Rectificatif : le titre de cet article paru dans Présent daté du samedi 12 mars a été publié par erreur, dans sa version internet, sans son point d’interrogation, ce qui en change radicalement le sens. Nul ne peut dire à l’heure qu’il est si Philippe Isnard va subir une sanction sévère, une sanction symbolique, ou pas de sanction du tout.
Philippe Isnard est menacé de révocation de l’Education nationale pour avoir montré ce qu’est un avortement, et attend désormais de savoir si une sanction va lui être appliquée. La commission paritaire chargée d’examiner son cas s’est réunie – longuement – au rectorat de l’Académie d’Aix-Marseille mercredi. Enseignant l’histoire et l’éducation civique en seconde, il avait, comme le programme l’y oblige, organisé un débat de société et – comme il l’avait fait les années précédentes – il avait choisi d’aborder la loi Veil avec ses élèves au premier trimestre de cette année scolaire.
Le tort de Philippe Isnard aura été de montrer des images d’avortement. Photos saisissantes, dérangeantes évidemment, si bien qu’avant le visionnage il avait proposé aux élèves de quitter la salle s’ils préféraient ne pas y assister. Il s’agissait notamment de photos d’avortements tardifs intégrées dans une vidéo pro-vie, s’ajoutant aux autres documents concernant la loi Veil et la légalisation de l’avortement que les élèves pouvaient librement apportés ou qui étaient fournis par le professeur. Cela fait à l’évidence partie de l’état de la question. Mais quelques parents d’élèves ont violemment attaqué le professeur auprès de sa hiérarchie et on se souviendra qu’il fut provisoirement suspendu le 24 novembre dernier, suspension accompagnée d’une campagne médiatique virulente contre l’homme qui a osé s’attaquer au tabou sur l’avortement.
La commission paritaire qui s’est tenue mercredi, pour décider d’une éventuelle sanction plus lourde, voire définitive (ou bien, puisque c’est encore possible, pour blanchir totalement Philippe Isnard de toute faute dans cette affaire), a été d’une exceptionnelle longueur. De 14 heures à 21 h 30 s’est livrée une bataille de mots, intense, fondamentale.
Car la question est de savoir s’il est possible, aujourd’hui, pour un enseignant français, d’émettre à propos de la loi Veil autre chose que des propos laudateurs. Philippe Isnard n’a-t-il pas reçu une lettre du ministre Luc Chatel affirmant que les professeurs qui dépendent de l’Education nationale n’ont pas le droit de remettre en cause la loi sur l’avortement ?
La sanction de Philippe Isnard alourdirait encore le tabou. Elle imposerait donc encore bien davantage l’obligation de se courber devant « le droit à l’avortement, conquête des femmes » qui est déjà affirmé dans les manuels scolaires de nos collégiens. Elle empêcherait tout débat.
Soit dit en passant, elle interdirait aussi la diffusion dans le cadre scolaire du film 4 mois, 3 semaines, 2 jours, primé par l’Education nationale, qui montre en images un avortement tardif…
Si la sanction tombe, alors toute critique de toute loi est scandaleuse. Et les commissions paritaires auraient du pain sur la planche !
Mais pour l’heure, Philippe Isnard est dans l’attente. Il a traversé l’épreuve houleuse de l’audience, aux côtés de son avocat Rosny Minvielle et des témoins dont il a été prié de fournir la liste dix jours avant le 9 mars, la réciproque n’étant pas vraie. L’administration avait elle aussi ses témoins, dévoilés à l’audience seulement. Egalité de traitement ?
Mais ce n’est pas la seule irrégularité de cette affaire. Alors que seuls les recteurs d’Académie sont compétents pour prononcer une sanction comme la suspension provisoire qui a démarré, pour Philippe Isnard, le 24 novembre dernier, il se trouve que c’est le ministre lui-même qui a pris la décision en réponse à la pression médiatique. Et le recteur d’Académie a simplement suivi, plusieurs jours plus tard.
Justice ? Ni Philippe Isnard, ni son avocat n’ont eu accès aux pièces authentiques du dossier : cela leur a été refusé.
Voilà donc une affaire dont le déroulement montre à quel point elle est politique.
Les 38 personnes qui ont assisté à la commission paritaire, tout comme le ministère de l’Education nationale, sont tenus au secret en ce qui concerne l’audience ; la commission donnera un avis non contraignant. On n’en dira donc pas davantage pour l’heure.
En revanche, le service de communication du rectorat d’Aix-Marseille m’a précisé que les délais de notification de la décision à Philippe Isnard pourraient atteindre plusieurs semaines. Si sanction il y a et si elle est relativement clémente, c’est le recteur d’Académie qui la prononcera. Si elle est plus sévère – de « niveau 3 ou 4 », l’affaire remontera au ministre qui serait alors chargé de prendre la décision.
Tout cela, la vie professionnelle d’un homme en jeu, parce que nos jeunes ne doivent pas savoir ce qu’est l’avortement, ce qu’il leur fait, ce qu’il détruit. Non : l’Education nationale est juste là pour leur apprendre leurs « droits sexuels » et pour indiquer qu’en cas de pépin, le Planning familial n’est pas loin.
• Cet article a paru dans Présent daté du 12 mars 2011.
• Je signale aussi la création du blog proviefrance.blogvie.com, le blog de la nouvelle association Provie France créée à l’initiative de Philippe Isnard et quelques amis. Le blog publie une mise au point sur la situation de celui-ci.