L’agence ANSA signale que le gouvernement de l’Uruguay prépare un nouveau texte de loi autorisant l’avortement dans certains cas plus étendus qu’actuellement. La loi en vigueur depuis 1938 punit l’avortement (et notamment la mère qui avorte) de 3 à 9 mois de prison, sauf si la grossesse met en péril la santé de la mère, quand le fœtus est le produit d’un viol ou en cas de problèmes économiques graves (ce sont les pauvres qui n’ont pas le droit de voir la vie de leur enfant protégée…).
Le ministère de la Santé publique tire argument des progrès de la médecine, et notamment l’apparition de l’échographie qui permet de constater les malformations fœtales avant la naissance.
Que l’échographie permette aussi de voir combien le tout petit d’homme est notre semblable, et donc digne comme n’importe quel homme d’être respecté dans sa vie et dans son être, cela échappe évidemment aux partisans de la condamnation à mort des « inaptes ».
Ainsi le nouveau projet de loi prévoit-il la possibilité d’avorter en cas de malformation fœtale grave, et met-il au premier plan la santé de la mère et les conséquences éventuelles qu’une grossesse pourrait avoir sur elle, notamment sur le plan « psychiatrique », catégorie fourre-tout qui permettrait évidemment d’élargir considérablement le champ de l’avortement dépénalisé.
En 2009, 61 avortements furent autorisés par le ministère de la Santé publique dans ce pays qui compte à peine 3 millions et demi d’habitants. Cinq demandes furent refusées.
Plusieurs tentatives de libéralisation de l’avortement ont eu lieu précédemment en Uruguay, mais n’ont pas abouti pendant la présidence de Tabaré Vazquez (ci-contre à gauche) qui, quoique de gauche, avait ferment opposé son veto personnel au nom du respect de la vie, à la loi de Santé sexuelle et reproductive adoptée par le législateur. Sa présidence s’est achevée le 1er mars dernier : il a été remplacé par Pepe Mujica (du « Frente amplio » comme lui, ancien Tupamaro gauchiste révolutionnaire, ci-contre à droite) qui au cours d’un débat pré-électoral a fait savoir qu’il ne s’opposerait pas à la dépénalisation de l’avortement.
Sources photo : Tabaré Vazquez et Pepe Mujica (wikipedia).