Elle appartient à la première maternité privée de la région lyonnaise, Natecia. Située dans une véritable ville-hôpital construite par un milliardaire chinois, elle est à 30 km de Pékin et a pour ambition de réaliser 2.500 accouchements par an, en faisant diminuer de manière drastique le taux de césariennes par rapport à celui actuellement observé dans la capitale chinoise (50 % environ) et en permettant des accouchements en salle individuelle, en présence des pères. Préparation à la naissance, consultations préalables, cours de Yoga, tout est prévu…
On reste songeur devant cette initiative qui cherche à faire prendre racine à la médecine française au pays de l’enfant unique, des stérilisations et des avortements forcés. Elle est évidemment d’ordre commercial, même si des consultations à 0,80 centimes d’euro et des accouchements tarifés à 30 euros peuvent ne pas paraître très lucratifs… L’investissement total de « Yanda Health City », complexe démesuré voué uniquement à la santé, s’élève à 1,6 milliard d’euros. C’est elle qui fournit les locaux, l’équipe française de Natecia se chargeant de la gestion.
Le site de Natecia évoque discrètement la question des avortements en Chine en expliquant que le service de « planning familial », qui ouvrira ses portes d’ici à quelques semaines – avant même les premiers accouchements prévus en juin si la paperasserie administrative chinoise suit – cherchera avant tout a faire baisser le nombre d’avortements, puisque 55 % des Chinoises y ont recours aujourd’hui.
L’objectif peut paraître louable mais on sait que la contraception ne s’accompagne pas nécessairement d’une baisse des avortements, loin s’en faut – choisir l’« exemple » français pour cela relève carrément de la plaisanterie. Et dans un pays où l’avortement vient mettre un terme forcé aux grossesses de trop, cela peut-il relever d’autre chose que de l’utopie ?
Autre sujet d’interrogation : la maternité comportera un centre de PMA (procréation médicalement assistée) – il n’y en a qu’une cinquantaine en Chine – avec, pour les médecins et personnels français qui pourraient se rendre là-bas, une question à résoudre : la mettront-ils au service du choix du sexe de l’enfant dans un pays qui élimine une part importante de ses petites filles à naître ? Et lorsque à terme ouvrira son centre de chirurgie gynécologique, à quoi servira-t-elle ?
Le site du groupe de santé Noalys, propriétaire de Natecia, ne juge en tout cas pas utile de communiquer à ce sujet en annonçant la naissance, lors du Nouvel an chinois le 2 février dernier.
On retiendra en revanche ce paragraphe laconique, semble-t-il inexact dans sa présentation des dérogations accordées pour la naissance d’un deuxième enfant (voir post suivant) :
Natecia au pays de l’enfant-Roi…
En Chine, les enfants uniques surnommés les « petits empereurs » sont gâtés, choyés, surprotégés… Ce pays a su freiner son expansion démographique en appliquant des mesures drastiques mais aujourd’hui elle accorde des dérogations aux minorités ethniques et bientôt aux couples lorsque les deux parents sont eux-mêmes enfant unique. Ces assouplissements seront autorisés à partir de cette année. La maternité Natecia Chine a donc un bel avenir devant elle.
De plus, l’information sur les différents moyens de contraception est une priorité, que nos équipes ont décidé de prendre à bras le corps, afin de limiter le taux d’avortement (plus de 55% femmes Chinoises).
Bravo, donc, à la Chine qui a « su freiner son expansion démographique ». C’est en tout cas ce qu’en pense Natecia. Et vous ?