La population russe est repartie modestement à la hausse, les estimations tablant pour la première fois depuis 1995 sur une hausse que l’on estime de 15.000 à 25.000 au 1er janvier 2010 par rapport à la même date en 2009. Le nombre de naissances a augmenté, dépassant pour la première fois le nombre de morts au mois d’août 2009 (+ 1000). L’agence ITAR-TASS rapporte la déclaration du ministre de la Santé, Mme Tatyana Golikova annonçant 1.760.000 naissances en 2009 contre 1.714.000 en 2008, soit une progression de 2.8 % et un solde positif de 46.000 naissances supplémentaires. C’est peu, comparé à la perte de 6.000.000 enregistrée depuis les années 1990. La Russie a récemment instauré une allocation spécifique à l’occasion des naissances de deuxième rang et plus.
Mais la mortalité demeure forte, soit 1.950.000 de morts en 2009, malgré un léger mieux, le taux de mortalité enregistrant une baisse de 4 % en 2009. La Russie compte toujours lourdement sur l’immigration pour compenser son taux de natalité très bas : environ 1,48 enfant par femme en 2008, ce qui se traduit par une diminution d’un quart de la population à la génération suivante.
Ces chiffres, dévoilés lundi, ont été analysés lors du Conseil présidentiel sur la politique démographique, le lendemain, le ministre de la Santé proposant à cette occasion des mesures à prendre pour inverser durablement la tendance au suicide démographique qui préoccupe les autorités russes en raison de ses menaces sur la croissance, sur le rôle mondial auquel peut prétendre la Russie et même sur l’intégrité territoriale de ce pays le moins densément peuplé du monde, rapporte un média russe. L’ONU annonce d’ici à 2050 un recul de la population de 142 millions à 116.
Un adolescent sur deux…
L’une des cibles de l’action publique sera la catégorie des adolescents qui seront soumis à partir de 2011 dès l’âge de 14 ans au contrôle de leur capacité reproductrice (!) au cours d’examens médicaux scolaires : selon Mme Golikova, les enfants souffrent de plus en plus de maladies chroniques (20 % des écoliers sont affectés) et 50 % des adolescents présentent des problèmes de santé susceptibles d’affecter leur capacité reproductrice, outre le fait que de plus en plus de jeunes Russes fument et boivent.
L’action publique visera également non pas à soutenir la famille et le choix des mères de s’occuper de leurs jeunes enfants mais à augmenter le nombre de places d’accueil dans les crèches familiales et les centres pré-scolaires ; on en attend une augmentation de la natalité de 4 à 5 % et la création de postes de travail.
La réduction du nombre d’avortements est aussi visée, pour des raisons démographiques et non de principe, et il est intéressant de noter que Mme Golikova en attend 20 à 30 points de natalité supplémentaires, démentant ainsi les assertions selon lesquelles l’avortement légal et fréquent n’aurait aucune incidence démographique. En 2008, en Russie, on a enregistré officiellement 1.234.000 avortements pour 1.714.000 naissances vivantes.
Moins de femmes en âge d’être mères
Mais la Russie est-elle tirée d’affaire ? Bien des démographes dans le monde soulignent qu’il est extrêmement difficile d’inverser une tendance aussi lourde que celle de la dénatalité constatée dans des pays comme la Russie (mais cela vise aussi l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, etc.). Vue pessimiste confirmée par le site internet du ministère de la Santé, qui prévoit une forte baisse du nombre de femmes à l’âge le plus fécond, de 20 à 29 ans, dont la proportion au sein de la population totale devrait passer de 8,6 % à 4,8 % en 2020, selon
The Moscow Times.
En effet, selon le directeur de l’Institut de Démographie de Moscou, Anatoly Vishnevsky, cité par le quotidien géorgien anglophone
Georgian Daily, la légère embellie n’est pas attribuable à la politique volontariste de Medvedev mais résulté d’une conjonction de facteurs positifs (moins de morts, plus de naissances) qui ne durera pas, en tous cas pas plus de cinq ans selon lui. Il voit au contraire la Russie au bord d’un « abîme démographique » : au cours de la dernière décennie, estime-t-il, « Le nombre de femmes jeunes en âge de donner naissance à des enfants a progressé tandis que le nombre de vieillards a diminué. Mais désormais cette ressource est épuisée, et la situation est en train de s’inverser. » Pour lui la réduction du nombre des avortements relève de l’ « utopie » tandis que les aides publiques peuvent peser sur le moment où une femme aura un enfant, mais pas ou beaucoup moins sur le nombre d’enfants qu’elle aura au cours de sa vie.
Polygamie ?
L’absence de tout fondement de principe à ces réflexions, où l’on cherche en vain la promotion de la famille naturelle stable et une quelconque référence à la loi divine sur le respect de la vie conduit à ne mener une politique nataliste que pour des intérêts matérialistes ou en raison d’un nationalisme qui ne reconnaîtrait pas de limites imposées par la transcendance. On apprend ainsi que Vladimir Jirinovski, le « rouge-brun » russe du Parti libéral démocratique, a
proposé quant à lui un autre train de mesures lors de la réunion de mardi : une allocation de 100.000 roubles dès le premier enfant, et la reconnaissance de la polygamie, pas moins, pour que les hommes puissent avoir des enfants légitimes avec deux femmes, les deux unions étant mises sur un même plan légal. Jirinovski propose également d’aider au moins une partie des 6 millions de couples russes présentant un problème de fertilité.
Medvedev, qui présidait cette réunion, a qualifié ces propositions de « très intéressantes » et chargé ses ministres de les « analyser ».
D’une façon ou d’une autre, la Russie va vers une rupture de modèle de société. Une Révolution ne lui aura pas suffi.
bonjour
analyse plutôt complète.
J'ai analyse le sujet sur mon blog depuis 2008 et continuerait à le faire cette année,
http://alexandrelatsa.blogspot.com/search/label/Demographie
Le gros défi de l'état sera de :
– faire baisser le nombre d'IVG
– inciter un retour au pays de jeunes femmes Russes à l'étranger
– développer une immigration choisie
Cordialement