Je pourrais vous donner quelques extraits de la chronique de Mgr Thomas G. Doran, évêque de Rockford (Illinois) dans le plus récent numéro de son journal diocésain, The Observer. Mais ce serait passer à côté du sel de cette intervention très politiquement incorrecte qui mérite qu’on s’y arrête un peu. Au travail, donc, pour traduire ! Que les évêques le sachent : nous avons besoin de tels pasteurs. Sans eux, nos sociétés sont anesthésiées : en matière publique et politique, certains en sont à se demander – qu’ils aient ou non des convictions personnelles fortes sur le sujet, mais même s’ils en ont – s’il est « payant » de dire ces vérités sur le respect de la vie, de peur de ne pas être élu ou entendu…
Cela est tellement peu payant que la simple affirmation de vouloir abroger la légalisation de l’avortement – la loi Veil mais aussi les lois qui l’aggravent – vous ferme à peu près sûrement l’accès aux gros médias, aux sièges des élus, aux éditeurs en vue. Mais la prudence exige aussi de dire la vérité, surtout lorsqu’elle est aussi lourde de conséquences que celle de la mise à mort légale de nos propres concitoyens.
Voici donc cette chronique de Mgr Doran. Elle se situe dans le vif de l’action, dans l’actualité des militants pro-vie qui, aux Etats-Unis comme ici, risquent le harcèlement judiciaire parce qu’ils sont les empêcheurs de tourner en rond de la culture de mort…
La pratique de l’avortement dans notre pays
et notre cité présente des dangers cachés
Mgr Doran avec Benoît XVI. Photo : site du diocèse Une vieille histoire raconte qu’un prêtre et professeur monta un jour en chaire pour prêcher sur le suicide et qu’il se lança ainsi: « Le suicide n’est pas seulement un péché mortel, il est aussi très dangereux. » On pourrait dire la même chose, avec quelque raison, sur l’avortement procuré ; c’est un péché mortel et c’est très dangereux. Au moins les catholiques pratiquants savent que c’est peccamineux, et bien d’autres chrétiens le disent aussi.
Dans notre société décadente et moralement relativiste, beaucoup de gens considèrent la mise à mort d’un enfant à naître comme n’ayant absolument aucune importance. Ce qui est caché aux yeux de ceux qui ne se doutent de rien, cependant, c’est que, non seulement pour ses victimes mais aussi pour ceux qui le pratiquent et pour les sociétés qui le permettent, l’autorisent et le réglementent, l’avortement est extrêmement dangereux.
Nous sommes tous conscients de la situation financière périlleuse dans laquelle des hommes politiques corrompus des deux côtés ont précipité notre pays. Nos suzerains du Congrès sont particulièrement agacés par les soi-disant droits : Medicare, Medicaid, la Sécurité sociale et d’autre choses semblables comme l’indemnisation du chômage et les différentes sortes d’aide gouvernementale. Ce que l’on ne nous dit jamais, c’est que la raison pour laquelle ces droits deviennent insupportable pour les contribuables est qu’il y a de moins en moins de gens pour contribuer des fonds par le biais de leurs impôts pour supporter la charge de ces bénéfices nécessaires sur lesquels en sont venus à compter tant de personnes de notre société. Notre population vieillit rapidement parce que le nombre d’enfants qui y naissent devient plus petit et encore plus petit et encore plus petit, par rapport à la taille de notre pays.
Depuis qu’une Cour suprême païenne, outrepassant à la conscience chrétienne multi-séculaire, a décidé de tuer des enfants en 1973, des millions d’entre eux ont été massacrés sans jamais voir la lumière du jour, ne serait-ce qu’un court instant. L’avortement rend grossier, aussi, notre discours moral, et brutalise notre peuple.
On dit que même l’Allemagne nazie n’était pas tout aussi insensible à l’égard de la vie naissante que notre pays ne l’est devenu par la décision de juges non élus. L’avortement a contribué à faire traiter les femmes comme des objets, plutôt que comme sujets de droits et de devoirs, nous a rendus plus insensibles pour ce qui regarde la commission de crimes moins importants et constitue une balle d’arme à feu qui vise au cœur du mariage et de la vie de famille. Il a ruiné la confiance que nous faisions aux médecins, aux infirmières et à l’industrie des soins. Pour dire les choses vite, l’avortement procuré pourrait bien sonner le glas de notre société.
