Confrontation à la télévision péruvienne |
Un couple péruvien qui avait déboursé 15.000 dollars pour obtenir une fécondation in vitro dans une clinique de fertilité de Lima, « Concebir », se retourne aujourd’hui contre l’établissement parce que l’une des deux jumelles nées du processus est trisomique.
La petite Mariana a aujourd’hui 9 mois. Elle présente une trisomie 21 et d’autres défauts génétiques, et elle est de ce fait gravement dénutrie. Ses parents, Walter Gonzales et Ana Maria Rodriguez, réclament 350.000 dollars pour compenser le dommage de sa naissance. La mère, 25 ans, a précisé à la presse qu’elle s’estimait escroquée par la clinique : on leur avait bien promis « les meilleurs embryons : les plus vifs, ceux qui avaient les meilleurs capacités ».
« J’y suis allée avec beaucoup d’espoir, avec une grande envie d’avoir un bébé, j’ai investi du temps, de l’argent et des voyages, pour voir aujourd’hui ma fille souffrir. Ils m’avaient promis que j’aurais un bébé fort et en bonne santé, et aujourd’hui je la vois qui va mal, prostrée dans un lit, sans pouvoir faire une vie normale », a-t-elle expliqué.
Le père, lui, accuse le médecin traitant (un nommé Ivo Vlasica) de ne pas leur avoir proposé d’analyse pré-implantatoire, ce qui aurait permis au couple de refuser cet embryon-là pour que leur fille « ne souffre pas ». Le détruire ? Peut-être pas. Walter parle de « congeler ». Le médecin se défend, lui, en assurant qu’il avait bien proposé l’examen, mais que le couple avait refusé et avait même signé un document reconnaissant qu’il y avait un risque de « 4 % que l’enfant naîtrait avec un défaut quelconque et qu’il n’y aucune science capable de l’éviter ». Il assure aussi qu’il avait dès la 10e semaine recommandé, au vu du dossier, au couple de faire une échographie de 2e trimestre, mais qu’il n’avait plus eu de leurs nouvelles. Peut-être ne voulaient-ils pas avorter…
Ce qui prouve, en tout cas, la confusion mentale et morale de tous les protagonistes de cette histoire.
Car ici, on constate à quel point – pour des motifs apparemment nobles, donner la vie, éviter des souffrances à un enfant – on est capable de s’aveugler sur les conditions de la procréation humaine et d’entrer dans une logique de produit, de contrôle-qualité, d’investissement, de responsabilité matérielle qui ne cadre pas avec la dignité de chaque enfant conçu.
A quoi il faut ajouter que si Ana Maria avait des problèmes pour concevoir – 25 ans, c’est tôt pour une FIV –, s’il a fallu l’opérer d’une affection aux ovaires, c’est peut-être justement que les risques de malformation étaient élevés chez elle, et que le fait de forcer la nature au-delà de la simple aide à la procréation ouvrait en soi la porte à la souffrance de la petite Mariana. Qui est, aussi, forcément, la souffrance de sa mère.
On ne dit pas assez que la fécondation in vitro est corrélée avec bien des défauts génétiques, ce qui s’ajoute aux multiples destructions d’embyrons qui peuvent accompagner la procédure.