Une enquête postale auprès de quelque 8.000 médecins britanniques, spécialisés ou non, qui a donné lieu à 3.733 réponses à l’anonymat garanti, a permis d’établir que la religion ou l’absence de religion du médecin soignant les personnes en fin de vie a une influence sur les décisions prises quant à la sédation palliative et les choix thérapeutiques susceptibles de hâter la survenue de la mort. Parmi les médecins sondés, 2.923 ont fondé leurs réponses sur les choix qu’ils avaient eu personnellement à faire en soignant une personne en fin de vie au cours de l’année écoulée avant l’enquête.
Les médecins, quelle que soit leur spécialité, se présentant comme non-religieux ont eu davantage tendance (deux fois plus que les médecins « religieux ») à administrer une sédation importante, maintenant un coma profond jusqu’à la mort, à prendre des décisions dont ils attendaient qu’elles mettent fin à la vie, voire à les prendre intentionnellement, au moins pour partie, et à parler de ces décisions avec les patients qui étaient capables d’y prendre part.
Il y avait même une probabilité 10 fois plus importante que de telles décisions, avec au moins une part d’intention de mettre fin à la vie, soient prises par des spécialistes autres que ceux des soins palliatifs qui avaient un peu plus tendance à être chrétiens, blancs et se disant religieux que les autres.
Autrement dit, le fait d’avoir la foi réduit chez un médecin le risque de prise de décisions « éthiquement controversées ».
Il n’est pas directement question ici d’euthanasie ou de suicide assisté, mais plutôt de l’arrêt de soins ou des choix de sédation profonde qui peuvent présenter, ou non, une intention homicide, ce qui brouille beaucoup le débat sur les soins en fin de vie et qui finira le combat contre l’euthanasie assez difficile, faute de frontières que l’on peut clairement définir.
Pour ce qui est des médecins « religieux » au Royaume-Uni, le rôle de la foi est intéressant à constater dans la mesure où on constate la présence et même la sur-représentation des hindous, musulmans, bouddhistes et juifs par rapport au christianisme dans la population médicale, tandis que l’étude permet d’établir qu’en 2008, 63 % des médecins britanniques sont d’origine « blanche ».
Sur le plan ethnique, seuls 11 % des médecins se présentant comme blancs revendiquent une foi religieuse, contre 45 % des médecins se présentant comme noirs, qui sont en majorité chrétiens.
Le soin des personnes âgées concerne proportionnellement davantage de médecins asiatiques, hindous ou musulmans.
Les médecins blancs, qui demeurent donc majoritaires, sont les plus nombreux à soutenir la mise en place d’une législation autorisant la « mort assistée ».
L’étude vient d’être publiée par le British Medical Journal, Journal of Medical Ethics.