Le président de la conférence des évêques d’Italie, le cardinal Angelo Bagnasco, a averti au cours de son homélie lors de la fête au sanctuaire de Notre Dame de la Garde en Ligurie, dimanche, que l’Italie est confrontée à une « grave catastrophe culturelle » à cause de son taux de natalité désastreux. Celui-ci est passé de 1,23 enfant par femme en 2004 à 1,32 actuellement, un léger mieux qui est très loin d’être suffisant pour remplacer les générations en Italie. LifeSite rappelle que selon des estimations 25 % des Italiennes n’ont ou n’auront pas d’enfant ; 25 % ont ou auront un seul enfant. Et c’est en Ligurie qu’il y a le plus de personnes âgées par rapport aux jeunes ; 10 % des écoles ont fermé depuis 2000.
Partant de l’image de la Sainte Famille à Nazareth, le cardinal s’est exprimé avec force. Extraits.
« Le monde pourra continuer de regarder l’avenir avec confiance tant qu’un homme et une femme uniront leurs vies pour toujours dans les liens du mariage. Ils forment, dans le giron de l’humanité, une réalité nouvelle qui devrait faire trembler l’univers entier de reconnaissance et d’émotion. La famille fondée sur le mariage, et d’une façon toute spéciale dans le sacrement, est une preuve que Dieu continue d’aimer le monde, qu’Il a confiance en l’homme, que l’avenir existe, que l’amour et l’espérance sont plus forts que le mal. »
Don pour toujours, quelles que soient les circonstances, tel est ce mariage décrit par le prélat qui a rappelé que la fidélité « est la condition de la croissance ». Et, « comme nous le savons, la famille est le giron de la vie et la première école de l’humanité et de la foi ».
« Que l’Italie ne jouit pas d’une bonne santé sur le plan de la natalité, cela est évident aux yeux du monde entier. Que les autres pays ne s’en préoccupent pas, cela va de soi, mais que nous ne nous en préoccupions pas, et que nous ne nous en occupions pas est stupide. La Ligurie se trouve dans une situation nouvelle : dans une véritable course contre la mort. A dire vrai, il y a tout de même les signes d’une reprise, et pas seulement grâce aux immigrés. Mais l’inversion de tendance n’est pas encore acquise. Quelles peuvent être les conséquences négatives, à tous les niveaux, de cet hiver démographique ? Ceux qui réfléchissent et s’informent les connaissent, sur le plan économique, politique, social, psychologique, culturel, ecclésial.
Il peut paraître étrange de parler du rapport entre la démographie et la démocratie, mais il faut quand même reconnaître que l’équilibre démographique n’est pas seulement nécessaire à la survie physique d’une communauté – sans enfants il n’y a pas d’avenir ! – mais qu’il est la condition pour cette alliance entre les générations qui est essentielle à une dialectique démocratique normale. C’est pourquoi l’Eglis, depuis longtemps, dit qu’en Occident, derrière la baisse démographique se trouve une grave catastrophe culturelle. Je ne vais en souligner qu’un aspect.
Le manque d’enfants n’annonce pas seulement un avenir automnal : dès maintenant il a créé un déséquilibre entre les générations, il est la cause d’une pauvreté éducative, pas seulement parce que nous autres adultes, nous soustrayons à notre charge éducative, mais aussi parce que nous ne sommes plus éduqués nous-mêmes. Les enfants et les jeunes, en effet, nous obligent à nous remettre en question ; ils nous obligent à sortir de nous-mêmes alors que l’âge et les infirmités nous incitent à nous replier sur nos propres besoins immédiats. Ce ne sont pas seulement les parents qui, ayant des enfants, doivent changer leur manière de voir l’avenir et leur style, et doivent aussi penser et s’organiser en fonction des différents âges de leurs enfants. C’est la société dans son ensemble qui doit se penser et s’organiser en ce sens. Pour raisonner par l’absurde : une société sans bébés et sans enfants, tout comme une société sans anciens, serait gravement mutilée, elle ne pourrait pas fonctionner.
On dira tout de suite que des raisons économiques portent la faute d’une natalité insuffisante : les enfants représentent une charge économique non négligeable. C’est vrai ! C’est pourquoi la société doit considérer avec le plus grand sérieux cette réalité qui est à sa base, son fondement naturel : elle doit avant tout la protéger de toute déformation. Mais elle doit aussi la promouvoir par tous les moyens. »
Mesures sociales, reconnaissance des réalités spirituelles, aussi : prenant exemple sur la Sainte Famille, le cardinal Bagnasco a souligné que les rapports avec les voisins comme le fait de placer Dieu au centre du foyer sont indispensables à son bon développement et à l’accueil de la vie non pas comme une propriété absolue mais comme un don.
« Les réalités de chaque jour semblent ennuyeuses et dénuées de sens, et donc insupportables. L’avenir perd sa valeur et son attrait, le présent se gonfle de tout ce qui promet des satisfactions immédiates. Dans une perspective aussi horizontale il semble qu’il reste peu de place pour le don de soi. Nous pouvons dire que c’est l’espérance qui vient à manquer, et la capacité de croire en l’avenir – et mettre des enfants au monde a toujours quelque chose à voir avec l’avenir ! Il est vrai que chacun doit raisonner avec sa propre tête, mais il est vrai aussi que l’air que l’on respire, à la longue, n’est pas sans influence sur la manière dont on pense. Il faut être conscient, et lutter pour raisonner selon les catégories de l’Evangile. Et lutter – par le témoignage et la raison – aussi pour changer certaines façons de penser qui au nom de la libération de l’individu, l’enferment pour le laisser seul avec lui-même, en le privant de la joie du don de soi et du sacrifice par amour. »