Erreurs sur le moindre mal
Dans l’affaire des propos du Pape sur le préservatif, on a abusivement fait intervenir la notion du « moindre mal ». Il vaudrait mieux (et constituerait donc un moindre mal ou au moins un commencement de bien) pour un prostitué ou d’ailleurs – au fur et à mesure des discussions, c’est là qu’on a abouti – pour une personne séropositive, avoir des rapports sexuels désordonnés avec un préservatif pour réduire le risque de contaminer son partenaire. (Ce n’est pas exactement ce que Benoît XVI a dit : il a parlé d’un début de prise de conscience morale dans des cas où l’acte sexuel est perçu par ceux qui le pratiquent comme n’ayant aucune dimension morale.)
Mais qu’est-ce que le moindre mal ?
Je trouve citée sur internet (hélas pas à la source) ces propos attribués à Mgr Michel Schooyans qui est cité comme les ayant tenus en 2006 lors d’une interview accordée à Arianne Rolier et qui éclairent le débat actuel :
« En morale, le principe du moindre mal est très simple. Il consiste à dire que lorsqu’on est confronté par deux maux inévitables, il faut choisir le moindre de ces deux maux. C’est presque une question de bon sens. Pour prendre un exemple, revenons à la question des préservatifs. Avoir des relations avec un séropositif et essayer de se protéger avec des préservatifs n’est pas quelque chose d’inévitable. Il existe toujours la liberté d’avoir ou de ne pas avoir ce type de relation. On peut appliquer cela à d’autres cas : par exemple, l’avortement ou l’euthanasie. La légalisation de l’avortement et de l’euthanasie n’est pas inévitable ; nul n’est forcé de voter de telles lois. Nul n’est obligé de pratiquer l’avortement ou de causer la mort “doucement”. »
De son côté, Mgr Jacques Suaudeau, de l’Académie pontificale pour la vie, rappelait en 2008 que la discussion autour de la question du préservatif pour les couples mariés « sérodiscordants » n’avait pas abouti à une modification de la position de l’Eglise, malgré les « pressions » sur la Congrégation pour la doctrine de la foi ». « La meilleure façon d’éviter le HIV et le sida est et reste l’abstinence, la réduction du sexe avant le mariage, la réduction du nombre de partenaire, comme cela a été fait en Ouganda. Pour les couples sérodiscordants qui désirent avoir un enfant, tout dépend de la virémie du partenaire infecté. Si la personne séropositive est traitée, si sa virémie est nulle, si elle ne cherche pas de partenaire hors mariage, la probabilité de contaminer le partenaire est très basse, et ils pourraient risquer d’avoir un rapport sexuel pour avoir un bébé. La question n’est pas celle du préservatif mais d’un traitement sérieux et de ne plus avoir de relations hors mariage. »
© leblogdejeannesmits.