Christine de Marcellus Vollmer, l’un des auteurs de la déclaration initiale demandant la démission de Mgr Fisichella de la présidence de l’Académie pontificale pour la vie, a demandé il y a quelques jours au Père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, de rectifier la manière « fausse » dont il a présenté et condamné leur démarche.
« Il ne s’agissait par d’une “requête” au Saint-Père » qui dispose de la prérogative exclusive de nommer le président et les membres de l’ Académie pontificale pour la vie (APV), souligne sa lettre au P. Lombardi. « Notre déclaration faisait la lumière sur des faits importants et elle corrigeait la fausse image d’unité présentée à la presse le 12 février par notre président ».
Mme de Vollmer souligne ensuite que Mgr Fisichella avait réservé une part importante de son discours d’ouverture à assurer que les « Clarifications » de la Congrégation pour la doctrine de la Foi donnaient raison à son article du 15 mars 2009 dans L’Osservatore Romano, « montrant aux académiciens qu’il continue d’avoir la ferme conviction que les médecins peuvent décider quand un avortement direct peut être pratiqué dans les “cas difficiles” ».
Elle rappelle que ces « Clarifications » publiées en juillet 2009 avaient pleinement rappelé l’enseignement de l’Eglise sur le caractère sacré de la vie, ce qui de l’avis de tous avait clos l’affaire.
« Mais lorsque, à notre grande consternation, le président de l’APV en est arrivé à dire que son article avait été “approuvé” par la Congrégation pour la doctrine de la Foi, il est devenu évident que le danger de confusion se présentait de nouveau pour les catholiques. Notre déclaration a eu pour effet de faire comprendre aux fidèles qui œuvrent pour la défense de la vie humaine innocente qu’il ne parlait pas pour l’APV dans sa totalité. »
Et de lui demander « formellement de rectifier la fausse image donnée de » leurs actions.
Le père Lombardi a réagi vivement en dénonçant que cette lettre, qui lui avait été adressée, avait été en même temps communiquée à divers sites internet. Il récuse notamment l’accusation de Mme de Vollmer à propos de la manière dont il avait commenté des paroles du Pape lors de sa visite en Afrique. Selon Sandro Magister, ces paroles du P. Lombardi, qui laissaient entendre que l’Eglise ne condamnait pas l’avortement thérapeutique dans certains cas, ont été incorrectement rapportées par la presse. Il a formellement réaffirmé la doctrine classique de l’Eglise à propos de l’avortement dit « thérapeutique » alors, et s’étonne que la version par lui démentie puisse circuler encore un an après.
Le P. Lombardi redit à titre personnel qu’il juge « inconvenante » la publication d’une lettre qui lui était personnellement adressée, « ce qui n’est pas conforme au service de l’union au sein de l’Eglise, et probablement, en dernière analyse, pas non plus conforme aux valeurs que l’on prétend ainsi vouloir défendre ».
Dont acte. Il est vrai qu’en France aussi, les paroles du P. Lombardi avaient été présentées par l’ensemble des comptes-rendus journalistiques comme désolidarisant le Pape de l’affaire de l’excommunication de Recife, et il semble que la rectification n’ait été faite que de manière confidentielle.
Tout cela ne change rien de toute manière à la manière dont a été discréditée la démarche initiale des académiciens qui porte sur un sujet de fond. Qu’il n’y ait pas dans cette affaire une « affaire Lombardi », comme le souligne Sandro Magister, c’est une bonne nouvelle. Mais il reste un fâcheux désordre.