Des médecins allemands travaillant avec la banque de sang du cordon ombilical Vita 34 affirment qu’ils ont totalement guéri un enfant de sa leucémie à la suite de l’infusion de cellules du cordon ombilical de la filletts que ses parents avaient décidé de préserver quatre ans plus tôt, à sa naissance, rapporte entre autres LifeSite.
La fillette avait 4 ans en 2005, date à laquelle on diagnostiqua une leucémie. Aucun traitement n’avait pu venir à bout de la maladie et l’échec de la chimiothérapie semblait devoir signer l’arrêt de mort de l’enfant, à qui on ne donnait plus que trois mois à vivre. L’équipe médicale lui a injecté des cellules souches présentes dans son propre cordon ombilical.
La fillette a été constamment suivie depuis ce moment-là et aujourd’hui, au bout d’exactement de 75 mois après la greffe, elle ne présente toujours pas le moindre signe de présence de cellules leucémiques dans son sang. Pour Eberhard Lampeter, de Vita 34, c’est le « signe certain de la guérison ».
La nouveauté de cette réussite réside dans l’emploi de cellules souches provenant du cordon de la petite patiente elle-même : une procédure qui minimise évidemment jusqu’à le faire disparaître le risque de rejet, et qui simplifie grandement l’accès à un greffon possible. En son absence, les médecins sont obligés de rechercher des cellules souches chez des proches compatibles, avec toujours un risque de rejet, ou – de plus en plus – parmi des cellules de sang du cordon de tiers donneurs conservés, qui offrent de meilleures chances de réussite dans la mesure où ces cellules immatures provoqueraient elles-mêmes moins de rejets.
La guérison annoncée de la fillette allemande semble lever une objection qui était faite aux greffes autologues : celles-ci n’allaient-elles pas échouer tout simplement parce que cela reviendrait à réinoculer la maladie que l’on cherchait à soigner, à réutiliser un matériel génétique défectueux, en quelque sorte ?
A l’heure où une banque de conservation du sang du cordon vient de s’ouvrir à Rennes, voilà que se rouvre en France un débat qui a pris une tournure étrange. Tout focalisé sur la revendication de la recherche – immorale autant que thérapeutiquement inefficace – sur les cellules souches embryonnaires, le monde de la science médicale a négligé la conservation du sang du cordon, pourtant très riche de promesses, et la conservation du sang de leur nouveau-né à la demande des parents est même interdite. Seuls les dons anonymes sont autorisés.
Si la France est plutôt en pointe en ce qui concerne l’utilisation thérapeutique du sang du cordon, il faut tout de même savoir que près de 70 % des greffes sont réalisés à partir de greffons allogéniques (d’un tiers donneur) importés, à un coût qui est loin d’être négligeable.
Avec la création de banques de conservation anonyme, la situation s’améliore, encore que seul un petit tiers des dons soit jugé conformé à l’issue d’un contrôle de qualité pointilleux.
Alors, l’interdiction de la conservation autologue se justifie-t-elle ?
Sa justification est généralement d’ordre social : en laissant des parents faire le choix de conserver eux-mêmes le sang du cordon de leur enfant dans des banques privées, on créerait une médecine inégalitaire où les privilégiés seraient ceux qui ont les moyens financiers et la connaissance suffisante pour recourir à cette technique et payer le stockage. En même temps, ces échantillons « privés », n’étant pas dans le circuit général, amoindrissent les chances de trouver des cellules compatibles avec celles des malades dont on ne dispose pas du sang du cordon – l’immense majorité.
A quoi s’ajoute le bon principe français de la gratuité du don à partir de l’indisponibilité du corps humain : il s’agit d’éviter la vente des cellules du sang du cordon dès lors que l’identité du donneur en est connue.
Une proposition de loi, l’an dernier, du député Damien Meslot (UMP, Territoire de Belfort), s’appuyant sur un rapport de la sénatrice Marie-Thérèse Hermange, a cherché à lever cet interdit en prévoyant aussi bien l’information des futures mères sur l’intérêt de la conservation du sang du cordon et du placenta que la possibilité pour elles de les faire conserver, soit pour leur propre enfant, soit en vue du don. Elle avait provoqué un tollé, pour les raisons ci-dessus décrites.
