Bibiana Aido a donc recommencé : interpellée par le député Carlos Salvador dans les Cortes espagnoles pour dire à quel moment commence la vie humaine, quand exactement l’enfant à naître acquiert selon elle sa dignité et son droit à la protection, elle a déclaré que « le gouvernement ne peut partager le point de vue selon lequel le fait de mettre fin à une grossesse constitue l’élimination d’un être humain », parce qu’« il n’existe pas d’opinion unanime à propos du concept d’être humain ».
La réponse du ministre intervient quelque six mois après que la question fut posée. « Un tel débat ne mène à rien », a-t-elle ajouté, affirmant que tout dépendait des opinions politiques, religieuses, philosophiques, en tout cas des opinions personnelles entre lesquelles il est d’autant plus inutile de choisir que la loi a tranché en faveur de l’avortement légal.
Mais si l’affaire est aussi « complexe » que le voudrait la ministre, pourquoi avoir pris le risque de la simplifier de manière si extrême que l’on doive même s’interdire de se poser la moindre question, histoire de tuer légalement les enfants à naître dans le ventre de leurs mères ?
On reconnaîtra la vieille manœuvre relativiste et l’obsession – « fraternelle » ? – de renvoyer les croyances religieuses dans la sphère privée dans cette phrase de Mme Aido : « Je sais qu’une énorme distance sépare nos positions et je respecte vos croyances et vos convictions, mais elles appartiennent à la sphère privée et c’est au Gouvernement qu’il revient de légiférer dans la sphère publique. »
« Non (disait Chirac avec la concision cinglante qui est celle de la langue française) à une loi morale qui primerait sur la loi civile. »
Bibiana Aido a répété une information selon laquelle la tendance des chiffres de l’avortement dans les cliniques en Espagne serait à la baisse depuis l’entrée en vigueur de la loi, une première depuis bien des années, encore que ces chiffres n’aient pas encore été confirmés. Les organisations pro-vie en Espagne soulignent que ces chiffres, s’ils sont exacts, pourraient bien être trompeurs : avec l’avortement à la demande et sans conditions pendant le premier trimestre, la consommation de la pilule abortive a pu augmenter, tandis que la consommation plus importante de la pilule du lendemain implique elle aussi l’existence d’un nombre plus grand d’avortements très précoces provoqués par la modification de l’environnement du sein maternel.