L’auteur catholique canadien Michael O’Brien, bien connu en France pour son roman Père Elijah, s’est exprimé sur la défense de la vie lors de la Conférence internationale pro-vie ce week-end à Ottawa, et quelques-unes de ses réponses à des questions du public ont été publiées par LifeSite. Faisant référence à un (excellent) livre qu’il vient de publier sur Harry Potter et la paganisation de la culture enfantine, on lui a demandé de parler du mal qui est au centre d’une bonne part de la littérature jeunesse aujourd’hui.
Une partie de la bataille de notre temps, je dirais un front majeur, se joue à travers la culture – les films, la littérature, le phénomène Harry Potter, le phénomène Twilight et la série A la croisée des mondes de Pullman et une quantité innombrable d’œuvres fantastiques païennes qui déferlent dans la conscience de la jeune génération.
Il s’agit d’un front majeur parce que, au premier chef, il corrompt les symboles du bien et du mal ou les rend flous. C’est un gros sujet dont je ne puis parler longuement aujourd’hui.
Il s’agit de notre désensibilisation : nous sommes amenés de plus en plus profondément à être à l’aise avec ce qui est obscur, avec la puissance du mal, et une bonne partie de ces fantaisies vise à convertir les symboles et l’activité du mal en un bien, ce qui me fait à penser au passage du Nouveau Testament qui met en garde sur la fin des temps, en ces jours-là. Il s’agit de l’épître de Paul aux Thessaloniciens.
Il dit que les hommes appelleront le mal bien, et le bien, mal. Ainsi trouve-t-on dans la série des Potter une corruption disrète, très puissante de la symbolique. Dans Twilight l’approche est différente : un peu plus flagrante, moins religieuse dans son utilisation des symboles. Chez Philip Pullman, c’est l’attaque frontale massive contre le christianisme, ouvertement exprimée.
Mais on ne touche là que la surface d’un problème beaucoup plus profond dans la culture.
Nous avons généralement tendance à penser que la foi relève d’un certain compartiment dans la vie, et que la culture se trouve dans un autre compartiment. Nous nous sommes presque tous habitués à avaler une dose de poison dans notre régime culturel. En nous disant : eh bien, nous sommes baptisés, nous prions, nous sommes de bonnes gens, nous ne ferions jamais les choses qui sont en train de nous divertir. Et c’est l’une des zones de nos vies où nous nous laissons beaucoup tromper.
Dans ma boulangerie de quartier, dimanche dernier (donc la veille de la Toussaint) une gamine de 7 – 8 ans est venu menacer la boulangère d'un sort. Cette dernière lui a donné un chocolat pour qu'elle retire son sort. J'ai demandé à la boulangère si, à mon tour, en la menaçant du diable j'aurais le droit d'avoir mon gâteau gratuit. Réponse ce n'est qu'une enfant. Et tous les clients attendris, sauf moi bourrelle d'enfants, qui trouvait que ce n'était pas rendre service à cette gamine d'agir ainsi. Je ne suis pas moderne, que voulez-vous…