En premier lieu la revue s’attarde sur la description des organes sexuels et de leur fonctionnement. D’emblée on est interpellé par l’absence de toute considération morale, comme si cette sphère du comportement humain ne devait pas être régi par la conscience droite et la tension de la volonté vers le bien. S’il est question de responsabilité, celle-ci n’est pas considérée en fonction de paramètres objectifs d ordre moral.
On lit à la page 13 qu’il y a divers types de familles et qu’aucun n’est meilleur que les autres ; tous sont bons. Le texte parle de familles avec deux papas, deux mamans, un papa et une maman, un papa seul, une maman seule. Ici se fait jour une confusion, puisque la situation n’est pas la même lorsque l’un des parents fait défaut en raison d’une séparation ou d’un veuvage, que lorsque l’on se trouve dans le cadre de formes anti-naturelles d’union présentées aujourd’hui comme des familles. On constate ici la conséquence pédagogique funeste de la loi qui, l’an dernier, a altéré l’essence du mariage.
Dans cette publication, on présente la masturbation comme quelque chose d’absolument normal, voire nécessaire dans le développement de la puberté. On la compare à la façon dont les bébés se touchent pour découvrir leur corps : c’est de la même manière que les adolescents recherchent des sensations agréables. Ici non plus, il n’est pas question de la moindre considération d’ordre moral.
Quant aux relations sexuelles des adolescents, la revue signale qu’ils ont le droit de décider du moment où ils s’initieront à de telles expériences. Il n’est pas question de les orienter : on constate seulement que certains garçons et certaines filles décident d’avoir des relations, que d’autres préfèrent attendre le mariage, comme si tout cela était exactement pareil. Le contexte permet d’observer que l’insistance sur le fait de « faire attention à soi », étranger à toute évaluation morale, équivaut à une promotion voilée des relations sexuelles prématurées.
La publication fait preuve d’une obsession à propos du préservatif. On y parle de tous les moyens anticonceptionnels, mais surtout du préservatif, considéré comme seul efficace pour prévenir la grossesse et les maladies sexuellement transmissibles, y compris le sida. Diverses pages sont consacrées à la nécessité d’y avoir recours, avec des instructions précises. En contradiction avec des données scientfiques certaines, on occulte le fait que le préservatif n’est pas d’une efficacité absolue, surtout lorsqu’il s’agit d’empêcher l’infection par le virus du sida.
Par ailleurs, il n’y a aucune référence explicite à la finalité même de la sexualité, liée en tant que valeur authentiquement humaine à l’amour, au mariage, à la famille. On admet que l’existence de couples adolescents est quelque chose de normal. On en parle ni de vertus, ni de continence, ni de chasteté.
Il y a d’autres erreurs scientifiques très graves. Il est dit, à la page 25, que la pilule anticonceptionnelle hormonale d’urgence – la pilule du lendemain – n’affecte en rien l’embryon, mais ne fait que retarder l’ovulation et l’épaisseur de la muqueuse du col de l’utérus pour empêcher la rencontre du spermatozoïde avec l’ovule pour éviter ainsi la grossesse. Ce n’est pas vrai ! Tout le monde sait que les substances chimiques contenues dans cette pilule empêchent la nidation de l’embryon si la fécondation a eu lieu, provoquant ainsi un avortement très précoce.
Autre chapitre : on présente la sexualité comme un éventail d’opinions. Dans cette notion apparaît la perspective du genre et le constructivisme qui imprègne les programmes de diverses matières scolaires. Selon cette doctrine « officielle », il y a diverses manières de vivre la sexualité et toutes sont également bonnes ; il ne serait pas opportun, ici, d’exprimer une quelconque qualification morale négative. On prétend – c’est clair – faire passer le comportement homosexuel comme une conduite qui a la même valeur que l’hétérosexualité.
Cette publication est inacceptable. Le ministère de l’Education de la Nation s’immisce dans les foyers argentins avec une proposition dénuée de sens moral. Il faut espérer qu’elle se heurte au sens commun de la majorité de parents, qui ne sont pas encore esquintés par les idéologues. Il est regrettable qu’on ait laissé se perdre une magnifique occasion de faire les choses bien.
Mgr Hector Aguer
Archevêque de La Plata, Argentine
© leblogdejeannesmits ; traduction par mes soins.
J’approuve entièrement les propos et l’analyse de Mgr Aguer. Mais combien sommes-nous à adhérer à ce discours ?
A l’occasion d’une réunion de parents d’élèves dans le cadre d’une école catholique sur le thème de l’éducation sexuelle, j’ai vécu un grand moment de solitude. J’étais le seul à défendre les valeurs de la chasteté avant le mariage (ou à oser le dire) et je faisais figure de « has been ». La majorité des parents a démissionné pour défendre ces valeurs d’un autre temps. Les relations sexuelles des adolescents sont un quasi état de fait. Il s’agit de promouvoir « une éthique » de ces relations.