Le président de la « plate-forme citoyenne » HazteOir, Ignacio Arsuaga, a accusé le chef de l’opposition, Mariano Rajoy, de faire la sourde oreille après les manifestations qui ont fait descendre des centaines de milliers dans la rue, dimanche, pour demander l’abrogation immédiate de la loi d’avortement en Espagne. Le leader du PP (Partido Popular) venait de déclarer que son parti n’avait pas besoin d’inclure la promesse d’abroger cette loi dans son programme électoral puisqu’il est certain que le tribunal constitutionnel se prononcera « auparavant » sur la question.
« Le président du PP ne peut abandonner sa responsabilité de principal parti d’opposition entre les mains du Tribunal constitutionnel. La responsabilité du PP est de se présenter aux prochaines élections avec l’engagement clair d’abroger cette loi », a déclaré Arsuaga.
Il a ajouté que cette juridiction est « hautement politisée » et qu’elle pourrait bien ne donner sa réponse que d’ici à quatre ou cinq ans si un recours sur la constitutionnalité de la loi est introduit : « Les prochaines élections générales auront lieu dans moins de deux ans. Nous autres citoyens qui défendons le droit de vivre de chaque être humain, y compris ceux qui ne sont pas encore nés, n’allons pas permettre à Rajoy de se défiler par la tangente et de renoncer à sa responsabilité politique. Il ne gagnera pas à Zapatero s’il ne s’engage pas clairement, a ajouté Arzuaga.
Rajoy avait brillé par son absence lors de la marche pour la vie et a refusé de commenter l’événement, selon InfoCatolica, tout comme le PP qui fut seulement représenté par Jaime Mayor Oreja, son porte-parole au Parlement européen, et par Ana Botella, vice-maire de Madrid.
Au fond, d’ailleurs – comme le dit Luis Fernando Pérez sur son blog – Rajoy n’est jamais qu’un pro-avortement de plus puisqu’il s’est dit favorable à la loi antérieure qui, avec le PP, avait permis une explosion record du nombre d’avortments en Espagne. « Je crois qu’il n’y a pas peu de gens à penser que nous tomberions dans un piège si nous nous contentions de demander l’abrogation de la nouvelle loi au lieu d’exiger celle de toute législation favorable à l’avortement », écrit-il. « A cet argument on peut opposer celui de l’opportunité d’aller pas à pas jusqu’à la victoire finale. C’est-à-dire que l’on commencerait par abroger la nouvelle, on poursuivrait en imposant l’application stricte de la loi antérieure, sans permettre que sa quatrième diposition ne se convertisse en porte ouverte à l’avortement libre – comme cela s’est de fait produit – et on finirait par pénaliser tous les types d’avortements. On peut être d’accord avec cette stratégie, ou avec l’autre. Mais ce que nous n’avons pas le droit de faire, c’est de nous jeter la vaisselle à la tête parce que nous avons des opinions différentes. Nous voulons tous la même chose : en finir avec l’avortement. Discutons jusqu’à l’épuisement sur la meilleure manière d’y parvenir mais évitons de disqualifier grossièrement celui qui n’est pas d’accord avec nous. »