Le sous-secrétaire chilien à l’Education, Fernando Rojas, vient de confirmer le retrait d’un programme informatique d’éducation sexuelle, en raison de son « fort contenu érotique », qui avait été distribué voici un mois dans plus de 500 lycées du pays et qui visait des élèves de 15, 16 ou 17 ans. Le programme Enciclopedia del sexo faisait partie des ressources pédagogiques proposées en ligne aux professeurs et – pour un coût de 6.000 euros – distribué sous forme de CD. Si les pages internet ont été retirées, et si certains lycées ont déjà rendu le matériel, rien ne les y oblige.
En fait de « fort contenu érotique », c’est plutôt de pornographie qu’il faudrait parler, vu les thèmes abordés, les illustrations et photos plus qu’explicites, et le langage employé, à tel point que même la presse chilienne parle de paroles encore plus fortes que les images. « Ce programme ne contient pas de matériel éducatif qui convienne aux enfants et nous considérons qu’il ne doit pas être distribué dans les écoles », a souligné Rojas, ajoutant que la responsabilité de l’affaire incombe au gouvernement de Michelle Bachelet qui avait approuvé la distribution de ce matériel en provenance d’Espagne. Est-il effectivement utilisé de ce côté de l’Atlantique ? C’est la question qui se pose désormais.
Quoi qu’il en soit, du côté du Pacifique, le gouvernement a réagi avec célérité devant les protestations de la municipalité de Puente Alto – où l’Université et le responsable pédagogique chargé d’approuver le matériel avaient pourtant jugé le programme en tous points conforme au curriculum officiel – en rappelant que si l’on peut aborder la question de différents points de vue, il faut respecter le principe d’une « éducation intégrale ». « Que ce matériel ait été le seul relatif à la sexualité mis à la disposition des collèges nous paraît pour le moins tordu et gênant », a-t-il déclaré.
Il s’est même refusé à décrire son contenu en se contentant d’expliquer que les images et les textes avaient pour effet de « dénaturer en grande partie le processus éducatif » et de préciser qu’il s’agissait d’images qu’il ne lui paraissait pas convenable de décrire et qui pouvaient conduire à un « mauvais usage » de la sexualité.
Quant au directeur du site de ressources pédagogiques qui avait mis le matériel en ligne il y a un an, Didier de Saint Pierre, aujourd’hui remplacé, il a défendu le choix en expliquant que le matériel avait été jugé conforme aux choix et aux programmes du site et qu’il est utilisé dans d’autres pays et qu’il n’était pas destiné à être mis sous les yeux des élèves. « On a affaire à un jugement de valeurs » qui s’oppose à une « évaluation d’experts » qui l’a jugé « approprié et pertinent », a-t-il regretté.
Un sénateur socialiste a même cru pouvoir annoncer – avec horreur – que « l’Opus Dei s’est installé au ministère de l’Education et ça, c’est franchement inacceptable ». Censurer la censure, ce n’est pas nouveau !