Cette histoire – contrairement aux études qui établissement un lien entre l’avortement et la dépression, l’avortement et le suicide, l’avortement et l’usage de drogues, etc., dont la grosse presse ne parle pas – a reçu une importante couverture médiatique au cours du week-end. On nous expliquait (par exemple ici, dans le Washington Post), que sur la foi d’une étude longitudinale auprès de 289 jeunes femmes qui, pour 69 d’entre elles, avaient subi un avortement au moins pendant l’adolescence, on ne semble pas pouvoir parler d’un risque accru de dépression ou de mauvaise estime de soi lié à l’avortement.
Ce journal-là en tirait argument pour dire qu’il faudrait en finir avec les législations particulières de certains Etats des Etats-Unis imposant du conseil psychologique préalablement à l’avortement, voire des mises en garde contre les conséquences négatives de l’acte.
LifeNews vient de publier un article critique sur cette étude, notant qu’il pose de multiples problèmes même s’il émane de chercheurs à réputation mondiale dans le domaine de la « santé reproductive » des adolescents. L’étude, publiée par le journal du Guttmacher Institute (naguère lié au Planning familial), affirme par la bouche de Jocelyn Warren d’Oregon State University que l’on savait déjà que la grossesse adolescente est facteur de risque aggravé de dépression et de mésestime de soi, mais qu’il n’en va pas de même lorsque ces jeunes filles choisissent d’avorter.
Pour Priscilla Coleman, professeur d’études du développement humain et de la famille à Bowling Green university, interrogée par LifeNews, l’étude peut difficilement être considérée comme impartiale vu qu’elle émane d’un organisme aussi proche du Planning familial (premier pourvoyeur mondial d’avortements). Surtout, le nombre très réduit de cas étudiés ne permet pas d’aboutir à des résultats statistiquement significatifs.
Mais il faut attendre la page 234 du rapport pour lire que « l’absence de lien entre l’avortement et nos résultats pourraient refléter d’autres facteurs, y compris la taille insuffisante de l’échantillon pour détecter un effet ». Il va de soi que les articles de presse sur le sujet ne citaient pas cette page 234…
Priscilla Coleman ajoute que les chercheurs n’ont pas classé les grossesses selon des catégories justes et qu’ils ne semblent pas non plus avoir déterminé si elles présentaient des troubles mentaux.
On aurait pu prendre un groupe de contrôle chez des jeunes femmes ayant mené une grossesse non désirée à terme, selon des données qui sont disponibles, plutôt que chez celles n’ayant pas été enceintes du tout. On n’a pas non plus recherché quelles jeunes femmes avaient ou non eu recours à des services de conseil professionnels, ce qui aurait permis une mesure bien plus précise de la détresse psychologique que la mesure des symptômes de détresse rapportés par les intéressées elles-mêmes.
Mme Coleman a mené une étude similaire, publiée en 2006, avec des jeunes filles ayant avorté et un groupe de contrôle de jeunes filles ayant mené une grossesse non voulue à terme, qui a permis d’établir un lien entre l’usage de la marijuana, le recours au conseil pour des problèmes émotionnels ou psychologique, et des troubles du sommeil chez celles ayant avorté.
Elle a pu constater que dans l’étude du Guttmacher Institute qui reçoit aujourd’hui beaucoup de retentissement médiatique, il n’a pas été tenu suffisamment compte des autres variables qui n’ont pas été éliminées pour isoler l’effet de l’avortement. Par ailleurs la mesure de la dépression et de la mésestime de soi reposait sur des questionnaires trop succincts (respectivement 9 et 4 questions), ne donnant que des « résultats superficiels ».