Une plate-forme s’est constituée sur Facebook pour demander et organiser des poursuites contre l’évêque de Grenade, Mgr Javier Martinez, qui a prêché, dimanche, contre l’avortement, accusant la société moderne de se transformer en tour de Babel contre Dieu. Les membres du groupe – ils sont déjà plus de 10.000 – accusent le prélat d’apologie publique de la violence de genre. Mgr Martine est en butte à l’hostilité de 123 prêtres de son diocèse pour sa gestion qualifiée d’« autoritaire » et la gauche – naturellement – l’accuse de racisme et d’homophobie.
De cette homélie prononcée dimanche en la cathédrale de Grenade, je vous propose ma traduction de larges extraits.
Combien de péchés exsite-t-il dans l’histoire chrétienne, péchés bien visibles ! Tangibles ! Combien de crimes et d’assassinats. On ne cesse de nous les jeter à la figure, comme si nous en avions honte. Mais nousne les cachons pas ! Ce qui surprend, ce n’est pas le péché ni le scandale. Ce n’est pas le fait que le monde soit monde qui nous surprend. Ce qui surprend, c’est la sainteté – et l’Eglise a toujours été emplie de sainteté, et elle continue de l’être aujourd’hui. Ce qui provoque la surprise, la stupeur, l’étonnement, et en même temps le désir de participer à sa lumière et sa grâce, c’est la sainteté.
Mais que produit un monde sans Dieu ? Ce que produit notre monde : désespérance, tristesse, une dévalorisation chaque jour plus radicale. Peu d’images de l’histoire sont plus tristes que celle qui nous a été offerte par nos parlementaires applaudissant ce qui a fni par se transformer en droit : tuer des enfants dans le sein de leur mère. Et on ose appeler cela un progrès ? On promulgue une loi qui va mettre des milliers de professionnels (médecins, infirmières…), surtout eux, dans des situations très voisines de celles que durent affronter les médecins ou les soldats sous le régime de Hitler ou de Staline, ou dans n’importe laquelle de ces dictatures qui existèrent au XXe siècle et qui ont réellement établi la légalité d’autres crimes, moins répugnants que le crime de l’avortement. Parce que c’est affaire de lâches que de tuer le faible. Il y eut au Moyen Age – ce magnifique Moyen Age que personne n’ose rappeler car cela non plus n’est pas politiquement correct – un ordre militaire chrétien dont les chevaliers faisaient serment de ne jamais combattre moins de deux ennemis à la fois, parce qu’il n’était pas digne d’un chevalier chrétien de se battre d’égal à égal avec un non chrétien.
Le monde peut qualifier cela de stupidité. J’appelle cela du courage. Mais tuer un enfant sans défense ! et que ce soit sa propre mère qui le fasse ! Cela donne à l’homme une licence absolue, sans limites, d’abuser du corps de la femme, parce que la tragédie, c’est elle qui devra la porter, et elle devra la porter comme si c’était un droit : le droit de vivre toute sa vie accablée par un crime qui laisse toujours des blessures dans la conscience et auquel ni les médecins, ni les psychiatres, ni aucune technique ne connaissent le moindre remède. Il n’existe qu’un seul médicament pour ce crime : le pardon, médicament que nous chrétiens sommes seuls à connaître. Un médecin qui aurait pratiqué des centaines d’avortements et qui un jour, tomberait à genoux, rempli de tristesse par sa propre mesquinerie humaine, serait embrassé par le Seigneur. Une adolescente trompée par le garçon qui aurait abusé d’elle, ou par ses parents, ou par l’image qu’elle a d’elle-même, trouvera toujours dans l’Eglise un foyer, une famille, et sa mère.
(…)
Chers frères, le monde est dans les ténèbres, et un tel monde est acculé à la violence et au péché, aux abus des hommes par d’autres hommes. Ce permis de tuer n’est qu’un premier pas vers la perte de la liberté dans notre société, le premier pas – gravissime – annonçant que nous sommes déjà dans une nouvelle et épouvantable dictature – épouvantable ! – et que la liberté est une parole creuse, puisque l’Etat a le pouvoir de décider pour quoi nous sommes libres et pour quoi non, de décider qui a le droit de vivre et qui non, ce qui doit se trouver dans nos conciences, comment il faut appeler les choses, comment doivent être nos relations humaines, y compris les plus intimes, ce qui est et ce qui n’est pas un mariage. Ce n’est pas une dictature, finalement, non, mais le genre d’autoritarisme tyrannique des sociétés primitives. Et nous laissons cela se mettre en place avec une effarante tranquillité, nous consentons sans nous émouvoir parce que le show must go on, parce que la consommation et la fête doivent se poursuivre? Aujourd’hui c’est la fête, personne ne sait pourquoi.
Car si l’on célébrait vraiment, si l’on avait réellement conscience de ce que signifie le fait que le Christ est né, il serait impossible de ne pas vivre ces fêtes avec un cœur dilaté et simple, où il n’y a quasiment besoin de rien dépenser, où il faut seulement de l’amitié et l’affection des uns pour les autres, des cadeaux aussi simples et qui n’ont pas de prix que le fait d’être proches ou de jouer davantage avec ses enfants. Que le Christ soit né signifie que toute vie est sacrée, non seulement depuis sa conception, mais de toute éternité. Nous avons été aimés et voulus par Dieu, avant ême la naissance de nos parents. L’homme n’est pas au dessus de Dieu. Il peut détruire son œuvre, comme nous pouvons détruire ce monde ou des millions de vies avec la bombe atomique, mais la blessure que cela laisse en nous, dans nos frères et dans la terre, la régression que cela signifie pour l’humanité en tant qu’humanité, en tant qu’êtres capables d’utiliser leur raison, la liberté et l’amour qui nous distinguent par rapport aux autres espèces animales, est énorme. C’est l’humanité qui régresse avec ce génocide silencieux auquel nous sommes conviés, et qu’aujourd’hui on promeut, un génocide imposé à certains professionnels comme s’il s’agissait d’une obligation – je le répète, le même type d’obligation que celle imposée aux officiers dans les camps de concentration d’Auschwitz et Buchenwald et contre laquelle ils ne pouvaient se rebéler parce que les ordres venaient d’en haut.
Nous n’avons besoin de nous battre avec personnes, nous devons seulement bien célébrer Noël, l’Eucharistie. Nous devons seulement être ce que nous sommes, exprimer cette vérité : parce que le Christ est né, toute personne, depuis le vieillard dément et sénile le plus humble et pauvre jusqu’au garçon difforme, est l’image vivante de Dieu qui s’est livré pour nous pour nous sauver du péché et du désespoir.