Benoît XVI évoque le syndrome post-avortement et le sang du cordon.
Benoît XVI a reçu, aujourd’hui à midi dans la Salle Clémentine, les participants à la XVIIe Assemblée générale de l’Académie pontificale pour la vie. Je vous propose ci-dessous ma traduction intégrale du discours qu’il a prononcé à cette occasion en abordant deux thèmes majeurs de ces journées : le syndrome post-avortement et l’utilisation du sang du cordon à des fins thérapeutiques et de recherche. C’est un texte important, pour l’heure introuvable en français. S’agissant ci-dessous d’une traduction non-officielle, merci de ne pas la copier-coller mais de renvoyer ici sur ce blog afin qu’elle soit toujours accompagnée de cet avertissement.
Je vous accueille avec joie à l’occasion de l’Assemblée annuelle de l’Académie pontificale pour la vie. Je salue particulièrement son président, Mgr Ignacio Carrasco de Paula, et je le remercie pour ses aimables paroles. A chacun je souhaite cordialement la bienvenue ! Au cours des travaux de ces journées vous avez abordé des thèmes d’une grande actualité, qui interrogent en profondeur la société contemporaine et la défient de trouver des réponses toujours plus conformes au bien de la personne humaine. La thématique du syndrome post-abortif – qui désigne le grave malaise psychique qu’expérimentent fréquemment les femmes qui ont eu recours à l’avortement volontaire – révèle la voix irrépressible de la conscience morale, et la très grave blessure subie par celle-ci chaque fois que l’action humaine trahit l’appel inné au bien de l’être humain, dont celle-ci témoigne. Il serait aussi utile, dans le cadre de cette réflexion, de porter l’attention sur la conscience, si souvent obscurcie, des pères des enfants, qui si souvent laissent les femmes enceintes seules
La conscience morale – enseigne le Catéchisme de l’Eglise catholique – est le « jugement de la raison par lequel la personne humaine reconnaît la qualité morale d’un acte concret qu’elle va poser, est en train d’exécuter ou a accompli » (n° 1778). C’est en effet la tâche de la conscience morale que de discerner entre le bien et le mal dans diverses situations de l’existence afin que, sur la base de ce jugement, l’être humain puisse librement s’orienter vers le bien. A ceux qui voudraient nier l’existence de la conscience morale de l’homme, en réduisant sa voix au résultat du conditionnement externe ou à un phénomène simplement émotif, il est important de répéter que la qualité morale de l’agir humain n’est pas une valeur extrinsèque ou facultative, et qu’il ne s’agit pas davantage d’une prérogative des chrétiens ou des croyants, mais qu’elle réunit tous les êtres humains. Dans la conscience morale, Dieu parle à chacun et l’invite à défendre la vie humaine à tout moment. C’est dans ce lien personnel avec le Créateur que se trouve la dignité profonde de la conscience morale et la raison de son inviolabilité.
Dans la conscience, l’homme tout entier – intelligence, émotivité, volonté – réalise sa propre vocation au bien, c’est pourquoi le choix du bien ou du mal dans les situations concrètes de l’existence finissent par marquer profondément la personne humaine dans toutes les expressions de son être. L’homme tout entier, en effet, est blessé quand son agir de développe en opposition avec ce que lui dicte sa propre conscience. Cependant, même quand l’homme rejette la vérité et le bien que le Créateur lui propose, Dieu ne l’abandonne pas, mais, précisément à travers la voix de la conscience, continue de le chercher et de lui parler, afin qu’il reconnaisse l’erreur et s’ouvre à la Miséricorde divine, qui est capable de guérir n’importe quelle blessure.
Les médecins, en particulier, ne peuvent pas se soustraire à leur grave obligation de protéger de l’erreur la conscience de beaucoup de femmes qui pensent trouver dans l’avortement la solution à des difficultés familiales, économiques, sociales, ou à des problèmes de santé de leur enfant. Spécialement dans cette dernière situation, la femme est souvent persuadée, parfois par les médecins eux-mêmes, que l’avortement est non seulement un choix moralement licite, mais qu’il est même un acte « thérapeutique » vertueux en vue d’éviter des souffrances à l’enfant et à sa famille, et un poids « injuste » pour la société. Sur un fonds culturel caractérisé par l’éclipse du sens de la vie, où s’est beaucoup atténuée la perception commune de la gravité morale de l’avortement et des autres formes d’attentat contre la vie humaine, il faut aux médecins une force particulière pour continuer d’affirmer que l’avortement ne résout rien, mais tue l’enfant, détruit la femme et aveugle la conscience du père de l’enfant, et saccage souvent la vie familiale.
