Vous vous souvenez sans doute de l’affaire de cet évêque auxiliaire néerlandais, Mgr Everard de Jong, qui avait adressé une lettre à chaque élu de la Seconde chambre, accompagnée d’une figurine d’enfant à naître à dix semaines de gestation, pour demander la fin du financement public de l’avortement aux Pays-Bas.
Mariska Orban |
On parle déjà d’abortusgate aux Pays-Bas, d’autant que la rédactrice-en-chef du quotidien Katholiek Nieuwsblad avait osé, dans la foulée de l’affaire, s’adresser dans une lettre ouverte à la députée libérale Jeannine Hennis-Plasschaert, qui a naguère révélé aux médias qu’elle avait été victime de plusieurs fausses couches, douloureusement vécues. La journaliste soulignait que cette expérience pouvait faire comprendre à l’élue ce que signifie réellement un avortement.
Le pays de la liberté d’expression, le plus libertaire d’Europe, ne l’a pas supporté. Là où on pouvait, éventuellement, dénoncer une faute de goût – les propos, surtout dans le cadre d’une lettre ouverte, pouvaient inutilement remuer des souvenirs douloureux chez une femme qui avait perdu ses bébés, sans l’avoir voulu – il n’y avait tout de même pas de quoi en faire un scandale national. D’autant que Mariska Orban, désolée d’avoir blessé Mme Hennis, avait présenté des excuses publiques.
Mais la réalité ne change pas, cette réalité à laquelle concourent la majorité des formations politiques néerlandaises en justifiant l’avortement légal. Et elle est, effectivement, douloureuse et même atroce.
Ce n’est pourtant pas cela que l’on aura retenu. Non : c’est Mariska Orban qui a fait l’objet d’une violente campagne médiatique. Elle a fait l’objet de plus de 350.000 « tweets » sur Twitter. Elle a reçu un nombre impressionnant de courriels. Plus de 100 menaces de mort. Et encore : une dizaine d’agressions sur internet évoquant la manière dont on allait la torturer. Et encore, des dizaines de fois : le travestissement de son portrait en diable (par exemple : ici).
Une telle explosion de haine est décidément révélatrice. Racontant les menaces et agressions qu’elle a subies, Mariska Orban de Haas a précisé qu’elle travaille depuis des années comme journaliste, et qu’il lui est déjà arrivé « souvent » de « chercher à s’approcher des limites ». « Jamais il n’y a eu de telles réactions. Cela m’arrive maintenant que je suis journaliste catholique. »
Interrogée à la radio évangélique sur les « erreurs de communication » et le « manque de sensibilité » de certains catholiques (Benoît XVI, Mgr Léonard, elle-même), Mariska Orban précise qu’en général, la presse cherche à obtenir des déclarations qu’elle va ensuite citer hors contexte pour en faire de bons papiers scandaleux contre l’Eglise catholique. Qu’on peut passer les bornes dans n’importe quelle matière, sauf celle-là. Et que « la liberté d’expression, c’est pour tout le monde, sauf quand il s’agit d’exprimer le point de vue catholique ».
Désolée pour les “menaces” qu'elle reçoit.
Je note que cette journaliste, parce que catholique, a fait la preuve de l'insensibilité habituelle du catholique pour tout ce qui n'est pas un foetus, et en particulier envers une femme qui a souffert d'avoir perdu des enfants qu'elle désirait.
Maxou
Maxou n'a rien compris…
Ce que vous avez choisi d'appeler foetus (ce terme quasi vétérinaire), est en réalité un enfant qui se développe dans le ventre de sa maman.
Par ailleurs, c'est précisément parce qu'elle était sensible aux souffrances endurées personnellement par cette parlementaire, qu'elle a cru pouvoir s'y référer, non pour blesser mais pour faire comprendre la nature des souffrances causées par l'avortement.
Patrick
Ce M. ou cette Mme Maxou relève de je ne sais quelle compassion extrême pour son ignorance absolue de ce que les catholiques à travers les siècles ont pu montrer de tendresse et de miséricorde : s'il ou elle avait lu l'histoire de st Vincent de Paul, ou du Curé d'Ars,ou de Mère Theresa, sans parler évidemment du Christ, il ou elle aurait préféré se mordre la langue, et c'est pourtant une chose bien douloureuse, que d'oser écrire ce qu'ils ont écrit sur “l'insensibilité habituelle du catholique”. Si un peu de temps pris à réfléchir avait seulement été consenti, il ou elle se serait rendu compte du martyre psychique que cette journaliste, Mariska Orban, est amenée à subir, tout autre que les deux fausses-couches, elles aussi des épreuves considérables mais qui ne sont pas dues à la méchanceté de ses compatriotes comme des internautes du monde entier. Je suis, quant à moi, épouvanté, ayant lu cet article de découvrir une fois de plus la marque à la fois cruelle, odieuse et d'une stupidité extrême qui est celle de Satan.
@ Maxou
Je note vos propos : “Insensibilité habituelle du catholique”… et ça me laisse songeur.
Déjà parce que ce genre de généralisation ne veut rien dire et ne fait que traduire des préjugés personnels assez peu pertinents, mais aussi parce que je suis consterné de voir la facilité avec laquelle vous crachez indifféremment sur TOUS les catholiques.
Étrange, notre société se bat contre plein de choses – racisme, antisémitisme, homophobie, intolérance religieuse, etc. – mais la seule discrimination qui soit admise, c'est celle envers les catholiques : contre eux, on peut tout dire, même les choses les plus fausses et les plus idiotes.
Merci Maxou de mettre en évidence ce travers idéologique propre à notre société malade.