Cette dépêche de l’AFP publiée par diverses sources laisse songeur. A quelques jours du 60e anniversaire de la contraception chimique, elle a été publiée sous ce titre : « Testée en Haïti, la pilule reste toujours anonyme dans ce pays. » D’emblée, on apprend :
Véritables cobayes, les Haïtiennes ont été les premières femmes au monde à tester la pilule contraceptive. Mais plus de 50 ans après, ce sont celles qui ont le moins recours à ce contraceptif, victimes des jeux diplomatiques et du poids de la tradition.
Pour valider ce qui allait révolutionner la vie des Occidentales, les autorités américaines ont testé massivement la pilule sur les femmes d’Haïti et de Porto Rico entre 1952 et 1956.
“Les doses étaient 50 à 100 fois plus fortes qu’aujourd’hui, entraînant beaucoup de cancers”, raconte le Dr Lise Marie Déjean, qui dirige à Port-au-Prince une clinique de santé reproductive appartenant à une importante ONG féministe.
« Cobayes », doses massives, « beaucoup de cancers » : tout cela n’a l’air d’émouvoir personne, le principal objet de cette information étant de déplorer que les Haïtiennes n’aient pas, aujourd’hui, davantage recours à la pilule. Avec les souvenirs qu’elles en ont…
Personne, non plus, n’a l’air de trouver scandaleux le profond racisme des fabricants de la pilule qui ont utilisé des femmes de pays pauvres pour « révolutionner la vie des Occidentales », ne craignant pas de les exposer à des maladies mortelles. Si 18 % des utilisatrices (pas averties de ce qu’elles testaient une molécule qu’aucune autorité sanitaire n’avait approuvée) rendaient compte d’effets indésirables (nausée, céphalées, vertiges, douleurs abdominales, vomissements, ballonnements), les chercheurs estimèrent qu’il s’agissait de réactions psychosomatiques. Et trois morts de jeunes femmes prenant les comprimés ne furent même pas suivies de recherches pour déterminer si elles étaient liées à la pilule,
rappelle ce site pas franchement hostile à la contraception hormonale.
L’AFP explique un peu plus loin dans sa dépêche que la pilule est gratuitement distribuée en Haïti, et aligne quelques autres contre-vérités et petites phrases assassines sur le taux de mortalité maternelle que la plupart des ONG ne combattent quasiment que par la contraception et le militantisme pour l’avortement légal. Le pompon :
Parallèlement, le FMI a imposé des programmes d’ajustements structurels qui ont forcé l’Etat à supprimer des dizaines de postes dans le système de santé, raconte le Dr Déjean. “Tous ces effets de couperet ont eu des conséquences: les femmes n’utilisaient plus la pilule, au grand profit de l’Eglise”, dit-elle.
En quoi l’Eglise tire-t-elle profit de cela ? Mystère. Qui y perd ? Ça, on le sait : les fabricants de la pilule.
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