Eh bien, l’affaire progresse. Après les 12 cas de personnes atteintes de maladies dégénératives mais non mortelles répertoriés dans le dernier rapport officiel sur la pratique de l’euthanasie aux Pays-Bas, et après de multiples réunions de lobbying pour persuader les gens qu’ils doivent se prémunir pour obtenir leur propre mise à mort malgré un état de démence, la fédération d’associations de médecins KNMG a pris position pour dire qu’il y a de « la place » pour les demandes d’euthanasie résultant d’un sentiment de fatigue, de la diminution des capacités, de la solitude, d’un état de confusion ou encore de l’état grabataire et que ces demandes peuvent être honorées, rapporte le Reformatorisch Dagblad.
Il n’est nullement besoin d’être atteint d’une maladie particulière pour souffrir de manière « insupportable », assure le KNMG, or cette souffrance constitue le critère le plus important pour obtenir l’euthanasie.
Cette déclaration publiée il y a une semaine et demie répond à la campagne menée depuis plusieurs mois par Uit vrije wil (« De plein gré ») qui réclame le droit à l’euthanasie dès 70 ans pour les personnes « fatiguées de vivre », sans aucune affection médicale. Certes les médecins ne vont pas totalement dans le sens de cette organisation. Ils continuent d’exiger la présence d’une maladie comme « l’une des raisons » devant justifier la demande d’euthanasie, cela étant défini comme « un état que l’on peut définir comme relevant d’une maladie ou d’une combinaison de maladies et (ou) d’affections diverses ».
Ainsi il ne suffit pas d’avoir 99 ans et de ne pas vouloir devenir centenaire pour obtenir la mise à mort, précise – et encore heureux – le KNMG. Il exige, mais on pourrait dire qu’il se contente désormais de ce que l’on avance une combinaison de problèmes médicaux et non-médicaux, dont aucun ne comporte en soi un risque pour la vie et dont aucun n’est fatal, mais qui mis bout à bout peuvent entraîner l’absence de perspectives et des souffrances insupportables telles que les définit la loi.
Il s’agit donc d’une évolution par rapport aux directives définies en 2002, date à laquelle le Haut Conseil posait que l’euthanasie n’était possible que lorsque les souffrances pouvaient être attribuées à « une ou plusieurs maladies ou affections corporelles ou psychiques ».
Pour le KNMG, cela est maintenant dépassé : en 2010, assure la fédération, les vérifications des euthanasies par la commission ad hoc montrent que l’on a adopté « un nouveau regard ». C’est bien ce que je disais ici après avoir lu le rapport sur les euthanasies pratiquées en 2010, en soulevant un fait auquel personne dans la presse ne semblait prêter attention : aujourd’hui, on euthanasie déjà des personnes qui ne supportent pas le fait de devenir « démentes ».
Les chrétiens-démocrates du CDA se disent aujourd’hui choqués par cette évolution de l’avis des médecins néerlandais, affirmant qu’ils préfèrent s’en tenir à un critère de souffrance sans espoir d’amélioration et insupportable qui soit facile à constater par le médecin. « L’addition des ennuis de santé et des affections diverses ouvre la porte à une application plus subjective de l’euthanasie. »
Preuve que les démo-chrétiens ne comprennent pas toujours la conséquence de leurs choix : une fois le principe du respect de la vie déclinante rejeté, pourquoi s’arrêter à telle ou telle étape ?