Cette tâche, toutefois, ne concerne pas seulement la profession médicale ou les travailleurs de la santé. Il est nécessaire que la société tout entière se mobilise pour la défense de la vie de l’être humain conçu et du bien véritable de la femme, qui ne pourra jamais, en aucune circonstance, trouver son accomplissement dans le choix de l’avortement. Pareillement, il faudra – comme l’indiquent vos travaux – ne pas laisser que les aides nécessaires fassent défaut aux femmes qui, trop souvent, ayant eu recours à l’avortement, en expérimentent maintenant tout le drame moral et existentiel. Les initiatives sont multiples, au niveau des diocèses ou de la part d’entités fondées sur le volontariat, qui offrent un soutien psychologique et spirituel pour obtenir une complète récupération humaine. La solidarité de la communauté chrétienne ne peut renoncer à ce type de coresponsabilité.
Je voudrais rappeler à ce propos l’appel qu’avait lancé le vénérable Jean-Paul II aux femmes qui ont eu recours à l’avortement : « L’Eglise sait combien de conditionnements ont pu peser sur votre décision, et elle ne doute pas que, dans bien des cas, cette décision a été douloureuse, et même dramatique. Il est probable que la blessure de votre âme n’est pas encore refermée. En réalité, ce qui s’est produit a été et demeure profondément injuste. Mais ne vous laissez pas aller au découragement et ne renoncez pas à l’espérance. Sachez plutôt comprendre ce qui s’est passé et interprétez-le en vérité. Si vous ne l’avez pas encore fait, ouvrez-vous avec humilité et avec confiance au repentir: le Père de toute miséricorde vous attend pour vous offrir son pardon et sa paix dans le sacrement de la réconciliation. C’est à ce même Père et à sa miséricorde qu’avec espérance vous pouvez confier votre enfant. Avec l’aide des conseils et de la présence de personnes amies compétentes, vous pourrez faire partie des défenseurs les plus convaincants du droit de tous à la vie par votre témoignage douloureux. » (Enc. Evangelium vitae, 99.)
La conscience morale des chercheurs et de toute la société civile est intimement impliquée, également, dans le deuxième thème visé par vos travaux : l’utilisation des banques de cordons ombilicaux, dans le domaine clinique et dans celui de la recherche. La recherche médico-scientifique est une valeur, et même un devoir, non seulement pour les chercheurs mais pour l’ensemble de la communauté civile. Il en résulte, pour les institutions le devoir de promouvoir des recherches acceptables sur le plan éthique, et la valeur de la solidarité des individus qui participent à une recherche orientée vers la promotion du bien commun. Cette valeur, et la nécessité de cette solidarité, se constatent fort bien dans le cas de l’utilisation des cellules-souches provenant du cordon ombilical. Il s’agit d’applications cliniques importantes et de recherches prometteuses sur le plan scientifique, mais qui, pour leur réalisation, dépendent beaucoup de la générosité des dons de sang du cordon au moment de l’accouchement et de l’adaptation des structures pour rendre effective la volonté de donation de la part des parturientes. Je vous invite donc tous à vous faire les promoteurs d’une véritable et consciente solidarité humaine et chrétienne.
A ce propos, beaucoup de chercheurs en médecine considèrent justement avec perplexité la floraison croissante de banques privées de conservation de sang du cordon en vue d’une utilisation autologue exclusive. Cette option – comme le démontrent les travaux de votre Assemblée – outre qu’elle est dépourvue d’une réelle supériorité scientifique en regard de la donation du cordon, affaiblit l’authentique esprit de solidarité qui doit toujours animer la recherche du bien commun vers lequel tendent, en dernière analyse, la science et la recherche médicale.
Chers Frères et Sœurs, je renouvelle l’expression de ma reconnaissance au Président et à tous les membres de l’Académie Pontificale pour la Vie pour la valeur scientifique et éthique de vos efforts au service de votre charge ordonnée au bien de la personne humaine. Mon souhait est que vous mainteniez toujours vivant l’esprit de service authentique qui rendent les cœurs et les esprits sensibles à la reconnaissance des besoins des hommes, nos contemporains. A chacun de vous et à tous ceux qui vous sont chers j’accorde de grand cœur la Bénédiction Apostolique.
© leblogdejeannesmits pour la traduction.