Intéressant sondage au Canada : une enquête de l’institut Angus Reid révèle que seuls 21 % des adultes y connaissent la réalité de la législation sur l’avortement : à savoir qu’aucune restriction ne s’applique et qu’une femme est en droit de demander « l’IVG » à n’importe quel moment de sa grossesse. Que devient dans ces conditions le débat entre « pro-choix » et « pro-vie » ? Ce n’est pas moi qui pose la question mais Susan Martinuk, dans The Calgary Herald : pour s’étonner de ce qu’un « mahousse 79 % » des sondés n’aient « absolument aucune idée de ce que signifie être pro-choix », dans ce contexte. Et 55 % des sondés n’ont même pas envie d’y réfléchir, avouent-ils.
Cela dit, mis devant le fait que l’avortement est totalement libre au Canada depuis que sa loi d’avortement a été discutée et abrogée par la Cour suprême saisie par le médecin-avorteur Henry Morgentaler, seulement 27 % des sondés se sont dits favorables au statu quo, et 63 % ont demandé une forme de régulation : de l’interdiction absolue (6 %) à la liberté totale d’avorter au cours du premier trimestre, avec des exceptions au-delà de cette limite en cas de viol, inceste, etc (22 %). Ils sont même 79 % à approuver l’idée de lois imposant la fourniture obligatoire d’aide et de conseils pour aider les femmes à garder leur enfant.
Depuis 1985, le Canada, qui se meurt de l’hiver démographique, a recensé officiellement quelque 100.000 avortements par an. Mais il est entendu selon Susan Martinuk que ces chiffres pourraient être sous-évalués du fait que les cliniques privées ne font pas systématiquement remonter les statistiques.
Pour autant les Canadiens ne souhaitent pas un débat public sur la question, s’il faut en croire le sondage. Car qui – suggère Susan Martinuk – est prêt à se dire publiquement contre le « choix des femmes » tel qu’il est présenté, comme un droit incantatoire, par les féministes pro-avortement ?
« Plutôt que de fonder la loi sur une décision judiciaire qui reflète l’expérience d’un homme et les opinions juridiques de cinq juges ou plus, une loi “légiférée” pourrait être définie sur la base du compromis. Ce n’est pas la solution parfaite, mais c’est un début. Il y aura toujours de la place, plus tard, pour ajuster la loi ou la changer, en se fondant toujours sur les faits », conclut l’éditorialiste.