprégnés de nombreuses fois par des messages explicites et subliminaux selon lesquels la mort violente résoud les problèmes. Il n’y a pas de mort naturelle tout au long de la série, alors que des centaines de personnages, jeunes et vieux, « bons » et « méchants », sont tués, victimes de violences de différentes sortes, magique la plupart du temps. En ce sens la série a une grande portée par rapport à l’avenir du mouvement pro-vie et sa résistance à la culture de mort.
S. J. — Cela reflète-t-il déjà la culture qui a cours ?
M. O’B.— Je dirais que cela est symptomatique des préoccupations de l’auteur et je tendrais à croire que cela représente les peurs inhérentes de son immense auditoire. C’est une incarnation fictive d’une peur fondamentale de la mort, et au-delà d’une peur fondamentale de la vie – un défaut d’espoir. Si une personne se sent absolument seule, abandonnée, orpheline (et telle est la perception de ceux qui n’ont pas le sens de la Paternité de Dieu), alors il ne lui reste qu’à s’emparer de connaissances et de pouvoir illégitimes, et la démolition de toute autorité en dehors de sa propre volonté. De cette manière, le héros fictif et les lecteurs qui s’identifient à lui sont renforcés dans l’idée tragique que seul le pouvoir sauve.
S.J. — Et donc les mouvements internationaux pour l’avortement, l’euthanasie et la dépopulation semblent avoir ces caractéristiques en commun.
M. O’B.— Oui, c’est ce que je dirais. Ils pensent que la mort résoud nos problèmes sociaux, familiaux, économiques, écologiques, politiques et psychologiques. A chaque niveau de la société on nous dit – et cela se fait de la manière la plus puissante par le truchement de la culture – que le fait de prendre injustement une vie humaine est un acte qui sauve.
S. J. — Et où se situe l’homosexualité dans cette perspective ? On sait que Rowling la soutient de manière forte.
M. O’B. — Après la publication du dernier livre de la série, au cours d’une interview à la Carnegie Hall de New York, Rowling a déclaré devant une salle comble que le grand gourou de la série, le Pr Dumbledore, qui est le le professeur principal et le directeur de Poudlard, était gay. Ce détail donné après coup n’était pas présent dans les histoires elles-mêmes, mais cela montre que Rowling veut se placer fermement dans le camp de ceux qui voudraient rejeter l’ordre moral judéo-chrétien. Elle qualifie l’amour insatisfait de Dumbledore pour un autre sorcier mâle de tragédie de sa vie : tragédie parce que cet amour était resté insatisfait.
Tout au long de la série, on est devant un mépris constant de l’autorité sous toutes ses formes. Plus important encore, l’image du père et des figures paternelles est dépréciée à chaque tournant. Vernon Dursley, l’oncle qui est le gardien de Harry Potter pendant ses jeunes années, est un homme grossièrement insensible et abusif. Son « parrain », Sirius Black, donne une image très peu fiable de l’homme mûr. Dumbledore, son père de substition, son gourou, est, nous dit-on, gay, et dans le livre il choisit d’être euthanasié en vue d’éviter la souffrance que Voldemort est sur le point de lui infliger.
Il n’y a pas une seule figure paternelle qui soit morale de manière cohérente dans l’ensemble des tomes de cette saga épique. Le propre père de Harry, un sorcier, fut tué par de la violence magique au moment de la naissance de Harry. J’imagine que l’on pourrait arguer du fait que James Potter était, de manière distante, une bonne figure paternelle, bien qu’il ait été totalement absent tout au long de la vie de Harry. Ce manque invariable de figures paternelles de référence indique peut-être une question non résolue dans la vie de l’auteur elle-même, peut-être pas. Cependant, il n’y a pas de doute que cela vise au cœur de la blessire majeure de l’homme occidental, à savoir les effets dévastateurs de l’absence du père.
Il est maintenant certain que le sentiment de l’absence du père, à cause des pères absents ou abusifs, est un facteur de la vie de beaucoup de personnes qui sont aux prises avec des attractions homosexuelles. Les activistes homosexuels militants (à distinguer des personnes qui éprouvent des attractions homosexuelles et qui s’efforcent de vivre selon le plan de Dieu pour la rédemption) s’allient souvent avec des mouvements pro-avortement et pro-euthanasie agressifs. Les personnes impliquées dans ces mouvements souffrent aussi d’un sentiment d’absence de paternité spirituelle. Les œuvres culturelles qui nient la vie familiale et la véritable maternité et paternité vont jouer un rôle pur étendre ce programme politique aux générations qui arrivent, non tant à travers l’endoctrinement politique qu’à travers la création de figures de référence qui incarnent le relativisme moral. Les trois formes de révolution sociale reflètent le manque de foi en la paternité de Dieu, qui dans l’univers réel, l’univers hiérarchisé, s’incarne à travers l’autorité spirituelle, et diverses vocation, y compris celle des pères de famille.
Je crois que la série des Harry Potter nous révèle qu’il est temps que nous autres, hommes, découvrions l’authentique paternité spirituelle, et que nous défendions nos familles – on pourrait appeler cela la défense contre l’art de la magie noire.
Fin.
© leblogdejeannesmits pour la traduction ; Lifesite pour l’interview réalisée par Steve Jalsevac.
Madame,
Vous indiquez des liens vers un site d'achat de “HP et l'ordre des ténèbres” de Mona Mikael.
Pour une critique de Harry Potter c'est assez étonnant ! Au cas où vous voudriez savoir comment vendre votre âme au diable, tout y (HP et l'ordre des ténèbres) est écrit. Si vous vous demandez si il l'acceptera, vous saurez quelles âmes lui plaisent le plus. Si vous voulez trouver le titre d'un livre qui traite de magie et qui est magique vous l'y trouverez aussi. Rien de cela ne se trouve dans Harry Potter (et j'ai découvert moi-mêm ces choses en lisant HP&OdT). Sans compter que les erreurs de jugement de l'auteur (Sévérus rogue en bon serviteur loyal de voldemort par ex.) montrent assez la pertinence de cette analyse.
Cordialement,
François QUIN
Pas vraiment d'accord avec vous. Harry Potter justifie la magie et la sorcellerie, regorge de morts et d'esprit morbide, et incite les jeunes à s'intéresser à ce monde (par internet et par quelques mots clefs autour de la série, on tombe sur des sites très dangereux et outrageusement blasphématoires).
Ayant lu le livre de Mme Mikaël je suis frappée par la profondeur de ses analyses qui s'adressent, cela va de soi, à des personnes averties ou qui devraient l'être dès lors qu'il s'agit de prendre la mesure de livres lus par leurs enfants.
Effectivement, la série elle-même reste discrète par rapport aux séductions exercées par le diable.Le jeu est plus subtil; comme le montre Mona Mikaël.
Même si je ne partage pas d'emblée toutes les analyses de celle-ci, j'estime son travail indispensable.
Et pour ce qui est de savoir quelles âmes plaisent au diable, c'est Notre Seigneur lui-même qui donne la réponse en parlant de ceux qui « n'entreront pas au royaume des cieux », non ?