Le Salon beige rapporte ici l’affaire d’une jeune maman italienne qui, après avoir refusé d’avorter comme le lui demandaient les services sociaux, s’est vue retirer son nouveau-né (une petite fille) qu’un tribunal avait déclaré « immédiatement adoptable » au motif que la jeune femme était dans une situation de pauvreté matérielle et affective.
La jeune mère n’a même pas pu voir son bébé et le personnel soignant a reçu l’ordre de ne pas lui donner de nouvelles/
Ce fait divers extrêmement choquant apparaît comme un symptôme précurseur d’une tendance idéologique qui se manifeste de manière épisodique mais insistante : ne devrait-on pas, disent ses tenants, empêcher les incapables d’avoir des enfants ? Je vous parlais au mois d’août d’une tentative de stérilisation forcée sur une femme à bas QI au Royaume-Uni (voir ici), suivie par les déclarations d’un professeur d’université réclamant la stérilisation des « inadaptés » (ici). En avril dernier, un sondage aux Pays-Bas révélait que 62 % des personnels soignants étaient d’accord sur le principe de la stérilisation obligatoire des déficients mentaux (ici).
L’excellent site australien d’informations bioéthiques BioEdge évoque ici une nouvelle réflexion menée par deux femmes universitaires qui se demandent si « les parents font bien les meilleurs parents ». Daniela E. Cutas de l’Université de Gothenburg, et Lisa Bortolotti de l’Université de Birmingham se posent cette question dans Studies in Ethics, Law and Technology.
Elles partent des critères auxquels doivent satisfaire les personnes demandant une procréation médicalement assistée (PMA, procréation artificielle) au nom du bien de l’enfant, ne sont pas actuellement imposés aux personnes qui peuvent procréer de manière naturelle. Voici ce qu’en pensent Cutas et Bortolotti :
« Ce que nous ne devrions ni promouvoir, ni respecter, c’est la parentalité accidentelle qui ne s’accompagne pas d’une réflexion critique quant à son exercice, la manifestation ostentatoire des capacités reproductives, la mauvaise parentalité que personne ne met en cause, et le conformisme aveugle par rapport à la culture pro-reproductive. »
BioEdge note quelques-unes des propositions de ces deux dames pour en finir avec la « culture pro-reproductive » :
Contraception obligatoire, sans tenir compte des convictions personnelles. « Imposer la contraception porte atteinte aux libertés individuelles. Mais nous ne devons pas oublier que le fait d’empêcher des individus de recevoir une assistance pour devenir parents porte aussi atteinte aux libertés. »
Confisquer les enfants dès la naissance aux parents incompétents. « Pour répugnant que cela (…) puisse paraître, le bénéfice qui résulterait d’un certain degré de régulation de la reproduction naturelle et la parentalité subséquente (…) ne sont pas à écarter d’un revers de la main. »
Education obligatoire à la parentalité. « L’objectif principal de l’éducation à la parentalité devrait être de faire comprendre que la parentalité n’est pas la prérogative de l’individu ; et qu’elle ne doit pas être considérée simplement comme le moyen d’atteindre une forme d’accomplissement personnel alors que d’autres aspects de sa vie sont moins que satisfaisants. »
L’enfant n’est certainement pas un dû. Mais ce n’est pas non plus un « don » que pourrait lui concéder la société sur constatation de conformité au modèle par elle établi.
Si l’on veut bien être honnête, ce genre de propositions relève clairement de l’eugénisme et du contrôle social et étatique sur la famille. Un discours aussi radicalement contraire aux « droits de l’homme » peut néanmoins s’exprimer, sans que personne ne s’en émeuve, dans de très sérieuses revues universitaires.
«
Bonjour.
Auriez-vous un dossier expliquant le côté mauvais de l'eugénisme? car je suis partisan d'un eugénisme modéré (ie sans tuer les faibles, qu'ils soient nés ou non), et j'aimerai savoir pourquoi c'est une chose mauvaise. Et est-ce que la doctrine catholique condamne explicitement l'eugénisme?
Vous remerciant par avance.
Simon
Je trouve que le pape devrait demander que l'on rende son bébé à cette pauvre jeune femme, et que l'Église devrait aider ces gens.
Le pape demande ces jours-ci la grâce d'un grand criminel qui est sur le point de recevoir la mort pour ses crimes.
Or, il y a une bien plus grande injustice à retirer son enfant à une femme dont le seul “crime” est d'être pauvre. Je prie pour elle, pour qu'on lui rende son bébé.
Bonjour,
Quand vous vous décidez de citer/critiquer quelqu'un, pourquoi pas essayez de vérifier la source? L'article de SELT dont vous écrivez se trouve ici: http://www.bepress.com/selt/vol4/iss1/art1/.
Les deux auteurs ne proposent ni contraception obligatoire, ni confiscation des enfants. Et leur article ne s'agit pas des meilleurs parents. En grand, l’article s’agit de l’injustice qu’on porte a tous ceux qui ne peuvent/préfèrent de ne pas procréer naturellement (et essaye d’expliquer pourquoi les auteurs pensent que le status quo est injustifié), et essaye de trouver des solutions pour plus d’égalité de traitement, et pour plus d’autonomie.
En court, en ce cas particulier le genre de propositions dont vous parlez ont été faites sur l’excellent site australien, et non pas dans une revue universitaire.