Une étude réalisée par la faculté de psychologie de l’Université de la République (UdelaR, Uruguay) révèle que les professionnels de la médecine sont « incommodés » par la pratique de l’avortement volontaire, d’après une enquête réalisée sur le terrain en 2009 et 2010 par Alejandra Lopez Gomez et Elina Carril Berro.
Si jadis, observent les psychologues, la peur devant un acte illégal faisant risquer la prison à celui qui le perpétrait était dominante dans l’attitude des personnels médicaux par rapport à l’avortement, cet élément a disparu et ils ne se sentent plus obligés de dénoncer les patientes qui y ont recours. Mais ils affirment un malaise par rapport à l’avortement lui-même.
« Ce malaise » s’enracine selon Elina Carril Berro, interrogée par le quotidien uruguayen El Observador dans le fait qu’ils « sentent qu’ils ont été formés pour apporter leur aide au processus de la naissance, et l’avortement leur apparaît comme à l’inverse de cela ».
Face à cette réalité de la conscience, le matraquage féministe a pourtant eu raison de certaines formes de réticence. Même si elles ne l’expriment pas exactement ainsi, les chercheuses expliquent que trois facteurs ont fait évoluer le corps médical d’une franche hostilité vers une acceptation de la « dépénalisation » de l’avortement : le fait que le thème soit devenu plus « visible » en raison du militantisme féministe depuis l’an 2000, la mobilisation des « Initiatives sanitaires » de l’hôpital Pereira Russelle, et la mise en place du misoprostol comme alternative à l’avortement chirurgical, ce moyen chimique permettant à la femme d’avorter sans intervention directe du médecin.
Les « femmes médecins ont tendance à ne pas juger » ; infirmières et psychologues féminines tendent à faire preuve de davantage de « sensibilité et d’empathie pour la femme qui se trouve dans cette situation, même si elles sont opposées à la pratique de l’avortement », relèvent enfin les chercheuses.
Il n’empêche : dès lors qu’il s’agit de passer à l’acte, les médecins uruguayens répugnent à donner la mort.
Et je ne résiste pas au plaisir de vous montrer l’image par laquelle le quotidien de Montevideo illustre son article – mieux qu’un long discours :