La puissante « Food and Drug Administration » américaine, chargée d’autoriser la mise sur le marché de médicaments nouveaux, a approuvé vendredi la distribution d’EllaOne, « contraceptif d’urgence » estimé efficace pendant les cinq jours qui suivent un « rapport non protégé ». Comme la pilule abortive RU 486, à laquelle elle ressemble structurellement comme le faisait remarquer Pierre-Olivier Arduin ici, EllaOne est distribuée par un laboratoire français, HRAPharma en l’occurrence, qui revendique une action militante à travers le monde pour promouvoir la contraception.
C’est à l’unanimité que la FDA a approuvé la molécule en tant que « contraceptif d’urgence occasionnel » après une campagne de presse très favorable (voir ici) mais en mettant en garde contre l’utilisation répétée jugée dangereuse en raison de l’absence de données sur le long terme et en précisant que la présence d’une grossesse devait être écartée avant de prescrire la pilule. De même la FDA a recommandé que les femmes ressentant des douleurs au bas-ventre après la prise ou chez qui une grossesse s’avérerait ensuite, il faudrait une surveillance particulière pour dépister une éventuelle grossesse extra-utérine.
L’idée d’interdire EllaOne en cas de grossesse est une bizarrerie qui cache une entourloupe. Certes, il s’agit d’une manière de souligner que la molécule peut provoquer une fausse couche ou des affections congénitales, ce qui fait partie de ses effets possibles selon Wendy Wright, de l’association pro-vie Concerned Women for America. Mais enfin, le but est précisément d’éviter une grossesse, non ? Eh bien, cela s’explique dans la mesure où une grossesse n’est pas facilement « dépistable » dans les quelques jours qui suivent la fécondation : aussi y a-t-il dans le milieu pro-avortement un consensus pour dire que la grossesse commence seulement après l’implantation de l’embryon dans l’utérus, quelque sept jours plus tard.
Ainsi a-t-on fait pour EllaOne, insistant sur son effet contraceptif (blocage de l’ovulation) et en se montrant plus discret sur son aspect contragestif qui consiste à empêcher la nidation du tout petit d’homme. Effet bien réel si la molécule est véritablement efficace jusqu’à 5 jours après le rapport : c’est bien le délai pendant lequel la fécondation peut avoir lieu, mais il y a avec une telle « fenêtre » dans le cycle féminin forcément des cas où la pilule est ingérée après fécondation et où elle est efficace. Et donc tueuse.
Les groupes pro-vie américains ont vivement critiqué la décision de la FDA, publiée au creux du mois d’août et, qui plus est, tard dans la soirée du vendredi. Ils rappellent qu’EllaOne, « ulipristal acetate », a une action différente de celle des pilules du lendemain plus anciennes, en ce qu’elle bloque les récepteurs de progestérone dont le bon fonctionnement est nécessaire non seulement à la mise en place de la grossesse mais à sa poursuite.
Plusieurs groupes soulignent les effets nocifs d’EllaOne sur les femmes, et affirment qu’elle n’a pas été suffisamment évaluée à cet égard, brûlant les étapes en Europe comme aux Etats-Unis, alors que sa classification comme « contraception » lui offre un avenir lucratif outre-Atlantique. L’élu pro-vie Chris Smith estime que cela aboutira à faire financer cette pilule qu’il faut bien qualifier d’abortive avec les deniers des contribuables à travers les plans d’assurance santé ou les programmes d’aide internationale.
Charmaine Yoest, présidente d’Americans United for Life, a qualifié la décision de la FDA d’« irresponsable ».