Comme d’autres formes d’activité illégale justifiée ou bénéficiant des clins d’œil du gouvernement, l’avortement procuré est, pour les tueurs et ceux qui les soutiennent, immensément profitable. Les avortoirs sont des mines d’or pour ceux qui les font fonctionner. Des médecins et des chirurgiens tueurs, , au mépris du serment d’Hippocrate, font des centaines de kilomètres pour assassiner quelques enfants, et vous pouvez être sûr que ce genre de médecin ou d’infirmière ne travaille pas pour rien.
Beaucoup de gens courageux ont pris à bras-le-corps la cause pro-vie, et l’une des choses dont nous nous sommes aperçus qu’elle sont du meilleur secours pour dissuader les mères qui sont en chemin pour aller faire tuer leurs enfants, ce sont les échographies de l’enfant reposant dans leur sein. A cette fin, les militants pro-vie de Rockford, bravant le harcèlement de ceux que l’on paie pour protéger les avortoirs des risques financiers, se sont arrangés pour proposer des échographies gratuites aux mères des enfants condamnés dans l’espoir que certaines d’entre elles, et même le plus possible d’entre elles, puisse être dissuadées d’accomplir leur projet.
Récemment les employés des avortoirs et ceux chargés publiquement de les protéger ont trompé les gens qui fournissent ces services, ici, pour leur faire croire qu’ils avaient l’autorisation de le faire, puis les ont refoulés au motif qu’ils n’avaient pas payé les droits de licence pour le faire, des droits dont, pour autant que je sache, on ne leur avait rien dit au départ. J’ai des informations fiables pour dire que les responsables de la police n’ont aucunement participé à cette déception.
Lors d’une réunion du conseil municipal, lundi soir, le maire de Rockford, l’honorable Lawrence Morrissey, a dit que le département judiciaire assisterait les personnes pro-vie pour les aider à fournir les licences nécessaires à ceux qui fournissent ce service, sur paiement des droits dont la levée a été décidée par nos politiciens pour cette licence. Les militants pro-vie de ce diocèse sont des gens courageux qui endurent bien des inconforts, la raillerie et l’opprobre de la part de ceux qui font fonctionner et qui travaillent à l’avortoir local. Et ces gens ne doivent pas faire l’objet de notre mépris. Comme nous le dit l’Evangile de dimanche dernier, ceux qui servent mammon doivent haïr Dieu. Ils ont choisi le maître auquel ils rendent hommage, et leur maître les récompense avec d’importants gains matériels.
Il y a une semaine ou deux, un membre du mouvement pro-vie a tenté d’informer le conseil municipal des anomalies de la situation. Je ne sais pas ce qu’il en est sorti. Il faut dire, et avec bien des larmes, qe nous ne nous fions pas à nos législateurs publics pour donner grand chose en matière de conduite éthique (ne parlons même pas d’une conduite moralement droite) mais peut-être un peu de bien a-t-il pu être fait. En attendant, je demande à tous les fidèles du diocèse de prier pour les gens pro-vie ici, à Aurora et à travers le diocèse, afin que nous puissions grâce aux échographies dissuader quelques mères de plus de détruire les enfants qui ont reçu de Dieu le grand don de la vie. Bien des choses se produisent dans ce monde pour lesquels aucune explication rationnelle n’existe…
Parlant des enfants, au 18e chapitre de l’Evangile de Matthieu, nous lisons qu’Il appela un enfant près de lui, le plaça au milieu d’eux et leur dit : « « Je vous le dis, en vérité, si vous ne changez et ne devenez comme les enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux… Et celui qui reçoit en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il reçoit… Prenez garde de mépriser aucun de ces petits », dit-il, avant d’ajouter cette phrase effrayante : « car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 18:10). Insensés, vraiment, sont ceux qui oseraient provoquer la colère des anges.
Nous prions donc pour les gens pro-vie du diocèse de Rockford, pour bénir et encourager leurs efforts visant à extirper d’entre nous et même de la société en général le danger de l’avortement procuré. Nous prions pour qu’ils soient saufs, et pour que Dieu leur accorde ses grâces les plus choisies.