Jean-Paul II à Lourdes : dernier voyage en France © photo : Olivier Figueras |
Il y a six ans mourait Jean-Paul II… La mort d’un père.
Je sais qu’il y a de multiples raisons pour cette béatification mais ici, sur ce blog, j’aimerais rappeler le rôle crucial joué par Jean-Paul II pour dénoncer et contrer ce qui est sans doute ici-bas une des pires attaques contre l’être (et pas seulement l’être humain) qui se soit produite depuis le début de l’humanité.
Ce qu’il appelait, avec un sens de la formule véritablement inspiré, la « culture de mort ».
Jamais, au cours de l’histoire de l’humanité, on n’avait assisté à une inversion des réalités et du sens des mots comparable à celle qui voudrait nous faire croire que la différence entre l’homme et la femme est seulement une construction culturelle. Rendre les gens à la fois interchangeables, mutuellement hostiles et toujours en compétition, c’est la négation cynique du plan de Dieu qui nous a créés à son image et à sa ressemblance, au sein d’une réalité familiale qui reflète sa réalité familiale, parfaite communion d’amour.
Voici ce que disait Jean-Paul II à Puebla, le 28 janvier 1979, lors de sa visite au Mexique :
« Notre Dieu, dans son mystère le plus intime, n’est pas une solitude, mais une famille, puisqu’il porte en lui-même la paternité, la filiation et l’essence de la famille qu’est l’amour. »
Jamais on n’a autant refusé cette vie de Dieu et cette vie qu’Il veut donner en abondance, sur tous les plans. On a décrié Jean-Paul II comme un pape moraliste, parce qu’il s’est exprimé de manière traditionnelle et – pense-t-on – rigoriste, sur la morale sexuelle. En condamnant non seulement toute atteinte à la vie naissante mais aussi toute contraception qui ferme la porte à la vie au cours de l’union conjugale, Jean-Paul II s’inscrivait dans la logique profonde de cette vision de la Très sainte Trinité.
On sait que le pape polonais, alors qu’il était encore archevêque de Cracovie et interdit de sortir de la Pologne, a joué un rôle-clef dans l’élaboration de l’encyclique Humanae Vitae. D’aucuns ont pu dire que jusqu’à 60 % de son texte trouve son origine dans les travaux de Karol Wojtyla et de ceux qui réfléchissaient avec lui à la manière de présenter l’enseignement – si difficile, si contraire à l’esprit du temps – de l’Eglise sur la chasteté conjugale. Selon son biographe, George Weigel, c’est inexact. L’encyclique, tout en étant profondément influencée par leurs positions, alors que la mode était à une tentative d’aménagement de l’enseignement de l’Eglise, est restée en deçà de la très riche vision de Wojtyla.
Mais que cet homme-là ait ensuite été appelé à la chaire de Pierre et qu’il ait ouvert son pontificat par une catéchèse sur la « Théologie du corps » est assurément un signe.
Et un signe de contradiction face aux pires errements de notre temps.
Le pontificat de Jean-Paul II fut riche en documents sur la bioéthique et marquée par son amitié avec le Pr Jérôme Lejeune, ce qui me semble fait de lui le pape du respect de la vie.
Jean-Paul II est le pape d’Evangelium vitae. Souligne-t-on avec assez de force la solennité qu’il a donnée à son affirmation du respect que nous devons à toute vie humaine innocente ? Il y invoque la propre autorité de Pierre, entouré de tous les évêques de l’Eglise ; c’est un principe qui ne souffre aucune contradiction :
« Par conséquent, avec l’autorité conférée par le Christ à Pierre et à ses Successeurs, en communion avec tous les évêques de l’Eglise catholique, je confirme que tuer directement et volontairement un être humain innocent est toujours gravement immoral. Cette doctrine, fondée sur la loi non écrite que tout homme découvre dans son cœur à la lumière de la raison (cf. Rm 2, 14-15), est réaffirmée par la Sainte Ecriture, transmise par la Tradition de l’Église et enseignée par le Magistère ordinaire et universel.
« La décision délibérée de priver un être humain innocent de sa vie est toujours mauvaise du point de vue moral et ne peut jamais être licite, ni comme fin, ni comme moyen en vue d’une fin bonne. En effet, c’est une grave désobéissance à la loi morale, plus encore à Dieu lui-même, qui en est l’auteur et le garant ; cela contredit les vertus fondamentales de la justice et de la charité. “Rien ni personne ne peut autoriser que l’on donne la mort à un être humain innocent, fœtus ou embryon, enfant ou adulte, vieillard, malade incurable ou agonisant. Personne ne peut demander ce geste homicide pour soi ou pour un autre confié à sa responsabilité, ni même y consentir, explicitement ou non. Aucune autorité ne peut légitimement l’imposer, ni même l’autoriser.” »
Ce blog, à sa modeste façon, tente de présenter toujours l’actualité à la lumière de cette vérité que le successeur de Pierre a rappelée avec une force aujourd’hui insolite de la part d’un Pape.
Jean-Paul II fut un bloc de prière en même temps qu’une fenêtre sur le ciel, jusque dans sa plus grande faiblesse et son apparente déchéance. Ses dernières années furent un modèle de la vraie dignité humaine et le signe de la véritable signification de la mort. Ce pape ne nous fut pas donné par hasard. Il est une vivante réponse aux questions que l’humanité seule, sans Dieu, ne sait résoudre autrement que dans la barbarie et dans la loi du plus fort. Notre monde a besoin de lui. Et il me semble que c’est pour cela que l’Eglise choisit de le béatifier.