Il me semble pourtant que des questions demeurent ouvertes et j’aimerais bien qu’un spécialiste de la question me fasse part de son avis là-dessus :
– La conservation pour l’usage d’une personne déterminée devrait-elle nécessairement se faire dans des banques de stockage privées ?
– N’y aurait-il pas un intérêt de santé publique à ce que ce puissant « médicament », au potentiel semble-t-il énorme, soit d’office stocké à chaque naissance en vue de soigner au mieux, et peut-être même à moindres frais, les donneurs identifiés qui auraient ainsi un accès privilégié à leurs propres cellules souches ?
– La conservation « pour Untel » empêcherait-elle ipso facto l’utilisation du même échantillon pour un autre malade, s’il s’avérait compatible ? Ou, en d’autres termes, les échantillons sont-ils suffisamment fournis pour pouvoir être divisibles ?
Une telle annonce a déjà été faite il y a deux ans par l'Espagne; quand un succès thérapeutique de la sorte est obtenu, il fait désormais un entrefilet. Mais en cette période, une piqûre de rappel ne me semble pas inutile.
Chère madame,
Je voudrais ajouter quelques éléments à votre article.
Tout d’abord le cas de cette fillette. Je n’ai pas trouvé de trace de publication de ce cas dans la littérature médicale. En aurais-je trouvé la trac que cela n’aurait rien prouvé. Même s’il serait extrêmement remarquable qu’une chimiothérapie suivie d’une autogreffe guérisse une leucémie (de quel type ?, quel traitement avait reçu l’enfant ?), il est clair que ce qui l’aurait guéri, c’est la chimiothérapie réalisée avant la greffe, le conditionnement et non le sang placentaire. Lui n’aurait permis « que » de délivrer une chimiothérapie très intensive pour traiter cette enfant. Ensuite, pour démontrer une utilité à l’utilisation de ce type de traitement, il faudrait l’avoir comparé au traitement de référence de ce type de situation. En clair, ne nous fions pas à un article de journal, fût-il peut-être très sérieux, objectif, et de bonne foi. Il ne présente aucune garantie de véracité ni de signification scientifique.
Ensuite, dire que tout est focalisé sur « la revendication de la recherche sur les cellules embryonnaires » demande à être prouvé. Je viens de taper « cellules souches embryonnaires » sur Google et il affiche (1/12/2010, 22 h 52) 416 000 résultats ; si on tape « cellules souches adultes », on en trouve 424 000. Dans la rubrique « actualités du même moteur, les chiffres sont de 144 contre 143.
Le contrôle qualité « pointilleux » que vous semblez mettre en cause a été décidé sur les critères permettant de ne conserver que les sangs placentaires dont la communauté scientifique a considéré comme utiles potentiellement eu égard aux indications thérapeutiques actuelles.
Le « bon principe français de la gratuité du don » est celui de la convention internationale d’Oviedo à laquelle je vous renvoie.
Enfin, concernant les questions posées, voici mon avis :
La conservation pour l’usage d’une personne malade déterminée est parfaitement possible dans une banque publique.
Il m’a semble comprendre que la politique européenne n’allait pas vers une augmentation des prélèvements obligatoires permettant à la Santé Publique de s’offrir la conservation systématique des sangs placentaires sur la simple notion d’un potentiel.
Le caractère « fourni » ou non d’un sang placentaire dépend des limites qu’on se donne et donc de l’utilisation que l’on prévoit pour le sang placentaire conservé. Si on veut tout conserver, deux tiers (comme vous le dites) des sangs placentaires ne peuvent pas servir à un autre. Leur qualité n’est pas assez grande, et ils ne peuvent donc servir à rien actuellement.
Si d’autres indications (maladies traitées par « sang placentaire ») existent un jour, il sera alors nécessaire de savoir si les sangs placentaires autologues sont meilleurs que ceux qui ont été donnés. Ce n’est pas certain, loin de là, car certaines cellules produites à partir de sang placentaire « donné » n’ont plus besoin d’être compatibles comme les cellules mésenchymateuses par exemple.
à bientôt, peut-être,
Je suis au regret de ne pas vous laisser mon nom car “j'appartiens” à la fois à une profession qui n' a pas le droit de se faire de publicité et à un établissement dont je n'ai pas prétention à engager sur mes propos.