C’était l’événement que les mouvements féministes pro-avortement attendaient : c’est à peu près ce qu’ont dit les représentantes de plusieurs d’entre eux le 5 mars dernier en lançant, à l’Hôpital universitaire de Pernambouc (Brésil), la première projection publique d’une vidéo de 29 minutes sur l’affaire de la fillette violée de Recife, soumise à un double avortement en mars 2009 malgré l’opposition de son père légitime.
Liz Silveira, de l’ONG internationale Ipas, a expliqué que le documentaire est le matériel qui manquait pour outiller les professeurs d’écoles d’infirmiers et de médecine dans leurs discussions avec leurs élèves. L’idée étant de lutter contre la résistance qui persiste, malgré la croissance des chiffres, à l’avortement légal au Brésil, puisque celui-ci est actuellement permis en cas de viol ou de risque grave pour la santé de la mère. Alors que 3.241 interventions de ce type ont été enregistrées en 2008 au Brésil, les ONG féministes déplorent que 50 % des médecins des services d’obstétrique de référence refusent de pratiquer l’avortement même dans ce cadre légal, et se contentent de rediriger les femmes vers un collègue ou vers un autre établissement.
Tout en menant leur combat pour faire légaliser l’avortement de manière générale – comme le fait par exemple Ipas dans le monde entier – les ONG cherchent d’ores et déjà, plus ou moins ouvertement, à faire tomber les barrières de l’objection de conscience qui entravent leur projet.
Et pour cela, rien de tel que de faire vibrer la corde sensible. Le documentaire insiste beaucoup sur le jeune âge de la fillette, et l’horreur qu’elle a vécue.
Le compte-rendu de cette première projection dans un journal médical affirme sans complexes que seule l’intervention de « mouvements de femmes » a permis à la mère de la fillette, dans un premier temps, de faire sa demande d’avortement dans le centre médical IMIP de Recife, où elle fut contrée « par » Mgr Cardoso Sobrinho, l’archévêque du lieu et – c’est plus important – par le père légitime de la fillette. « La procédure ne put finalement se faire que lorsque les féministes ont persuadé la mère de la transférer au Centre de santé Amaury de Medeiros. Le rôle déterminant de ces activistes est ainsi souligné par elles-mêmes, et elles osent même maintenir qu’à ce jour, la fillette pense avoir été traitée pour une histoire de ver solitaire…
Mgr Cardoso Sobrinho, que j’avais interrogé à ce sujet, m’a assuré que la jeune fille savait être enceinte et qu’elle avait même dit vouloir donner l’une des jumelles (on sut plus tard que c’étaient des filles) à quelqu’un de sa famille, et garder l’autre « pour jouer avec elle ».
Le documentaire a donc un objectif clair : pour Liz Silveira, de Ipas, cité par la revue en lien ci-dessus, il s’agit que « la société voie et reconnaisse que les femmes, adolescentes et jeunes filles sont sujets de droits, autonomes face aux décisions concernant leur sexualité et la reproduction, de manière consciente et informée ».
Autrement dit, outre les verrous de l’objection de conscience et de la légalisation de l’avortement, il y en a un autre à faire sauter : celui de l’autorité paternelle, et de façon générale, celui du droit du père devant la décision d’avorter.
Si bien que les différentes ONG, et notamment Ipas vont promouvoir la projection de la vidéo dans différentes universités du Brésil et la faire présenter dans des salles de cours, des séminaires (professionnels, on suppose !) et des congrès sur les droits humains, sexuels et reproductifs. Si d’aucuns ont pu dénoncer la publicité donnée à l’affaire par l’intervention de l’Eglise pour éviter la mort à deux enfants conçus, elle est ridicule par rapport à la manipulation, l’utilisation, l’exploitation qui en est faite par les féministes pro-avortement…
C’est ici que l’on mesure à quoi peut mener le soutien à l’avortement dans les « cas limite », fût-il ambigu.
On apprend au passage que le « beau-père » – en fait un jeune cousin, amant de la mère de la fillette d’Alagoinha – s’est repenti de ses actes en prison et que la procédure le concernant vient tout juste de se déclencher vraiment, puisque pendant une longue période aucun avocat n’a accepté de le défendre. La mère n’a finalement pas été traduite devant la justice en l’absence de preuves de sa conscience des méfaits. Elle vit avec ses deux filles dans une autre ville sous la protection de la secrétairerie du droit des femmes.
On peut voir ici la relation de la projection par une télévision brésilienne où l’on voit que l’on n’a pas hésité à intégrer dans la vidéo des images de la fillette (de dos) et de son agresseur (qui a moins de la moitié de l’âge de sa mère).
Enfin, mais c’est anecdotique, un an jour pour jour après le début des démarches pour faire avorter la fillette, la terre a tremblé à Alagoinha, endommageant une dizaine de maisons. La plus forte des 15 répliques qui ont affolé la population locale les jours suivants a atteint une magnitude de 3,2 sur l’échelle de Richter. D’aucuns font le lien. Le fait est que les secousses ont propulsé de nouveau la ville d’Alagoinha au centre des infos, un an après…
A supposer que le récit soit véridique (ce dont je doute), il est manifeste que décider un avortement pour l'enfant constitue une décision arbitraire que l'on impose à une enfant incapable de décider. On impose sur le corps de l'enfant un acte de violence sur son corps et cela est contraire à la convention sur les droits de l'enfant de l'ONU.
Cela est contraire à l'article 19 de cette convention, article 19 dont voici un extrait :
“Les Etats parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l'enfant contre toutes les formes de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales”